Londres : une réponse communautaire à réinventer ?

La spécificité du système de santé anglais a donné lieu à la création d’une réponse communautaire exemplaire, quand le chemsex est apparu au milieu des années 2000. Le terme « chemsex » lui-même est né à Londres, par la saillie du militant gay David Stuart, bénévole puis salarié de London Friend. Décédé en 2022, il est à l’origine de la réponse fournie par la célèbre clinique 56 Dean Street de Soho, une inspiration pour tous les acteurs rencontrés à Londres.

Un réseau collaboratif et évolutif pour soutenir les chemsexeurs

À Lisbonne, le chemsex a été repéré au milieu des années 2010, quand les problèmes liés sont devenus manifestes. Dans un contexte légal de dépénalisation des drogues, avec une forte tradition de réduction des risques, les solutions sont apparues rapidement, qui ont associé un dispositif public, DiverGENTE et la réponse communautaire des associations historiques, Kosmicare pour la réduction des risques et GAT, pour la santé sexuelle. Un réseau évolutif et collaboratif, nous explique Filipe Couto Gomes, psychiatre à Lisbonne (pour les deux associations Kosmicare et GAT).

Bruxelles, un dispositif patiemment construit

À Bruxelles, l’association de lutte contre le VIH Ex Æquo a élargi son offre de services à la communauté pour mieux gérer la question du chemsex. Au-delà de la prise en charge des usagers, elle pilote le Réseau chemsex Bruxelles et forme les professionnels de santé à l’approche du phénomène. Aujourd’hui, l’association, tout en gardant une approche communautaire, envisage de créer une maison médicale. Swaps a rencontré Stephen Barris, le coordinateur, et Arturo Mazzeo, le chargé de projets santé mentale et chemsex, sous les hauts plafonds des Grands Carmes.

BISS, une nouvelle initiative pour la «consommation sexualisée de substances»

En Allemagne, une toute récente initiative fédérale, BISS, réunit des acteurs de terrain ou universitaires, médecins, mais aussi associatifs et pairs pour élaborer la prochaine étape de la réponse au chemsex. Revue avec le Dr Martin Viehweger, qui l’a cofondée et qui siège au conseil d’administration.

Amsterdam : Choices, par Jason Farrell

Jason Farrell est à l’origine du premier programme d’échange de seringues à New York où il a vu les premiers gays s’injecter des méthamphétamines… Pionnier de la RdR communautaire, correspondant EMCDDA, il réside aux Pays-Bas depuis une quinzaine d’années et a imaginé des services pour répondre aux besoins des usagers de drogues, des gays, des migrants et des chemsexeurs.

Amsterdam à l’avant-garde

Au nord d’Amsterdam, dans une ancienne école, puis un ancien squat aujourd’hui occupé par des associations de solidarité, Mainline dispose de locaux d’une belle hauteur sous plafond, envahis par des plantes quasi tropicales et de hautes armoires vitrées. Là, tout le matériel de RdR imaginable est à disposition, ou presque. Léon Knoops, qui travaille à Mainline depuis 2006, évoque les outils qu’il a contribué à élaborer pour prendre en charge la question du chemsex.

Analyser la 3-MMC, une nécessité de RdRD et de veille sanitaire

L’association Analyse Ton Prod Île-de-France (ATPidf) qui analyse entre autres les produits consommés par les chemsexeurs en lien avec le Spot de Aides, constate que la 3-MMC contient… de moins en moins de 3-MMC ! Si l’apport de l’analyse de drogues à la réduction des risques est bien reconnu par certains usagers, reste à la rendre encore plus accessible aux chemsexeurs.

Les particularités du chemsex en addictologie

Benjamin Rolland, PU-PH au Service universitaire d’addictologie de Lyon (SUAL), assisté de Véronique Fonteille (SUAL), Fred Bladou (AIDES), Frédéric Buathier (CSAPA de la Croix-Rousse), et Isabelle Massonnat-Modolo (Service des maladies infectieuses des Hôpitaux civils de Lyon) décryptent les particularités du chemsex pour la prise en charge en addictologie.

Une autre perspective sur le chemsex est-elle possible ?

Élargir la focale sur le phénomène du chemsex, tel est l’objectif de cet article confié à Soel Real Molina et Gabriel Girard, chercheurs sur les questions de santé LGBTI+. Ce regard des sciences sociales permet d’envisager la diversité des défis associés au chemsex, pour élargir l’éventail des réponses possibles, individuelles, communautaires comme institutionnelles.

Chemsex : de la nécessité d’adapter les réponses

Anglicisme issu de la fusion des mots chemicals (produits chimiques) et sex, le chemsex désigne la consommation de substances psychoactives en contexte de sexualité. Le terme s’est vulgarisé dans la communauté gay à partir de la fin des années 2000 au Royaume-Uni notamment et aux États-Unis, et prend son essor en France vers 2010. Est accolée à l’émergence du chemsex une pratique, minoritaire mais sanitairement impliquante, le slam ou l’injection de produits dans ce même contexte sexuel. Tour d’horizon non exhaustif des données historiques et scientifiques existantes et des questions de recherche en suspens.