Jean-Michel Costes, secrétaire général de l’Observatoire des jeux de 2011 à 2020, chercheur associé à la Chaire de recherche sur l’étude des jeux de l’Université Concordia de Montréal, détaille les ressorts du jeu problématique et son évolution avec les jeux en ligne. Ancien directeur de l’OFDT, il est membre depuis 2020 du collège de l’Autorité nationale des jeux.
En quarante ans, la Mildeca a pris différentes formes et appellations… En cette veille d’élection présiden- tielle, l’évolution continue des addictions et des usages nous amène à une forte inquiétude. Cette institu- tion qui a su jouer un rôle majeur, parfois imitée dans différents pays, est aussi un symptôme de la vision sociétale, contextuelle des addictions, et de l’intérêt du pouvoir politique. Plaidoyer pour son retour!
Réduction des risques (RdR) et réformisme en matière de drogues sont-ils à ranger dans l’escarcelle du «progressisme» sociétal de la gauche ou bien les fruits d’un humanisme libéral de droite porté par l’initiative courageuse de quelques femmes? Trente années de zigzags institutionnels, coupés d’alternances ne rendent pas cette lecture facile, mais il est possible de commenter une chronologie politique dont les principaux faits d’armes sont connus.
Depuis la loi de 1970, les avancées majeures en termes de réduction des risques sont à mettre au crédit de… la droite. Retour sur trois moments-clefs dans cet élan donné par la droite à la réduction des risques, non sans frictions internes, autour de trois femmes –Monique Pelletier, Michèle Barzach et Simone Veil– et d’un homme, Jean-François Mattei.
La question de la drogue n’est pas toujours très visible dans le thème des campagnes pour accéder à la plus haute fonction de l’État… Cette année, comme en 2002 et en 2012, Swaps a sollicité les principaux candidats par écrit. Et dresse une revue de leurs positions sur le cannabis, avant et pendant cette campagne.
«Nous proposons dans notre programme de légaliser et d’encadrer par un monopole d’Étatla consommation, la production et la vente de cannabis à des fins récréatives.»
«Je serai sans complaisance avec les lobbies des drogues licites que sont le tabac et surtout l’alcool, dont les dégâts sur la santé continuent à tuer plus que toutes les autres drogues et font l’objet d’un véritable déni.»
«La révision de la loi de 1970, nécessaire, inclura la pérennisation de la politique de réduction des risques et des dispositifs permettant son application.»
À l’occasion du récent championnat d’Europe de foot, les publicités pour les paris sportifs ont attiré l’attention… Sur bien des points, les jeux d’agent partagent les mêmes problématiques que les autres addictions: une grande vulnérabilité des jeunes, des conséquences négatives qui se chiffrent en endettement, une part importante des recettes provenant du pourcentage de personnes les plus en difficulté, etc. Quid de leur régulation ?
Une expertise collective de l’Inserm portant sur la «réduction des dommages associés à la consommation d’alcool» est parue en juin 2021. Swaps peut se réjouir d’obtenir une réponse à une question posée dans son no 62, en 2011, lorsque l’Inserm avait réalisé son travail sur la RdR et avait semblé oublier la RdR alcool. Extraits résumés et commentaires par Pierre Polomeni, qui a participé à cette expertise.
Il y a vingt ans, le 7 octobre 2001, à l’initiative des États-Unis et avec la participation de l’Otan, l’opération Enduring Freedom était déclenchée. Après les attentats du 11 septembre, elle visait à renverser le régime des talibans suspectés d’abriter les activités d’Al-Qaïda, l’organisation considérée comme responsable de l’attaque contre les tours du World Trade Center. Une des dimensions méconnues de cette guerre contre le terrorisme était la lutte contre le trafic de drogues, notamment d’opium et d’héroïne dont l’Afghanistan était un acteur majeur.
La clinique de santé sexuelle communautaire «56 Dean Street» vient d’annoncer la disparition subite, à 56 ans, de David Stuart, activiste, militant et travailleur social, qui avait inventé le terme de «chemsex».
Compte tenu de la progression rapide de la crise liée à la consommation de crack dans le nord-est de Paris, la question des besoins en matière de réduction des risques et de mise en œuvre de réponses collectives, afin d’améliorer l’état de santé des personnes qui consomment du crack, est fondamentale. Cet article propose un tour d’horizon rapide des expériences menées au Canada en la matière.
La crise du crack dans le nord-est parisien a été récemment reléguée à sa périphérie dans une banlieue pauvre. Et si le problème n’était pas celui de la consommation ? Observation en léger décalage, à partir d’une lecture de la géographie urbaine.
Au-delà du bruit médiatique autour du crack en Île-de-France, quelles sont les demandes des usagers? Peu audibles, elles esquissent pourtant des pistes pour de nouvelles actions de réduction des risques, plus globales et moins centrées sur la prévention des risques infectieux.
L’intervention sanitaire et sociale en faveur des consommateurs de crack repose exclusivement sur le volontarisme des acteurs et militants de la réduction des risques, sans cadre légal ou réglementaire. Un constat sans appel de l’incapacité de l’État de droit à protéger ses ressortissants.
Des effets positifs en termes de santé publique. Tel est le constat de l’Inserm qui a évalué les salles de consommation à moindre risque (SCMR) de Paris et de Strasbourg, à la demande de la Mildeca. Éléments clés du rapport paru en mai 2021.
Fin du feuilleton des crackers à Stalingrad, délogés vers les jardins d’Éole puis vers la porte de la Villette? Entre peurs, réactions, comportements ambigus, chassés croisés police-dealers-consommateurs, les scènes ouvertes de drogue rythment depuis quarante ans la vie des métropoles. Retour sur ces lieux où s’esquissent aussi des logiques de réduction des risques.
Le crack est la quintessence de l’échec de «la guerre contre les drogues», toutes obédiences politiques confondues. La preuve dans une rapide revue de presse partielle et partiale ou comment les mêmes dérives ou raccourcis journalistiques, politiques, sémantiques se retrouvent d’année en année. Et depuis plus de trente ans…