C’est une constance interrogative de tout CROI-iste du temps d’avant la guerre au Covid-19 Une maladie à coronavirus, parfois désignée covid (d'après l'acronyme anglais de coronavirus disease) est une maladie causée par un coronavirus (CoV). L'expression peut faire référence aux maladies suivantes : le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) causé par le virus SARS-CoV, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) causé par le virus MERS-CoV, la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) causée par le virus SARS-CoV-2. savoir répondre à 3 questions “existentielles” avant de prendre l’avion : 1) Quelle sera la météo ? ; 2) Quelles sont les 2 équipes en finale du Super Bowl, que l’on aperçoit certaines années sur des écrans dressés en zone Posters, pour suivre les discussions d’ascenseurs ? 3) Comment échapper à l’hystérie de la Saint-Valentin des Nord-Américains?
Côté météo, à part un grand coup de chaud sur votre MacBook Air, chacun devrait être protégé (entre −3° et +8° prévus à Denver, Colorado, ce lundi 14 février) par le 100% distanciel imposé par les organisateurs, compte tenu de l’incidence, certes décroissante, du variant omicron aux États-Unis (176000 cas quotidiens lissés sur les 7 dernier jours, 15 % de taux de positivité, 27 % de vaccinés avec rappel, 30 % chez les 5-11 ans, et ce, pour le pays le plus endeuillé du monde – 919 255 morts – et premier en incidence sur les 28 derniers jours devant… la France (figure 1) ).
Figure 1 : Carte des cas de covid-19 mondiaux. Source : https://coronavirus.jhu.edu/map.html
Pour le Super Bowl, on serait de toute façon arrivés après la bataille entre les Rams de Los Angeles (favoris, à domicile), vainqueurs 23-20, et les Bengals de Cincinnati ; et après le spectacle 100 % rap, réunissant 5 artistes légendaires : Dr. Dre, Snoop Dogg, Eminem, Kendrick Lamar et Mary J. Blige. Pour la Saint-Valentin, il est clair que le Covid-19 va nous épargner les coulées de rose, de rouge, et de cœurs dégoulinants de Front Range, la chaîne de montagnes orientales des montagnes Rocheuses toutes proches. Des cœurs et autres symboles de l’amour déclinés à l’infini, de la pâtisserie au packaging, en passant par les (sous-)vêtements. Comme les promenades en calèche à travers LoDo, le quartier le plus animé de Denver, jusqu’à Larimer Square totalement illuminé de cœurs et de fleurs pour l’occasion. On évalue à 19,6 milliards de dollars le budget dépensé par les Américains pour la Saint-Valentin cette année, dont 4,7 milliards de dollars de bijoux.
Figure 2
Restent les souvenirs des CROI «Conference on Retroviruses and Opportunistic Infections», la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes annuelle où sont présentés les dernières et plus importantes décision scientifiques dans le champs de la recherche sur le VIH. précédentes, notamment celui de notre petit groupe de rédaction du e-journal** qui se trouvait refoulé des restaurants de Downtown (figure 2) au registre qu’il y avait, ce soir-là, que des tables de 2 pour la Saint-Valentin ! Le tout après une longue attente avec des Américaines décorées comme des arbres de Noël, en robes à paillettes courtes, portées sans collant, et leurs partenaires (la Saint-Valentin reste très hétéronormée) en simple chemise malgré des températures négatives. Ça ne va pas nous manquer.
Côté cœur encore, mais plus prosaïquement, on aurait pu suivre dans la presse américaine les suites de l’affaire D.J. Ferguson, un candidat à la greffe cardiaque non-vacciné Covid Une maladie à coronavirus, parfois désignée covid (d'après l'acronyme anglais de coronavirus disease) est une maladie causée par un coronavirus (CoV). L'expression peut faire référence aux maladies suivantes : le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) causé par le virus SARS-CoV, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) causé par le virus MERS-CoV, la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) causée par le virus SARS-CoV-2. et, de fait, réfuté aux portes du bloc opératoire. Un hôpital de Boston (Massachusetts) avait, en effet, annoncé le 26 janvier dernier avoir refusé une greffe de cœur à un patient en insuffisance cardiaque terminale qui s’opposait à toute vaccination contre le Covid-19. L’homme, âgé de 31 ans, était pourtant prioritaire sur la liste des greffes cardiaques au Brigham and Women’s hospital de Boston, hôpital où des mouvements de protestations, soutenus par les ligues antivax, se sont succédés (figure 3). On saura, d’ailleurs, lors de cette 29e édition de la CROI, comment se passe la vaccination anti-Covid chez les greffés cardiaques, qui semble moins inefficace que chez d’autres greffés d’organes (#297).
Figure 3 : Manifestations anti-vaccination devant le Brigham and Women’s Hospital à Boston. DR
Côté cœur toujours, mais version fait divers, on aurait pu suivre dans la presse locale l’affaire Lyndon James McLeod, présenté comme un “suprémaciste blanc” qui a tué 5 personnes par des balles en plein cœur avant d’être abattu par la police fin décembre à Denver. Ce n’est pas tant le fait divers, assez habituel aux États-Unis, qui déchaîne la chronique que le fait que son auteur avait prédit les meurtres et avait nommé précisément certaines de ses victimes dans une série de romans de science-fiction, une trilogie, “Sanction”, publiée entre 2018 et 2020 sous pseudonyme. Dans un volume de sa trilogie, l’auteur raconte, par exemple, le meurtre d’une certaine Alicia Cardenas. Le tireur, âgé de 47 ans, a effectivement ouvert le feu dans un salon de tatouage à Denver, tuant une tatoueuse et la propriétaire du salon… Alicia Cardenas.
