Philippines: un massacre de masse au nom de la «guerre à la drogue»

Plus de 9 000 morts. Ce seul chiffre donne la mesure du tragique – et provisoire – bilan de la «guerre à la drogue» que le président des Philippines, Rodrigo Duterte, mène depuis son entrée en fonction le 30 juin 2016, en mobilisant une rhétorique toxicophobe et au prétexte de rétablir «la paix et l’ordre» et de protéger l’État philippin d’organisations criminelles. Malgré les critiques qui s’élèvent, aux Philippines et à l’étranger, contre l’Oplan Double Barrel (Opération Double Canon), des atteintes aux droits humains continuent d’être commises à grande échelle.

Aux racines de la prohibition des drogues

Premières marchandises qui ont circulé à travers le monde, les drogues psychotropes ont été aussi les premières à faire l’objet de traités internationaux. Pourtant, lorsqu’en 1909 et 1912 ces traités sur l’opium ont été signés, les pays signataires acceptent tout au plus de réguler ce commerce fort lucratif. Pourquoi cette politique internationale a-t-elle abouti à la prohibition? Comment a-t-elle été mise en place, qu’est-ce qui justifie la sélection des substances prohibées? Et comment a-t-elle abouti à la fin des années soixante à une guerre internationale qui va progressivement gagner tous les continents?