Philippines: un massacre de masse au nom de la «guerre à la drogue»

Plus de 9 000 morts. Ce seul chiffre donne la mesure du tragique – et provisoire – bilan de la «guerre à la drogue» que le président des Philippines, Rodrigo Duterte, mène depuis son entrée en fonction le 30 juin 2016, en mobilisant une rhétorique toxicophobe et au prétexte de rétablir «la paix et l’ordre» et de protéger l’État philippin d’organisations criminelles. Malgré les critiques qui s’élèvent, aux Philippines et à l’étranger, contre l’Oplan Double Barrel (Opération Double Canon), des atteintes aux droits humains continuent d’être commises à grande échelle.

Histoire et géopolitique du trafic des opiacés en Asie du Sud-Est

En 1972, l’universitaire américain Alfred McCoy, professeur à l’université du Wisconsin, publiait un ouvrage désormais classique: La politique de l’héroïne en Asie du Sud-Est. Il y étudiait dans la (longue) durée le trafic des opiacés dans cette région du monde, pointant les relations troubles de pouvoir entre États, agences de renseignement (notamment la CIA), armées régulières, guérillas, contrebandiers, confréries mafieuses et populations traditionnelles, tous pris dans la nasse de la guerre froide. En s’appuyant en partie sur McCoy et sur d’autres travaux, retraçons ici la géopolitique de cette région-clé dans le trafic international d’opiacés, dont l’âge d’or fut les années 1960-1980.

Police et politique: une nouvelle orientation

Jean-Pierre Havrin, contrôleur général honoraire de la police nationale (Toulouse), profite de sa liberté de parole pour dénoncer une police au service de l’État, quand elle devrait servir les citoyens. Il appelle au courage politique pour réorienter le travail des forces de l’ordre. Courage dont n’a pas manqué Daniel Vaillant, député, ancien ministre de l’Intérieur, auteur d’un rapport en faveur de la légalisation en 2011, qui plaide toujours pour une sortie de l’hypocrisie et du statu quo.

Les effets de la pénalisation et de la dépénalisation de la consommation de cannabis sur le travail policier

La pénalisation ou la dépénalisation du cannabis suscitent des réactions qui dépassent le cadre d’un raisonnement sur ses conséquences en termes de santé. La pénalisation de la consommation représente un instrument de renforcement du contrôle de l’État sur sa population, qui s’exerce à travers l’institution policière. En retour, la place qu’occupe cette dernière dans la lutte contre les stupéfiants influe sur la définition des politiques en ce domaine.

Et le cannabis thérapeutique ?

En 2015, une équipe de chercheurs de Bristol a réalisé une méta-analyse sur l’usage médical de cannabinoïdes, en étudiant 79 essais ayant englobé 6 500 participants. Leur travail suggère que le cannabis entraîne une amélioration variable selon les symptômes, mais qu’aucun des tests cliniques ne parvient à démontrer les bienfaits du cannabis avec le degré de certitude exigé d’un médicament conventionnel.

Que sait-on de l’opinion?

La France se distingue de ses voisins européens par sa situation paradoxale. Malgré une loi très répressive, la consommation de cannabis est la plus importante des pays de l’Union européenne. 17 millions de Français disent avoir consommé du cannabis en 2014.

Le modèle français de réduction des risques

Une société sans drogues a longtemps constitué un idéal sociétal, mais depuis le milieu des années 1980 et l’irruption de l’épidémie de sida qui a décimé les «toxicomanes utilisant la voie intraveineuse», l’éradication des drogues est considérée comme une utopie totalement irréaliste, voire potentiellement dangereuse. Marie Jauffret-Roustide revient sur les politiques publiques qui se donnent actuellement un objectif plus réaliste d’apprendre à vivre avec les drogues en les «domestiquant» afin d’en atténuer les principaux risques et dommages, par le biais du référentiel de la réduction des risques (RdR).

Vingt ans de soins

Quelques révolutions et plusieurs évolutions ont caractérisé ces 20 dernières années en matière de soins dans les addictions! Une aventure vécue par certains pionniers des années 1980, ouvrant le champ de nouveaux traitements avant que ces outils soient utilisés par le plus grand nombre. Comment évoquer ces multiples changements? À une description chronologique, nous avons préféré une description par champ, voire par produit, nous permettant quelques enthousiasmes et quelques perplexités!

Pour changer la loi, il faut sortir du sanitaire

La guerre à la drogue est un ectoplasme – «a boogyman» nous dit Ethan Nadelmann. Ce leurre politique devrait figurer un jour au rayon des curiosités historiques, entre les procès intentés aux animaux et la Grande Peur de 1789. Néanmoins, le caractère protéiforme de l’usage a donné des ailes aux amateurs de répression, étonnés eux-mêmes des possibilités offertes par ce droit de perquisition permanent de la liberté individuelle. Il permet de voguer de la contrainte sanitaire à l’incarcération de masse. Il s’autorise même quelques incursions militaires de type impérialiste, avant de revenir dans son bastion historique, l’ordre moral. Or c’est justement là que se situe la faille. Cette indécente puissance de feu s’avère extrêmement fragile dès lors que l’on ose s’aventurer sur le seul terrain jamais véritablement disputé aux tenants de la prohibition, la question du bien et du mal.