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DOSSIER VIH et santé sexuelle1 avril 2015

Biblio ANRS

Par la rédaction de vih.org
Publication Recherche
Sommaire
  • Biblio ANRS
  • Malformations à la naissance et exposition aux antirétroviraux
  • La charge virale dissociée dans le sperme des HSH, quel impact?
  • Ipergay : La Prep «à la demande», ça marche fort (quand on la prend)
  • Cohorte VISCONTI : Des cellules NK à forte activité anti-VIH observées chez les contrôleurs après traitement ARV précoce
  • Temprano confirme l’intérêt de traiter très tôt en Afrique sub-saharienne
25 novembre 2014

PTME — Malformations à la naissance et exposition aux antirétroviraux

En France, comme dans d’autres pays industrialisés, l’utilisation des traitements antirétroviraux dans un protocole de prévention de la transmission mère-enfant a permis une décroissance spectaculaire de celle-ci, d’un taux d’environ 20% à moins de 1%. Mais les effets de l’exposition du foetus aux antirétroviraux maternels sont encore peu étudiés.

Par la rédaction de vih.org
Grossesse Prévention PTME

Depuis 2004, les recommandations de traiter les mères infectées par le VIH et enceintes sont clairement appliquées pour celles qui sont dépistées. Les très rares cas de transmission fœto-maternelle sont, en général, des échappements aux politiques de dépistage ou à la mise sous traitement. La cohorte périnatale française de l’ANRS (ANRS CO 1 / CO 11) a déjà beaucoup produit sur le suivi de cette prévention et des enfants nés dans ce cadre-là depuis 1986. Cette étude est centrée sur la prévalence des malformations dans la population de ces enfants nés de mère infectées par le VIH et recevant, ou non , des antirétroviraux durant la grossesse et lors de l’accouchement avec comme but d’évaluer les corrélations entre chacune des molécules et des anomalies morphologiques observées chez le bébé. 

Cette importante étude a concerné  13 124 enfants nés de mère séropositives pour le VIH et exposées ou non aux antirétroviraux entre le 1er janvier 1994 et le 31 décembre 2010. Parmi eux, 42% (n=5388) ont été exposés aux antirétroviraux dans le 1er trimestre de grossesse, et cette proportion est dépendante évidement de la période d’étude, puisqu’elle est passée de 19% entre 1994 et 1996 à 52% entre 2005 et 2010. 61% des mères étaient d’origine d’Afrique Sub-Saharienne avec une médiane d’âge à 31 ans. La majorité d’entre elles avaient plus de 350 CD4 et une charge virale inférieure à 400. Pour 5 076 d’entre elles s’était un accouchement par voie basse et pour 2388 un accouchement par césarienne. La prévalence d’anomalies génétiques, toutes confondues, était de 4.4% (IC 95% : 4%-4.7%). 

Association significative

Les principales conclusions de l’analyse multivariée, en ajustant sur le type d’antirétrovirales, l’âge maternel, l’origine géographique, le fait d’avoir été ou non injecteur de drogues intraveineuses, le type de maternité, les auteurs retrouvent une association significative entre l’exposition à la zidovudine durant le premier trimestre et les anomalies congénitales cardiaques :  odds ratio ajusté = 2,2  [IC 95% : +1.3 – +3,7, p= 0,003]. Une association significative entre l’exposition à la didanosine (odds ratio ajusté = 3,4  [IC 95% : 1.1 -10,4, p= 0,04]).  et à l’indinavir (odds ratio ajusté = 3,8  [IC 95% : 1,1 – 13,8, p= 0,04]). pour les anomalies congénitales du nez et de la face. Et une association significative avec les anomalies neurologiques en cas d’exposition à l’efavirenz (odds ratio ajusté = 3,0  [IC 95% : 1,1 – 8,5, p= 0,04]). 

Comme le spécifient les auteurs, la limite majeure de cette importante étude est l’absence de documentation pour l’analyse multivariée des données sur la fin de la grossesse, la consommation de tabac et d’alcool durant la grossesse, la consommation de médicaments ou de toxiques concomitants qui peuvent avoir influencé la prévalence de telle ou telle anomalie congénitale.

