Police contre la prohibition, une voix dissonante

Bénédicte Desforges s’intéresse à la législation sur les drogues depuis longtemps, un sujet de société à la croisée de la question des libertés individuelles, du droit et des pratiques policières. En tant que flic, elle a vu de près la mise en œuvre des politiques publiques, les modalités de la répression, ses effets pervers et constaté son inutilité. Avec d’autres policiers, elle a créé le collectif Police contre la prohibition et plaide pour une réforme de la loi. Rencontre.

Police et politique: une nouvelle orientation

Jean-Pierre Havrin, contrôleur général honoraire de la police nationale (Toulouse), profite de sa liberté de parole pour dénoncer une police au service de l’État, quand elle devrait servir les citoyens. Il appelle au courage politique pour réorienter le travail des forces de l’ordre. Courage dont n’a pas manqué Daniel Vaillant, député, ancien ministre de l’Intérieur, auteur d’un rapport en faveur de la légalisation en 2011, qui plaide toujours pour une sortie de l’hypocrisie et du statu quo.

Les effets de la pénalisation et de la dépénalisation de la consommation de cannabis sur le travail policier

La pénalisation ou la dépénalisation du cannabis suscitent des réactions qui dépassent le cadre d’un raisonnement sur ses conséquences en termes de santé. La pénalisation de la consommation représente un instrument de renforcement du contrôle de l’État sur sa population, qui s’exerce à travers l’institution policière. En retour, la place qu’occupe cette dernière dans la lutte contre les stupéfiants influe sur la définition des politiques en ce domaine.

«Délinquance, l’imposture du tout sécuritaire»

Notre système de gestion de la toxicomanie est la résultante de la loi de 1970. Cette loi relative aux mesures sanitaires de lutte contre la toxicomanie et la répression du trafic de l’usage illicite des substances vénéneuses a pour principe de considérer l’usager de drogues comme un individu malade et délinquant. On perçoit dès lors toute l’ambiguïté qui réside entre une approche de santé publique et une approche pénale, en effet, quel rôle doit jouer un soignant face à un délinquant et quel rôle doit jouer le policier face à un malade? Quelle est la pertinence d’une politique qui consiste à vouloir soigner de force ou emprisonner un malade?