Un guide pratique pour accompagner les chemsexeurs

Le guide « Aller vers les chemsexeurs » issu des expérimentations menées par les sites pilotes du projet Arpa est disponible en téléchargement. Il propose des pistes aux professionnels des structures de santé communautaire et d’addictologie pour mettre en place des offres pluridisciplinaires afin d’accueillir les chemsexeurs dans les meilleures conditions.

Lake, Sex & Drugs

Depuis des décennies, la Suisse a une approche pragmatique vis-à-vis des consommations de substances et des infections sexuellement transmissibles, notamment du VIH. Elle adapte aujourd’hui les mesures mises en œuvre afin de pouvoir répondre adéquatement aux enjeux liés à l’intersection entre sexualités et consommations comme le chemsex, en prenant en compte les spécificités locales et communautaires

Le Checkpoint, une offre pluriprofessionnelle pour les chemsexeurs

En plein cœur du Sentier à Paris, le Checkpoint d’Arcat (Groupe SOS) offre un espace accueillant et lumineux à toutes les personnes LGBTI+ et travailleur·ses du sexe. Centre de santé sexuelle d’approche communautaire (CSSAC) et CeGIDD, il propose dépistage, mise sous PrEP rapide, outils de prévention, soins et consultations. Le tout gratuitement.

L’héritage stuartien de 56 Dean Street

Le 56 Dean Street est un centre de santé sexuelle appartenant à la Chelsea and Westminster NHS Foundation Trust (la Fondation du Service National de Santé de Chelsea et de Westminster). Situé dans le quartier de Soho, au cœur de la communauté gay londonienne, il reçoit sans rendez-vous des clients de tous âges et de tous sexes, et apporte une réponse cousue-main aux besoins des chemsexeurs. David Stuart y a développé les bases d’un accueil qui a fait école dans de nombreux Checkpoints d’Europe.

Faire émerger de nouvelles valeurs communautaires

Séropositif depuis 1982, ancien usager de drogues et chemsexeur, Ben Collins se définit comme un organisateur communautaire, « gauchiste » à l’américaine, héritier des luttes anti-guerre du Vietnam, antiracistes, féministes, et pour la liberté sexuelle des gays. Installé à Londres depuis les années Clinton, il a organisé trois forums chemsex internationaux, à Berlin, Paris et Londres où nous l’avons rencontré. Pour lui, c’est clair : face au chemsex, de nouvelles valeurs communautaires doivent émerger. Un point de vue qu’il a défendu lors du Forum chemsex de juillet 2024 à Munich.

Londres : une réponse communautaire à réinventer ?

La spécificité du système de santé anglais a donné lieu à la création d’une réponse communautaire exemplaire, quand le chemsex est apparu au milieu des années 2000. Le terme « chemsex » lui-même est né à Londres, par la saillie du militant gay David Stuart, bénévole puis salarié de London Friend. Décédé en 2022, il est à l’origine de la réponse fournie par la célèbre clinique 56 Dean Street de Soho, une inspiration pour tous les acteurs rencontrés à Londres.

Un réseau collaboratif et évolutif pour soutenir les chemsexeurs

À Lisbonne, le chemsex a été repéré au milieu des années 2010, quand les problèmes liés sont devenus manifestes. Dans un contexte légal de dépénalisation des drogues, avec une forte tradition de réduction des risques, les solutions sont apparues rapidement, qui ont associé un dispositif public, DiverGENTE et la réponse communautaire des associations historiques, Kosmicare pour la réduction des risques et GAT, pour la santé sexuelle. Un réseau évolutif et collaboratif, nous explique Filipe Couto Gomes, psychiatre à Lisbonne (pour les deux associations Kosmicare et GAT).

Bruxelles, un dispositif patiemment construit

À Bruxelles, l’association de lutte contre le VIH Ex Æquo a élargi son offre de services à la communauté pour mieux gérer la question du chemsex. Au-delà de la prise en charge des usagers, elle pilote le Réseau chemsex Bruxelles et forme les professionnels de santé à l’approche du phénomène. Aujourd’hui, l’association, tout en gardant une approche communautaire, envisage de créer une maison médicale. Swaps a rencontré Stephen Barris, le coordinateur, et Arturo Mazzeo, le chargé de projets santé mentale et chemsex, sous les hauts plafonds des Grands Carmes.

BISS, une nouvelle initiative pour la «consommation sexualisée de substances»

En Allemagne, une toute récente initiative fédérale, BISS, réunit des acteurs de terrain ou universitaires, médecins, mais aussi associatifs et pairs pour élaborer la prochaine étape de la réponse au chemsex. Revue avec le Dr Martin Viehweger, qui l’a cofondée et qui siège au conseil d’administration.

Amsterdam : Choices, par Jason Farrell

Jason Farrell est à l’origine du premier programme d’échange de seringues à New York où il a vu les premiers gays s’injecter des méthamphétamines… Pionnier de la RdR communautaire, correspondant EMCDDA, il réside aux Pays-Bas depuis une quinzaine d’années et a imaginé des services pour répondre aux besoins des usagers de drogues, des gays, des migrants et des chemsexeurs.

Amsterdam à l’avant-garde

Au nord d’Amsterdam, dans une ancienne école, puis un ancien squat aujourd’hui occupé par des associations de solidarité, Mainline dispose de locaux d’une belle hauteur sous plafond, envahis par des plantes quasi tropicales et de hautes armoires vitrées. Là, tout le matériel de RdR imaginable est à disposition, ou presque. Léon Knoops, qui travaille à Mainline depuis 2006, évoque les outils qu’il a contribué à élaborer pour prendre en charge la question du chemsex.