Aucun mécanisme n’a d’ailleurs été élucidé pour expliquer cette association entre l’utilisation de certaines molécules et ces anomalies congénitales. C’est pour ça que les auteurs dans leur conclusion soulignent l’extrême prudence avec laquelle nous devons interpréter notamment l’association entre les anomalies neurologiques et l’exposition à l’efavirenz. Par ailleurs, pour toutes les autres molécules auxquelles femmes et fœtus ont pu être exposés et pour lesquelles il n’y a pas eu d’association, telles la névirapine, le ténofovir, le staludine, l’abacavir, le ritonavir, le lopinavir, cette étude est extrêmement réconfortante.  Enfin, ces résultats semblent aller dans le sens des recommandations de l’OMS concernant la PTME, qui ne recommandent plus la zidovudine en traitement de première intention chez la femme enceinte et qui insistent sur l’importance du suivi chez les enfants exposés à l’efavirenz pendant la grossesse. 

Bibliographie

Sibiude J, Mandelbrot L, Blanche S, Le Chenadec J, Boullag-Bonnet N, et al. (2014)
Association between Prenatal Exposure to Antiretroviral Therapy and Birth Defects: An Analysis of the French Perinatal Cohort Study (ANRS CO1/CO11). PLoS Med 11(4): e1001635.

24 juin 2014

La charge virale dissociée dans le sperme des HSH, quel impact?

L’étude EVARIST-ANRS EP 49 apporte enfin des données complémentaires sur la charge virale dissociée sang / sperme et particulièrement dans la population des hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH) — Biblio ANRS vous présente les derniers résultats de recherches de Agence Nationale de Recherche sur le Sida et les hépatites virales.

Par Gilles Pialoux, vih.org
Charge virale Gay HSH Recherche TASP

C’est une étude importante que celle que présente Jade Ghosn dans une récente livraison de Clinical Infectious Disease. En effet, depuis que les bases scientifiques indiscutables du traitement comme outil de prévention (TASP) ont été posées, notamment avec les résultats de l’étude HPTN 052 qui montraient un niveau de réduction de 96% du risque de transmission chez les couples sero-différents hétérosexuels et, plus récemment encore, avec les données issues de l’étude PARTNERS renseignaient une partie de l’effet du Tasp chez les HSH  la charge virale dissociée sang / sperme est au coeur des discussions.

Jusqu’ici, les études étaient extrêmement contradictoires, avec des populations très différentes quant à l’évaluation de la proportion de patients infectés par le VIH ayant une charge virale dans le sang en dessous de la limite de détection et, une charge virale dans le sperme positive dont la proportion variait de 5% à 30%. La plupart de ces études, à l’image de celle réalisée en France par l’équipe de la Pitié Salpêtrière (Marcelin and al , AIDS 2008 22 ; 1677-9 et celle de E. DULIOUST ans al AIDS 2010 ; 24 : 1595-8) étaient réalisées chez les patients inclus dans un programme de procréation médicalement assistée (PMA) donc, des hommes à priori strictement hétérosexuels, à priori mono-partenaire et surtout, dans un effort d’observance que l’on imagine concernant les enjeux de la démarche de procréation médicalement assistée (PMA). Dans ces études sus-citées, la proportion de charge virale dissociée entre le sang et le sperme était autour de 3% avec la question centrale qui était de comment extrapoler ces résultats en situation particulière des essais et chez une population hétérosexuelles aux HSH?

Une analyse de charge virale dans le sperme positive dans 7,6% des prélévements

L’étude EVARIST-ANRS EP 49 a concerné des patients HSH de plus de 18 ans, ayant une charge virale plasmatique contrôlée depuis plus de six mois, dans six centres d’experts parisiens. Sur la méthodologie, il était indiqué que l’analyse du sperme ne concernait pas seulement la recherche de l’ARN VIH, mais aussi la recherche de l’ADN VIH et bien sur la recherche des IST associées (chlamydia, neceseria gonohrée, ueoplasma uréaliticum, etc…). Cette étude a concerné 157 personnes HSH vivant avec le VIH, entrant dans les critères d’inclusion dont, grâce à l’utilisation de test ultrasensibles, 23.3% (70) avait une charge virale comprise entre 10 et 50 copies et, 75%(225) avait une charge virale sanguine VIH inférieure à 10 copies/ml. Sur le plan comportemental, le nombre médian de partenaires occasionnels était de 6 [3-13] et 51.1% (72) reconnaissait avoir des rapports sexuels non protégés avec n’importe quel type de partenaires. 