Côté souvenir de cœur enfin, je me souviens très précisément d’une précédente CROI sise dans le fleuron du Colorado; c’était en 2006, pour la 13e édition. D’abord par ce que des CROI si haut perchées (1600 m), cela marque les esprits. Et puis nous étions à un moment charnière de 10 années de trithérapies. C’était aussi la CROI des interruptions de traitements antirétroviraux, notamment les essais ANRS : WINDOW qui évaluait l’alternance de 8 semaines avec traitement et de 8 semaines sans ; ou Trivacan ANRS 1269, mené à Abidjan, en Côte d’Ivoire, qui testait une stratégie d’arrêt guidée par les CD4 ou des interruptions de traitement de 2 mois entre une période de 4 mois de prises de traitement. Et bien d’autres essais de “stop and go” (ACTG 5170, STACCATO, ISS PART…). Depuis, ces larges fenêtres ont été fermées les unes après les autres, en particulier au profit de stratégies 4 jours sur 7, parachevées par l’essai ANRS-QUATUOR récemment publié. Souvenir aussi de notre amie le Dr Christine Danel, médecin infectiologue et religieuse planétaire, présentant l’essai Trivacan ANRS en late breaker dans l’immense Lecture Hall et qui, dès la première question, épuisée par une excellente présentation à l’anglophonie meurtrie, avait répondu en français, tout de go. Une première dans l’histoire de la CROI dont tout non anglophone, dont l’auteur de ces lignes, a rêvé. Ou cauchemardé.
Et puis comment ne pas saluer ici la mémoire du Dr Marie-Gisèle Lebrette, Vihologue de la première heure, tout récemment disparue, une spécialiste des soins palliatifs, de la transmission mère-enfant ou de l’éducation thérapeutique, dont c’était la première CROI. Elle avait intégré l’équipe de Willy Rozenbaum en avril 1990 pour rester un des piliers du service jusqu’à sa retraite prise un certain 31 août 2018, consultant encore quelque temps dans le service de Karine Lacombe à Saint-Antoine. Le souvenir de son sourire dans le hall du Convention Center de Denver, en ce février 2006, le fameux et précieux badge à 1400$ (en cas de perte) autour du cou…
Dans un autre registre, on verra si la CROI saluera sous une forme ou une autre la mémoire du Pr Luc Montagnier, codécouvreur nobélisé du VIH , dont la dérive “scientifique” a marqué ces dernières années, mais ne saurait réduire sa carrière. Alors même que ce Nobel français partagé avec le Pr Françoise Barré-Sinoussi mais où a ouvré toute une équipe bien au-delà des pasteuriens posant pour la postérité (figure 4) avait laissé en 2008 le comité d’organisation de la CROI pour le moins en retrait. Si ce n’est méprisant.
Figure 4 : https://vih.org/20090513/nobel-une-photo-pour-lhistoire/ avec, entre autres, Françoise Barré-Sinoussi, Sophie Chamaret, David Klatzmann, Marc Alizon, Simon Wain-Hobson, Pierre Sonigo…
Bien entendu, la fine équipe du e-journal va tenter de traquer à distance les nouveautés dans cette conférence, qui reste, encore cette année, plus un congrès sur le SARS-CoV-2 que sur les rétrovirus. L’occasion aussi de rappeler combien la lutte contre le sida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. à apporter à celle contre le Covid-19. Prenons comme exemple le Pr Tulio de Oliveira qui intervient sur le séquençage en population du SARS-CoV-2 (#5). Ce virologue sud-africain est celui qui a alerté l’Organisation mondiale de la santé de l’existence d’un nouveau variant de Covid-19, l’omicron. T. de Oliveira a aussi écrit une page singulière de la lutte contre le sida en mettant l’analyse phylogénétique des souches virales au service des droits de l’homme en prouvant, en 2007, l’innocence des infirmières bulgares condamnées à mort pour avoir été accusées d’avoir infecté par le VIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. 438 enfants dans un hôpital de Libye.
Côté VIH, on sera particulièrement attentifs (liste non exhaustive, on maintient le suspense !) à l’avènement des antirétroviraux injectables y compris en prévention chez la femme (#72) ou dans le cadre de l’HPTN 053 (#87), à la résistance aux antirétroviraux en Europe (#516), aux données française de l’EPF avec la déclinaison du (U=U) pour les mères (#684), aux résultats de l’étude IMPACT (#30-31), à la distribution de 100 000 autotests VIH par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (#143), aux nouveaux antirétroviraux (#116) avec une intervenante aux cheveux couleur bleu des mers du Sud. On verra si le Pr Scott Letendre a toujours une vision aussi nord-américaine de la neurologie du VIH (#133), etc.
À l’intersection des 2 thématiques phares, il sera intéressant de comparer les différents résultats de la vaccination anti-Covid chez les personnes vivant avec le VIH (# 48, 868, 50, 269, 289…). Sans oublier la séance orale #2 dédiée aux aspects transversaux de la transmission materno-fœtale du VIH, du SARS-CoV-2 et du VHC. Et les différentes communications sur l’impact négatif de la crise sanitaire sur l’élimination du VHC aux États-Unis (#72), sur le dépistage (#89), sur le traitement des MSM HIV+ (#938) et, plus globalement, sur l’accès aux soins et à la prévention (#947).
Et, bien sûr, nous suivrons l’actualité Covid-19 avec l’une des deux interventions françaises en séance orale, celle du Pr Arnaud Fontanet, comme les nombreuses communications intéressantes sur les Covid longs ou le Covid de l’enfant.
En bref, nos soirées et une partie de nos nuits rien que pour vous.
Cet article a été publié initialement dans le e-journal de « La Lettre de l’infectiologue » couvrant la conférence , nous le reproduisons ici avec leur aimable autorisation.