Colombie: trente ans de guerre lasse contre les drogues

Et si la «guerre contre les drogues» était addictive? Et si elle consistait non pas dans une stratégie pour combattre les forces qui dominent ce marché mais en une forme de gouvernance? C’est cette impression qui ressort de l’expérience de la Colombie, obstinée dans la poursuite de la même politique depuis une bonne trentaine d’années. Afin d’apporter des éclaircissements sur le sujet, Olga. L. González s’est entretenue avec le sociologue colombien, spécialiste des drogues et chercheur au Transnational Institute d’Amsterdam, Ricardo Vargas, pour le numéro 87 de Swaps.

Philippines: un massacre de masse au nom de la «guerre à la drogue»

Plus de 9 000 morts. Ce seul chiffre donne la mesure du tragique – et provisoire – bilan de la «guerre à la drogue» que le président des Philippines, Rodrigo Duterte, mène depuis son entrée en fonction le 30 juin 2016, en mobilisant une rhétorique toxicophobe et au prétexte de rétablir «la paix et l’ordre» et de protéger l’État philippin d’organisations criminelles. Malgré les critiques qui s’élèvent, aux Philippines et à l’étranger, contre l’Oplan Double Barrel (Opération Double Canon), des atteintes aux droits humains continuent d’être commises à grande échelle.

Vingt ans de réponse pénale à l’usage de stupéfiants

À l’image de l’UNGASS 2016, le consensus international autour de la «guerre à la drogue» semble affaibli, même si le paradigme prohibitionniste reste le référentiel dominant. En France, la loi de 1970 continue de faire débat, bien que toutes les propositions de réforme, d’initiative parlementaire ou intragouvernementale, soient restées sans suite.

La naissance de la guerre à la drogue (années 1960-1980): une obsession américaine?

En 1961, la Convention internationale sur les stupéfiants de l’Organisation des Nations unies (ONU) définit la drogue comme un «fléau pour l’individu qui constitue aussi un danger économique et social pour l’humanité». Ce n’est pas pour autant qu’une guerre à la drogue est déclarée: le texte ne vise qu’à unifier et clarifier l’ensemble des mécanismes de régulation du commerce international des stupéfiants et à prohiber les usages non médicaux des substances listées.