Sur les 157 patients inclus, avec un temps médian de charge virale plasmatique indétectable inférieure à 50copies/ml de 3.3 années, l’analyse de la charge virale dans le sperme était positive chez 23 sur 304 des prélèvements (deux prélèvements par personne) soit une prévalence de 7.6%. Autre information importante, la charge virale médiane dans le sperme chez ces personnes discordantes entre le plasma et le sperme était de 145 copies/ml (100-1475), soit une charge virale assez basse mais dont la signification en terme d’infectiosité pose évidement question comme cela est le cas dans la discussion de l’article. En analyse multi variée, les facteurs de risque d’avoir une charge virale plasmatique dissociée dans cette population HSH étaient : le niveau de l’ADN VIH dans les PBMC (OR 2.6 [1.2-6] et l’utilisation de cannabis durant les rapports sexuels.

Pour le moins paradoxale dans cette étude, mais cela aussi est discuté dans l’article, les auteurs ne retrouvent pas de corrélation, contrairement à toutes les études préalables, entre la charge virale dans le sperme et la présence d’une infection sexuellement transmissible (IST). L’explication fournie est que probablement il y avait une majorité de patients ayant une IST dans cette étude sous forme asymptomatique. Le point de discussion important est de savoir si cette charge virale plasmatique dissociée, qui est assez faible à 45 copies/ml en médiane, peut être corrélée avec un risque infectieux évaluable ? Les auteurs rapportent que la plupart des études de modèle où les études cliniques ont suggéré qu’une charge virale inférieure à 1000 copies/ml dans le sperme était assimilé à un niveau de risque bas de transmission dans le sens homme – femme, dont on ne sait rien des valeurs de cette charge virale, notamment dans une population qui serait différentes de celle de l’étude et, qui aurait une IST concomitante.

Enfin, l’étude EVARIST pointe, même s’il ne s’agit «que» du cannabis , les relations entre les drogues récréatives et la charge virale dissociée entre le sang et le sperme, ce qui est une première et qui doit être prise en compte évidement dans les études concernant le comportement et les risques de transmission du VIH chez les HSH.

Bibliographie

  • HIV-1 DNA Levels in Peripheral Blood Mononuclear Cells and Cannabis Use are Associated With Intermittent HIV Shedding in Semen of Men Who Have Sex With Men on Successful Antiretroviral Regimens, CID.

A lire également

  • Charge virale indétectable: qu’en est-il dans le sperme?
23 février 2015

Ipergay : La Prep «à la demande», ça marche fort (quand on la prend)

Les résultats de l’étude ANRS réalisée auprès d’hommes gays montre qu’en intention de traiter, le pourcentage de réduction du risque relatif est de 86%, soit le plus élevé jamais observé dans un essais de prophylaxie pré-exposition (Prep). Tout semble indiquer que cette prévention, lorsqu’elle est prescrite et bien prise dans les conditions d’un essai de ce type, avec l’accompagnement important que l’on sait, donne des niveaux de protection chez les personnes observantes proche de 100%.

Par Gilles Pialoux, vih.org
Ipergay PrEP Prévention Recherche

Dans l’immense salle 6AB du Washington State convention Center de Seattle, où s’est posée la CROI 2015 du 23 au 26 février, il y avait foule pour écouter, quasi successivement, les résultats de deux études de Prep qui vont révolutionner le paysage de ce nouvel outil de prévention contre le VIH l’étude PROUD et l’étude ANRS Ipergay. C’est Jean-Michel Molina, investigateur principal, qui logiquement avait la responsabilité de communiquer à la communauté scientifique internationale les données, aussi spectaculaires que rapides dans leur obtention, de l’essai ANRS Ipergay.

