Ouf, n’en jetez plus! On est groggy, de chiffres et de noms, lorsqu’on referme les 464 pages de «Extra pure». Avec une solide migraine et… une bonne gastro virtuelle «saviatrice», si ce n’est salvatrice! Vous quittez la cosmogonie fertile en détails de cet écrivain, essayiste, journaliste, donneur d’alerte napolitain, aussi pointilliste en documents d’enquête que courageux, et vous vous dites: «What’s else ?». Car hélas, de Gomorra (le livre et le film), sur la mafia napolitaine, à Extra pure, sur les mafias de la planète – rien de moins! –, rien ne semble vraiment bouger.
Selon l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT), les salles de consommation à moindre risque (SCMR) n’augmentent pas la consommation de drogue ni de hausse de la criminalité dans les quartiers où elles ont été implantées.
Depuis la Déclaration de Vienne de juillet 2010, la littérature sur l’échec de la politique internationale de contrôle des drogues et ses effets collatéraux ne cesse de croître. Incarcération de masse, déstabilisation sécuritaire et politique des états, violations des droits humains, et bien sûr propagation incontrôlée des épidémies de sida et d’hépatite virale C dans les pays les plus répressifs. N’en jetez plus! Une ombre subsiste: les conséquences négatives de la guerre aux drogues en matière de développement des pays à revenus faibles et intermédiaires, plus particulièrement de ceux qui sont des zones de production ou de transit. Ou, le conflit entre deux politiques publiques internationales: celle régissant le contrôle des drogues, celle promouvant l’aide au développement – toutes deux ancrées dans le même système multilatéral international sous l’égide des Nations unies.
En 2012, à la faveur de la sortie de son rapport sur les drogues, l’Organisation des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) annonçait que le Pérou venait de supplanter la Colombie comme premier producteur mondial de feuilles de coca. Un constat qui vient illustrer parfaitement ce que les services de police appellent l’«effet ballon», un terme qui désigne le déplacement des activités criminelles d’une zone géographique à une autre. Un phénomène, similaire à celui des vases communicants, qui fait que souvent dans l’histoire la lutte contre le crime organisé s’apparente à un jeu à somme nulle.
Seattle, capitale de l’Etat de Washington au nord-ouest des États-Unis, a accueilli la Conference on Retroviruses and Opportunistic Infections (CROI) 2015. C’est le premier Etat avec le Colorado à avoir légalisé le cannabis récréationnel. Participant de la CROI, Didier Jayle est allé découvrir et explorer le nouveau dispositif pour les lecteurs de Swaps et Vih.org.
La guerre à la drogue est un slogan qui cache une profonde modification du principe originel de prohibition pour «faire de la politique avec d’autres moyens». Pour Fabrice Olivet d’ASUD, à qui nous ouvrons nos colonnes, cette guerre a été conçue et perpétrée pour cibler certaines catégories de population. La guerre à la drogue serait aussi une guerre sociale, une guerre culturelle, une guerre raciale.
Notre système de gestion de la toxicomanie est la résultante de la loi de 1970. Cette loi relative aux mesures sanitaires de lutte contre la toxicomanie et la répression du trafic de l’usage illicite des substances vénéneuses a pour principe de considérer l’usager de drogues comme un individu malade et délinquant. On perçoit dès lors toute l’ambiguïté qui réside entre une approche de santé publique et une approche pénale, en effet, quel rôle doit jouer un soignant face à un délinquant et quel rôle doit jouer le policier face à un malade? Quelle est la pertinence d’une politique qui consiste à vouloir soigner de force ou emprisonner un malade?
Premières marchandises qui ont circulé à travers le monde, les drogues psychotropes ont été aussi les premières à faire l’objet de traités internationaux. Pourtant, lorsqu’en 1909 et 1912 ces traités sur l’opium ont été signés, les pays signataires acceptent tout au plus de réguler ce commerce fort lucratif. Pourquoi cette politique internationale a-t-elle abouti à la prohibition? Comment a-t-elle été mise en place, qu’est-ce qui justifie la sélection des substances prohibées? Et comment a-t-elle abouti à la fin des années soixante à une guerre internationale qui va progressivement gagner tous les continents?
