Campagne présidentielle: La RdR invisible

Une nouvelle fois, après avoir tenté l’expérience en 2002, puis en 2007, notre revue Swaps soumet les candidats à l’élection présidentielle à l’approche sanitaire des drogues et à la question de la réduction des risques. Contrairement à 2002 et 2007, il y a surtout des candidats qui n’ont pas répondu…

Faut-il y voir un symptôme ? Un désintéressement ? Pour autant, c’est difficile de se faire une idée, Swaps n’est pas le Monde ou le Figaro… D’autant plus qu’il est difficile d’interpréter le fait que ce sont principalement les candidats situés «à gauche» qui ont répondu à nos questions cette année. Nous avions initialement prévu, en sus de la publication brute des réponses, sans analyse critique laissant à chacun la liberté de se faire une opinion sur leur position, de réunir au Cnam les représentants des différents candidates et candidats. Pour de multiples raisons, cela n’a pas été possible.

Difficile de ne pas y voir le problème central de l’invisibilité, doublement sanctionnante, pour la question de la réduction des risques. D’abord parce que la plupart des prises de position entendues par les différents candidats, à la date où ce numéro de Swaps est sous presse, portent plus souvent sur les questions sécuritaires et de justice que sur les aspects sanitaires liés aux usages des drogues légales ou illégales.

Invisibilité encore, car la succession de la «guerre» au CovidCovid-19 Une maladie à coronavirus, parfois désignée covid (d'après l'acronyme anglais de coronavirus disease) est une maladie causée par un coronavirus (CoV). L'expression peut faire référence aux maladies suivantes : le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) causé par le virus SARS-CoV, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) causé par le virus MERS-CoV, la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) causée par le virus SARS-CoV-2. et de la guerre en Ukraine a totalement occulté les problèmes de santé publique en France, avec un appauvrissement de cette approche qui mélange science politique, biomédical et sciences sociales. Comme on peut le constater à la fois sur le débat autour des débats sur les salles de consommation à moindre risque, la gestion de la problématique du crackCrack Le crack est inscrit sur la liste des stupéfiants et est la dénomination que l'on donne à la forme base libre de la cocaïne. Par ailleurs, ce dernier terme est en fait trompeur, car le mot cocaïne désigne en réalité le chlorhydrate de cocaïne. L'origine du mot 'crack' provient du craquement sonore qu'il produit en chauffant. en Île-de-France, mais aussi dans la lutte contre le sidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. à l’heure du Sidaction, ou dans le discours public et politique à propos de la levée des mesures coercitives en pleine remontée pandémique du Covid. À croire que ces années de politique par temps de guerre ont gommé des dizaines d’années de progrès impulsé par la lutte contre le sida et contre l’hépatite C.

La santé publique comme la réduction des risques ne sont pas des systèmes binaires ON/OFF ou «tout ou rien», mais un continuum de mesures et d’adaptation aux situations et aux risques. Malgré cette invisibilité et sans doute plutôt à cause d’elle, nous avons voulu rendre compte, même avec des réponses partielles, de la place que les candidats à la plus haute fonction de l’État entendent accorder au sujet qui est le cœur éditorial de Swaps.

NdR: Si nous recevons d’autres réponses d’ici le premier tour de l’élection, nous les ajouterons à ce dossier.