Résultats

Sur les 445 personnes vues à la visite de screening, 414 ont été randomisées, 208 dans le groupe placébo et 206 dans le groupe Truvada®. Il y a eu 12% de perdus de vue ou de retrait, et finalement au moment de la présentation 177 personnes sont issues du groupe placébo et 176 personnes issues du groupe Truvada, soit un total de 353 volontaires. Dans les résultats de ces 414 personnes, volontaires, randomisées, qui ont été présentés, on observe un âge moyen de 34.8 ans [28.8 – 42.7], avec seulement 3% de bisexuels et 1 personne transgenre, 83 (20%) étaient circoncis, le nombre de rapports sexuels dans les 4 dernières semaines était en moyenne de 10 et le nombre de partenaires de 8 dans les deux derniers mois.

Sur l’élément majeur, qui est l’objectif primaire de l’étude, à savoir le nombre de contaminations, il y a eu 16 contaminations VIH dans l’essai Ipergay , 14 dans le bras Placébo et 2 dans le bras Truvada (P = 0.0023). Des chiffres assez comparable à ceux de l’étude PROUD: 19 contaminations dans le bras differé et 3 dans le bras Truvada.

Comme l’a souligné Jean-Michel Molina, «il n’y pas eu de contamination dans le bras Truvada intermittents dans les 14 premiers mois de l’essai». En terme d’incidence, l’incidence était de 6.60% pour cent patient année dans le groupe placébo et de 0.92 pour cent patients année dans le groupe Truvada avec  une incidence globale assez proche que celle des organisateurs avaient prévu, soit de 3.72% personne/année. En intention de traiter, le pourcentage de réduction du risque relatif est donc de 86% [40-99%] (p = 0.002) soit le plus élevé jamais observé dans un essais de PreP. pour l’essai PROUD, qui concerne 545 MSM randomises (276 avec la Prep continue immediate, 269 avec la PreP differee), Sheena McCormack presente un taux similaire de reduction de  risques de 86%. Même si des resistances acquises sont présentes dans PROUD mais pas dans IPERGAY.

Probabilité de séropositivité au VIH sur 26 mois, pour les 2 bras.

Fait important, il n’a pas été observé de désinhibition tant en terme de nombre de partenaires, de nombre de rapports sexuels que de rapport anaux réceptifs non protégés durant la phase contre placébo.

Rapport anaux réceptifs non protégés

Des contaminations dues à une mauvaise observance

Comme toujours dans ce type d’essai, c’était aussi le cas pour l’essai de Tasp HPTN 052, il y a une extrême valeur informative dans les cas de contaminations survenues dans le bras sous traitement, tels que les deux cas de contamination VIH survenue sous Truvada qui ont été présentés lors de la communication. Il apparait très clairement que les deux patients avaient non seulement des rapports non protégés par l’importante offre globale de prévention mise en place par les centres, par l’ANRS et par les volontaires de AIDES, mais que dans les deux cas, la démonstration pharmacologique et les retours des comprimés témoignaient d’un niveau d’observance proche de zéro.

Les patients ont consommé dans cet essai une médiane de 14 comprimés par mois [8-20]. Ce qui prouve que globalement le schéma de prises intermittentes était respecté. Il y a eu et, c’est un fait notable dans cet essai centré sur la prévention du VIH, 34% d’infections sexuellement transmissibles sur l’ensemble des patients. En termes de tolérance, il y a un très bon profil de tolérance du Truvada et le taux d’évènements secondaires était similaire dans le groupe placébo et dans le groupe Truvada. Si on excepte les troubles digestifs (nausées diarrhées, douleurs abdominales) qui étaient reportés plus fréquemment dans le groupe Truvada que dans le groupe Placébo [13 – 6%] (p = 0.02). Seulement deux patients (1%) dans le bras Truvada® ont eu une diminution de la clairance de la créatinine en dessous du seuil considéré comme relevant sur le plan clinique, à savoir 60ml/mn.