Ce ne sont pas moins de cinq Nobel d’économie, accompagnés d’anciens hauts fonctionnaires internationaux, d’anciens présidents ou ministres de pays tels que le Royaume-Uni, la Pologne ou le Guatemala, et des professeurs de prestigieuses universités anglaises et américaines qui soutiennent un rapport de la London School of Economics publié en mai 2014 et intitulé «Mettre fin à la guerre à la drogue». Les auteurs de ce rapport, pour la plupart américains, sont des experts reconnus dans le champ des drogues et des conduites addictives, et tout particulièrement dans l’évaluation des politiques publiques dédiées.
Un spot de prévention initié par l’association SOS Addictions, en collaboration avec le laboratoire RB Pharmaceuticals France, filiale d’Indivior plc. et réalisé par des étudiants de la Master Class Luc Besson.
En 2010, Médecins du Monde-France ouvre le premier programme pour les usagers de drogues en Afrique de l’est. Après une mission exploratoire en février de cette même année, qui s’est déroulée à la fois à Zanzibar et sur le continent, à Dar-es-Salaam, et qui a révélé une consommation d’héroïne en forte augmentation. La mise en place d’un projet est apparue comme une priorité.
Les neuroleptiques ne sont pas considérés, a priori, comme des substances susceptibles d’être détournées dans le cadre d’une addiction. Mais les antipsychotiques atypiques (APA) permettraient, chez certains patients, d’augmenter l’effet d’autres substances ou de contrôler les effets indésirables de certaines drogues.
Vancouver est aujourd’hui, dans le paysage de la lutte contre le VIH et le VHC, une figure emblématique de la RdR mais aussi du «test and treat», ce concept né dans le milieu des années 2000 et qui veut que plus on dépiste, plus on traite, mieux on informe sur la prévention, plus on maintien les personnes dans le système de soins, plus on contrôle les pratiques et les virémies, plus on diminue la circulation de ces deux virus.
Jimmy Kempfer† était un homme libre. La complexité de son parcours lui avait fait connaître la vie dans toutes ses dimensions. Il n’était dupe de rien ni de personne. Insensible aux modes, au politiquement correct, il naviguait en solitaire.
Ovide, dans ses Métamorphoses, décrit comment Médée, après avoir vidé Eson de son sang, lui injecte des liqueurs de plantes magiques pour le rajeunir. Les Anciens avaient-ils déjà intégré la notion d’injection (d’un produit dans le corps puis directement dans le sang) dans le but de soigner les corps ou d’en changer le métabolisme? De fait, depuis l’Antiquité, l’idée a fait son chemin durant près de 20 siècles. Par la suite, aucune invention médicale ne bouleversera autant les pratiques thérapeutiques que la seringue hypodermique associée à l’emploi des opiacés. L’usage de cet instrument a profondément modifié le rapport à la douleur et permis des interventions d’une efficacité et d’une rapidité inouïes. Mais l’injection, de morphine ou autre, échappa rapidement aux mains expertes des praticiens…
En 2013, le parlement uruguayen a décidé de légaliser la production et l’usage de cannabis, une décision historique qui rompt avec le paradigme prohibitionniste à l’œuvre sur le plan international depuis près d’un siècle. En septembre dernier, une délégation de ce pays, à l’invitation de l’association Aurore et de la Fédération addiction, et en partenariat avec l’ambassade d’Uruguay, est venue à Paris afin d’expliquer les tenants et les aboutissants de cette politique novatrice.
Pour The Economist, l’héroïne revient en force aux États Unis. Le nombre de consommateurs est passé de 370 000 en 2007 à 680 000 en 2013. Et il ne s’agit plus des junkies des années 60 ou 70, ni d’afro-américains, mais de sujets des classes moyennes, blancs pour 90%, et pour plus de la moitié, des femmes.
Un traitement de substitution aux opioïdes par la méthadone, initié par des médecins généralistes expérimentés et formés, est possible et à efficacité comparable à celui initié au sein de centres spécialisés. C’est ce que met en évidence l’étude ANRS Méthaville dont les résultats sont publiés dans la revue Plos One. Ces travaux montrent qu’une évolution du système de prise en charge des usagers de drogue par voie intraveineuse est envisageable.
Chronique sans lendemain d’un lecteur sans à priori, à l’occasion de la sortie en octobre 2014 de «Extra pure» de Roberto Saviano aux éditions Gallimard, traduit de l’italien par Vincent Raynaud.
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