Police et politique: une nouvelle orientation

Jean-Pierre Havrin, contrôleur général honoraire de la police nationale (Toulouse), profite de sa liberté de parole pour dénoncer une police au service de l’État, quand elle devrait servir les citoyens. Il appelle au courage politique pour réorienter le travail des forces de l’ordre. Courage dont n’a pas manqué Daniel Vaillant, député, ancien ministre de l’Intérieur, auteur d’un rapport en faveur de la légalisation en 2011, qui plaide toujours pour une sortie de l’hypocrisie et du statu quo.

Les effets de la pénalisation et de la dépénalisation de la consommation de cannabis sur le travail policier

La pénalisation ou la dépénalisation du cannabis suscitent des réactions qui dépassent le cadre d’un raisonnement sur ses conséquences en termes de santé. La pénalisation de la consommation représente un instrument de renforcement du contrôle de l’État sur sa population, qui s’exerce à travers l’institution policière. En retour, la place qu’occupe cette dernière dans la lutte contre les stupéfiants influe sur la définition des politiques en ce domaine.

Et le cannabis thérapeutique ?

En 2015, une équipe de chercheurs de Bristol a réalisé une méta-analyse sur l’usage médical de cannabinoïdes, en étudiant 79 essais ayant englobé 6 500 participants. Leur travail suggère que le cannabis entraîne une amélioration variable selon les symptômes, mais qu’aucun des tests cliniques ne parvient à démontrer les bienfaits du cannabis avec le degré de certitude exigé d’un médicament conventionnel.

Que sait-on de l’opinion?

La France se distingue de ses voisins européens par sa situation paradoxale. Malgré une loi très répressive, la consommation de cannabis est la plus importante des pays de l’Union européenne. 17 millions de Français disent avoir consommé du cannabis en 2014.

Le modèle français de réduction des risques

Une société sans drogues a longtemps constitué un idéal sociétal, mais depuis le milieu des années 1980 et l’irruption de l’épidémie de sida qui a décimé les «toxicomanes utilisant la voie intraveineuse», l’éradication des drogues est considérée comme une utopie totalement irréaliste, voire potentiellement dangereuse. Marie Jauffret-Roustide revient sur les politiques publiques qui se donnent actuellement un objectif plus réaliste d’apprendre à vivre avec les drogues en les «domestiquant» afin d’en atténuer les principaux risques et dommages, par le biais du référentiel de la réduction des risques (RdR).

Vingt ans de soins

Quelques révolutions et plusieurs évolutions ont caractérisé ces 20 dernières années en matière de soins dans les addictions! Une aventure vécue par certains pionniers des années 1980, ouvrant le champ de nouveaux traitements avant que ces outils soient utilisés par le plus grand nombre. Comment évoquer ces multiples changements? À une description chronologique, nous avons préféré une description par champ, voire par produit, nous permettant quelques enthousiasmes et quelques perplexités!

Pour changer la loi, il faut sortir du sanitaire

La guerre à la drogue est un ectoplasme – «a boogyman» nous dit Ethan Nadelmann. Ce leurre politique devrait figurer un jour au rayon des curiosités historiques, entre les procès intentés aux animaux et la Grande Peur de 1789. Néanmoins, le caractère protéiforme de l’usage a donné des ailes aux amateurs de répression, étonnés eux-mêmes des possibilités offertes par ce droit de perquisition permanent de la liberté individuelle. Il permet de voguer de la contrainte sanitaire à l’incarcération de masse. Il s’autorise même quelques incursions militaires de type impérialiste, avant de revenir dans son bastion historique, l’ordre moral. Or c’est justement là que se situe la faille. Cette indécente puissance de feu s’avère extrêmement fragile dès lors que l’on ose s’aventurer sur le seul terrain jamais véritablement disputé aux tenants de la prohibition, la question du bien et du mal.

La cocaïne et le cannabis au cœur des bouleversements de l’offre de drogues illicites en France

Les années 1990 constituent un moment charnière pour l’offre de drogues en France. La rupture la plus importante concerne l’arrivée massive de la cocaïne latino-américaine sur le Vieux continent, tandis que les trafics d’héroïne, affectés par l’introduction des traitements de substitution en 1996, amorcent un déclin, qui ne sera toutefois pas définitif du fait de la persistance d’usages d’opiacés moins visibles que dans les années 1980. En outre, le marché de la résine de cannabis se pérennise, tandis qu’un certain nombre de signes annoncent des mutations, portant notamment sur le phénomène croissant des cultures industrielles de marijuana.

Vingt ans de non loi, ou les ambiguïtés persistantes de la réduction des risques (1996-2016)

La réduction des risques (RdR) ne s’est pas insérée sans heurts dans le paysage thérapeutique français et, réalisée après vingt ans de retard par rapport aux premières initiatives en Europe, aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni, la greffe fut plutôt douloureuse. Vingt ans après l’institutionnalisation de la substitution et la mise sur le marché du Subutex® (au 1er janvier 1996), la RdR reste paradoxalement cantonnée dans un statut semi-expérimental que les diverses évolutions législatives depuis n’ont pas vraiment contribué à clarifier.

Traitement de l’addiction, succès et challenges

À Paris, se sont tenues les 18 et 19 novembre 2016 les journées «Controverses, consensus et perspectives sur 20 ans de traitement de l’addiction aux opioïdes». Pour prendre toute la mesure de l’exception française en matière de traitements pharmacologiques de l’addiction aux opiacés (en France, méthadone et buprénorphine) ou french paradox, Jean-Pierre Daulouède nous invite à revenir 20 ans en arrière.