L’intérêt préventif du schéma «à la demande» confirmé

L’essai de Prep intermittente menée par l’ANRS en France montre donc un niveau de réduction des risques et de prévention le plus élevé dans les essais de PreP menés de part de le monde. Cela confirme l’intérêt préventif du schéma «à la demande» de la PreP avec le Truvada dans cette population à haut risque de HSH Cette prévention, lorsqu’elle est prescrite dans les conditions d’un essai de ce type et avec l’accompagnement important que l’on sait donne des niveaux de protection chez les patients observant proche de 100%. L’analyse de l’intervalle confiance entre 40 et 99% en intention de traiter montre qu’on est au minimum à 40% de réduction des risques, soit bien au-delà de l’essai Iprex mené chez une population HSH avec une Prep continue. Ces données sont plus difficilement comparables avec ceux de l’essai PROUD avec un intervalle de confiance a 90% : 86% ( IC 90% = 62-96%; P=0.0002).

86% relative reduction in the incidence of HIV-1

Cet essai, part les hasards de la recherche scientifique, a donné des résultats beaucoup plus précocement que ne le prévoyait les organisateurs et promoteurs, puisqu’il était basé sur une analyse de 950 participants par bras de randomisation, et que finalement ces résultats extrêmement positifs sont intervenus avec seulement 400 participants. Ces résultats vont influencer les décisions et recommandations en termes de Prep, faciliter aussi probablement l’instruction par l’ANSM du dossier de recommandation temporaire d’utilisation (RTU) demandée notamment par l’association AIDES pour la mise à disposition temporaire du Truvada dans cette indication de Prep.

La mise en place de l’essai Ipergay

Nous revenons, dans notre dossier consacré à Ipergay, sur les enjeux, les, polémiques, qui ont précédé à la mise en place de l’essai ANRS Ipergay, d’abord sur trois sites, Hôpital Saint-Louis, Hôpital Tenon à Paris et l’hôpital de la Croix-Rousse à Lyon, puis étendu à d’autres centres en province jusqu’à aller à Montréal. Sur le strict plan scientifique, le contexte du débat sur la PreP est de celui des études d’efficacité dominer par les résultats semi-favorables de l’étude Iprex qui a ouvert la voie véritablement à la PreP continue par Truvada® dans la prévention de la transmission VIH chez les HSH avec une réduction du risque de 44% [15-63] (voir ci-dessous). Ainsi que les résultats, assez spectaculaires, des essais de prévention menés chez les femmes avec le gel de Tenofovir à l’image de l’essai Caprisa. La plupart des résultats, positifs ou négatifs, de prévention par la PreP dans la transmission Hommes–Femmes ayant été depuis présentés (Partners, TDF-2, FEM-PreP et Voice, tout récemment publiés dans le New England Journal of Medecine).

Essais de Prep Orale

Historiquement, le concept Ipergay a été discuté dès l’année 2010 pour atteindre sa maturité durant le premier semestre 2011 avec les premières réunions à l’ANRS. Notamment, le 27 avril 2011, avec la constitution, fait unique dans l’histoire des essais ANRS, d’un comité associatif, en plus du comité scientifique et du comité indépendant, regroupant 16 associations ou interassociatifs représentant la lutte contre le sida et le milieu LGBT. Le protocole Ipergay a reçu l’acceptation du CPP d’Ile de France IV, le 29 09 2011, et l’autorisation de l’AFFSAPS le 26 08 2011. Les premiers screening ont eu lieu dans les derniers jours du mois de janvier 2012.

Il est important de comprendre les évènements qui ont précédé la communication de ces résultats suite à l’intervention du comité indépendant de l’essai Ipergay, à savoir d’abord en juin 2013, l’autorisation par le FDA de la Prep pour toutes les personnes exposées au VIH, les couples sérodiscordants et les HSH, puis en juillet 2014 les recommandations de l’OMS précisant pour les populations cibles des HSH que la PreP était «recommandée comme un choix de prévention VIH additionnelle au sein du package d’outils de prévention disponible avec une recommandation considérée comme forte et à haut niveau de preuve». (lien)

Plus près de nous, le 16 octobre 2014, l’étude britannique PROUD annonçait que son propre comité indépendant avait décidé de stopper le bras différé dans cet essai de prévention continu en raison de l’efficacité importante de cette prévention avec les résultats définitifs présentés cette année par Sheena Mc CORMACK, de UCL. Comme le stipulait l’ANRS à l’époque: «Le comité indépendant de l’essai ANRS Ipergay a échangé avec son homologue de l’essai PROUD. Il a examiné ensuite les données de l’essai ANRS Ipergay en levant l’aveugle, c’est-à-dire en prenant connaissance des données sur l’incidence de l’infection par le VIH dans les deux groupes de participants (le groupe recevant le Truvada et celui recevant son placébo) suite à cette analyse du groupe indépendant d’Ipergay ce comité a « constaté une différence d’incidence significative entre les deux groupes avec une réduction très importante du risque d’infection par le VIH bien supérieure à celle observée dans l’étude Iprex et a recommandé en conséquence que tous les participants de l’essai puissent bénéficier de la PreP par Truvada à la demande au moment de l’exposition sexuelle.»

Le schéma global de l’essai Ipergay a permis de recruter, notamment avec une importante campagne de communication menée par l’ANRS, mais aussi via les accompagnants de AIDES, des HSH à haut risque d’infection VIH avec comme critères de sélection le fait d’avoir eu au moins deux rapports anaux non protégés dans les six derniers mois précédent l’étude. Ces volontaires, après consentement éclairé, et information, se voyaient offrir une offre globale de prévention associant du conseil, du dépistage des IST asymptomatiques, une distribution de préservatifs, une vaccination contre l’hépatite A et contre l’hépatite B, la possibilité d’accéder au traitement post exposition du VIH disponible immédiatement en cas de rapport à risque. Et par rapport à cette offre globale de prévention, les volontaires étaient tirés au sort (randomisés 1/1) soit pour recevoir un placébo, soit pour recevoir du Truvada® à la demande, c’est-à-dire encadrant l‘activité sexuelle.

Schéma de prise d'Ipergay

Le schéma de prise était de prendre deux comprimés avant le premier rapport puis un comprimé toutes les 24 heures pendant l’activité d’activité sexuelle, une dernière prise d’un comprimé 24h puis 48h après le dernier rapport (voir ci-dessus). Il était recommandé de prendre les comprimés au minimum deux heures avant le rapport sexuel et au maximum 24 heures avant le rapport sexuel. Il était prévu d’inclure 1900 participants dans l’étude Ipergay, 950 dans chaque groupe. Avec comme critère de jugement principal le taux de séroconversion VIH pour un suivi établi tous les deux mois. Cette étude comporte de nombreux objectifs secondaires, dont l’évaluation des comportements sexuels et éventuels comportements à risques au cours de la participation à l’essai, le rapport entre incidence du VIH et comportements sexuels, les facteurs associés aux modifications de comportement à risques, le taux d’IST, les dosages pharmacologiques, l’appropriation du schéma de traitement par les volontaires, le niveau d’observance, la tolérance du traitement et la survenue  d’évènements indésirables, l’effet prophylactique du traitement sur la contamination par le VHB, les caractéristiques des infections associées au papillomavirus, les dosages pharmacologiques des ARV sur différentes matrices, qui seront l’objet de présentations ultérieurs. A suivre.

Gilles Pialoux est co-investigateur de l’essai ANRS Ipergay et membre de son conseil scientifique.

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  • Chronique de la CROI par le Dr Cédric Arvieux sur le site du COREVIH Bretagne
24 février 2015

Cohorte VISCONTI : Des cellules NK à forte activité anti-VIH observées chez les contrôleurs après traitement ARV précoce

Les chercheurs, conduits par Christine Rouzioux (Necker) et Asier Sáez-Cirión (Pasteur) ont étudié la relation entre les lymphocytes NK (Natural Killer) et le contrôle de l’infection chez des patients dont la charge virale reste indétectable (non virémiques) après une interruption de traitement ARV précoce. Ces résultats ont été présentés par Daniel Scott-Algara (Pasteur) ce mardi à la CROI 2015.

Par Charles Roncier, Vih.org
Recherche Traitements Vivre avec le VIH

La cohorte française ANRS VISCONTI suit un petit groupe de 14 patients, que l’on appelle les contrôleurs après-traitement (PTC ou post- treatment controllers), dont la charge virale reste indétectable après une interruption de traitement malgré une réponse CD8+ faible. Plusieurs études ont souligné le rôle des réponses immunitaires innées dans la résistance ou le délai de progression vers la maladie, ce qui a poussé les recherches plus spécifiquement vers les lymphocytes NK.

Il est constaté que les lymphocytes NK provenant des patients VISCONTI ont un répertoire cellulaire différent des patients contrôleurs naturels du VIH des patients virémiques ou des personnes séronégatives. Ils connaissent une production plus élevée d’interféron de type II (IFN-γ), similaire aux patients traités depuis la primo-infection sans interruption, et une expression plus importante de certains récepteurs. Plus encore, les cellules NK observées dans la population VISCONTI sont capable de contrôler in vitro l’infection à VIH sur les cellules T CD4 autologues. Comme des changements similaires sont observés dans la phase précoce de l’infection aiguë, préserver le phénotype et la fonction des cellules NK lors de l’infection aiguë pourrait jouer un rôle important dans le contrôle de la réplication du VIH.

Des récepteurs différents et plus d’IFN-y

Les résultats des PTC ont été comparés à des patients virémiques, à des contrôleurs naturels du VIH, à des patients sous ARV depuis l’infection aiguë et à des donneurs de sang (témoins). Toutes les études phénotypiques ont été effectuées sur le sang total. La capacité des cellules NK à inhiber la réplication du VIH dans des cellules T CD4 autologues a été mesurées par mesure de l’antigéne p24 en intracellulaire ou dans les surnageant des cultures cellulaire.

Les patients Visconti patients montraient une expression significativement plus élevé des récepteurs CD158a, CD158b (KIR2DL2/DL3), CD158b / DX9 (KIR3DL1/3DS1) et NKG2A (respectivement: p <0,002, p <0,001, p <0.0.01, p <0,001) et une expression inférieure des recepteurs CD160 et NKp46 par rapport aux autres groupes (respectivement: p <0,001, p <0,03). L’activation des cellules NK mesurées par le marqueur CD69 était identiques à celle mesurée chez les donneurs sains mais inférieure à celle constatée chez les contrôleur spontanés du VIH (p <0,006) ou les patients virémiques (p <0,001).

Des études fonctionnelles indiquent une production d’IFN-γ plus forte que dans les autres groupes lorsqu’on stimulait les cellules NK par la lignée cellulaire K562 dans la cohorte Visconti (p <0,01). Le contrôle in vitro la réplication du VIH par les cellules NK ont été plus élevées chez les patients Visconti par rapport aux autres groupes (p <0,001).

Notons que les contrôleurs après traitement de la Cohorte VISCONTI ont été identifiés suite à l’interruption d’un traitement qu’ils avaient reçu de manière très précoce. Les derniers résultats de l’étude PRIMO semblent désormais confirmer qu’une telle interruption n’est pas souhaitable pour conserver le bénéfice d’un traitement précoce, en termes de restauration immunitaire.

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27 février 2015

Temprano confirme l’intérêt de traiter très tôt en Afrique sub-saharienne

Selon les résultats définitifs de l’essai ANRS Temprano, le traitement antirétroviral précoce et la mise sous traitement préventif contre la tuberculose réduisent drastiquement les risques de morbidités chez les personnes vivant avec le VIH et devrait être recommandée comme une procédure standard de prise en charge.

Par Charles Roncier, Vih.org
Recherche Tuberculose

L’étude, présenté par le Dr Christine DANEL (ANRS, Abidjan) à la CROI 2015, démontre pour la première fois qu’il existe un réel bénéfice individuel à recevoir des traitements antirétroviraux dès que les CD4 descendent en dessous de 800 cellules/mm3. Le risque de morbidités sévères était inférieur de 44% inférieur chez les personnes ayant bénéficié d’un traitement précoce par rapport aux recommandations de l’OMS, et de 35% inférieur avec le traitement contre la tuberculose par rapport à l’absence de prophylaxie, ceci sans augmenter le risque de résistance. Le traitement précoce a diminué de façon significative la morbidité globale.

Temprano est l’un des essais les plus importants en taille qui essayait de répondre à la question du «quand commencer à traiter en Afrique sub‐saharienne». L’essai a évalué les avantages d’un traitement ARV précoce et/ou du commencement d’un traitement préventif de la tuberculose de 6 mois à l’isoniazide (INH, 300 mg/jour) chez les adultes infectés par le VIH avec un nombre élevé de CD4 qui ne remplissaient aucun des critères de l’OMS pour les recommandations de mise sous traitement.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande depuis 2013 que les adultes infectés par le VIH vivant dans les pays à ressources limitées puissent démarrer un traitement antirétroviral (ARV) lorsque le nombre de CD4 est inférieur ou égal à 500 cellules/mm3. Par ailleurs, pour lutter contre la tuberculose, maladie opportuniste du VIH la plus fréquente dans les pays du Sud, l’OMS recommande l’usage préventif, pendant 6 mois, d’isoniazide, médicament d’accès facile. Cette dernière intervention n’est cependant pas appliquée dans de nombreux pays, dont la Côte d’Ivoire, par crainte de voir des bacilles résistants émergents.

Design de l’étude Temprano

L’essai ANRS 12136 Temprano a été mené par les chercheurs du site ANRS de Côte d’Ivoire, qui rassemble des équipes de l’Inserm (U897, Université de Bordeaux), du Service des Maladies Infectieuses et Tropicales du CHU de Treichville et de 8 autres centres de prise en charge de l’infection à Abidjan, de Mars 2008 à Janvier 2015. Les critères d’inclusion étaient:

  • infection VIH-1
  • avoir plus de 18 ans
  • avoir un nombre élevé de CD4, avec un nadir inférieur ou égal à 800 / ul
  • ne pas remplir les critères d’une mise sous ARV selon les plus récentes directives de l’OMS.

Les participants ont été randomisés dans l’un des quatre bras:

  • Mise sous traitement ARV selon les critères de l’OMS;
  • Prophylaxie immédiate d’INH de six mois ainsi les ARV selon les critères de l’OMS;
  • Mise sous traitement immédiate;
  • Mise sous traitement immédiate et prophylaxie immédiate d’INH pour 6 mois.

La combinaison thérapeutique de première ligne pour les ARV était composée de ténofovir plus emtricitabine, avec en plus soit efavirenz, zidovudine ou lopinavir/ritonavir.

De 2076 patients randomisés, 2056 ont été inclus dans l’analyse : 78% étaient des femmes; 91% étaient classés aux stades clinique 1 et 2 de l’OMS; âge médian 35 ans; nadir moyen de CD4 465/ul; charge virale VIH-1 moyenne de 4,7 log10 copies/ml ). Ils ont été suivis pendant 4755 années-patients, au cours de laquelle 47 sont morts, 175 ont connu 204 épisodes de morbidité sévère (85 tuberculose, 56​ maladies bactériennes invasives, 11 autres maladies classant sida 5 malignités non-classant sida), 287 participants ont connu 364 épisodes de morbidité grave associé au stade 3 et 4 de l’OMS 1http://apps.who.int/medicinedocs/fr/d/Js5514f/19.html#Js5514f.19 (256 hématologiques, 31 hépatique rénale, 9 cardiovasculaires et 46 autres), et 44 (2,2%) ont été perdus de vue.

Pour le Pr Serge Eholié (Service des Maladies Infectieuses et Tropicales, CHU de Treichville, Abidjan, Côte d’Ivoire), investigateur principal de l’étude en Côte d’Ivoire, «ces données, pour être véritablement utiles, doivent s’accompagner d’un renforcement des politiques de dépistage: Il faut en effet connaître sa séropositivité pour recevoir un traitement ARV le plus tôt possible».

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  • Malformations à la naissance et exposition aux antirétroviraux
  • La charge virale dissociée dans le sperme des HSH, quel impact?
  • Ipergay : La Prep «à la demande», ça marche fort (quand on la prend)
  • Cohorte VISCONTI : Des cellules NK à forte activité anti-VIH observées chez les contrôleurs après traitement ARV précoce
  • Temprano confirme l’intérêt de traiter très tôt en Afrique sub-saharienne
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