Que sait-on de l’opinion?

La France se distingue de ses voisins européens par sa situation paradoxale. Malgré une loi très répressive, la consommation de cannabis est la plus importante des pays de l’Union européenne. 17 millions de Français disent avoir consommé du cannabis en 2014.

Le modèle français de réduction des risques

Une société sans drogues a longtemps constitué un idéal sociétal, mais depuis le milieu des années 1980 et l’irruption de l’épidémie de sida qui a décimé les «toxicomanes utilisant la voie intraveineuse», l’éradication des drogues est considérée comme une utopie totalement irréaliste, voire potentiellement dangereuse. Marie Jauffret-Roustide revient sur les politiques publiques qui se donnent actuellement un objectif plus réaliste d’apprendre à vivre avec les drogues en les «domestiquant» afin d’en atténuer les principaux risques et dommages, par le biais du référentiel de la réduction des risques (RdR).

Vingt ans de soins

Quelques révolutions et plusieurs évolutions ont caractérisé ces 20 dernières années en matière de soins dans les addictions! Une aventure vécue par certains pionniers des années 1980, ouvrant le champ de nouveaux traitements avant que ces outils soient utilisés par le plus grand nombre. Comment évoquer ces multiples changements? À une description chronologique, nous avons préféré une description par champ, voire par produit, nous permettant quelques enthousiasmes et quelques perplexités!

Pour changer la loi, il faut sortir du sanitaire

La guerre à la drogue est un ectoplasme – «a boogyman» nous dit Ethan Nadelmann. Ce leurre politique devrait figurer un jour au rayon des curiosités historiques, entre les procès intentés aux animaux et la Grande Peur de 1789. Néanmoins, le caractère protéiforme de l’usage a donné des ailes aux amateurs de répression, étonnés eux-mêmes des possibilités offertes par ce droit de perquisition permanent de la liberté individuelle. Il permet de voguer de la contrainte sanitaire à l’incarcération de masse. Il s’autorise même quelques incursions militaires de type impérialiste, avant de revenir dans son bastion historique, l’ordre moral. Or c’est justement là que se situe la faille. Cette indécente puissance de feu s’avère extrêmement fragile dès lors que l’on ose s’aventurer sur le seul terrain jamais véritablement disputé aux tenants de la prohibition, la question du bien et du mal.

La cocaïne et le cannabis au cœur des bouleversements de l’offre de drogues illicites en France

Les années 1990 constituent un moment charnière pour l’offre de drogues en France. La rupture la plus importante concerne l’arrivée massive de la cocaïne latino-américaine sur le Vieux continent, tandis que les trafics d’héroïne, affectés par l’introduction des traitements de substitution en 1996, amorcent un déclin, qui ne sera toutefois pas définitif du fait de la persistance d’usages d’opiacés moins visibles que dans les années 1980. En outre, le marché de la résine de cannabis se pérennise, tandis qu’un certain nombre de signes annoncent des mutations, portant notamment sur le phénomène croissant des cultures industrielles de marijuana.

Vingt ans de non loi, ou les ambiguïtés persistantes de la réduction des risques (1996-2016)

La réduction des risques (RdR) ne s’est pas insérée sans heurts dans le paysage thérapeutique français et, réalisée après vingt ans de retard par rapport aux premières initiatives en Europe, aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni, la greffe fut plutôt douloureuse. Vingt ans après l’institutionnalisation de la substitution et la mise sur le marché du Subutex® (au 1er janvier 1996), la RdR reste paradoxalement cantonnée dans un statut semi-expérimental que les diverses évolutions législatives depuis n’ont pas vraiment contribué à clarifier.

Traitement de l’addiction, succès et challenges

À Paris, se sont tenues les 18 et 19 novembre 2016 les journées «Controverses, consensus et perspectives sur 20 ans de traitement de l’addiction aux opioïdes». Pour prendre toute la mesure de l’exception française en matière de traitements pharmacologiques de l’addiction aux opiacés (en France, méthadone et buprénorphine) ou french paradox, Jean-Pierre Daulouède nous invite à revenir 20 ans en arrière.

Vingt ans de réponse pénale à l’usage de stupéfiants

À l’image de l’UNGASS 2016, le consensus international autour de la «guerre à la drogue» semble affaibli, même si le paradigme prohibitionniste reste le référentiel dominant. En France, la loi de 1970 continue de faire débat, bien que toutes les propositions de réforme, d’initiative parlementaire ou intragouvernementale, soient restées sans suite.

Vingt ans d’évolutions de l’usage de drogues en France, héritages et nouvelles transformations

Entre les fantasmes et une réalité souvent complexe, l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) s’efforce depuis plus de 20 ans, en s’appuyant sur ses propres enquêtes et sur les données produites par d’autres institutions, de rendre lisibles ces phénomènes de manière réactive et, lorsque c’est possible, de les quantifier.

Cannabis : 84% des français jugent inefficace la législation actuelle

Dans un sondage réalisé à la demande de SOS-Addictions, du LIEPP de Sciences Po et du Cnam, 84% des français jugent inefficace la législation interdisant le cannabis pour limiter la consommation et le trafic. Ces chiffres ont été présentés à l’occasion du colloque du 10 octobre 2016 intitulé «Légalisation du cannabis: l’Europe est-elle condamnée à l’impasse», organisé au Sénat avec Esther Benbassa, sénatrice EELV.

Coca! Une enquête dans les Andes

Frédéric Faux, journaliste, correspondant en Amérique latine pour le Figaro, a vécu six ans au Salvador, en Amérique centrale, avant de s’installer en Bolivie en 2012. Il est l’auteur de «Les Maras, gangs d’enfants. Violences urbaines en Amérique centrale» (Autrement, 2006), et le coréalisateur, avec Hugo Van Offel, de «Qui a tué Christian Poveda?», diffusé en avril 2012 sur Canal Plus.

Sous le calme apparent, des pratiques à risques

Sterenn Bohelay, éducatrice spécialisée de formation, a travaillé pendant dix ans pour le Centre Rimbaud, structure basée à Saint-étienne (département de la Loire). Elle a coordonné pendant plusieurs années une action sur le territoire rural du Montbrisonnais autour de trois axes: le déploiement d’une consultation jeune consommateur (CJC), des interventions d’un collectif sur les lieux festifs et des interventions dans les établissements scolaires (collèges et lycées). Aujourd’hui, Sterenn Bohelay est chef de service en zone urbaine en Île-de-France dans un CSAPA et un CAARUD. Elle revient, pour Swaps, sur son expérience dans le milieu rural. Propos recueillis par Aurélie Lazès-Charmetant (CEID/TREND Bordeaux).

Légalisation du cannabis: l’Europe est-elle condamnée à l’impasse?

La sénatrice Esther Benbassa, la chaire d’addictologie du Conservatoire des Arts et Métiers, la chaire Santé de Sciences po et la Fédération Addiction organisent le 10 octobre 2016, en partenariat avec Vih.org, une rencontre d’experts, chercheurs et professionnels de la prévention, de la santé et du droit, pour faire avancer le débat sur la légalisation du cannabis. 

Nord de la Meuse: l’épidémie d’héroïne ignorée

L’usage de drogues en milieu rural est apparu assez récemment dans le questionnement public plutôt marqué par le trafic et les consommations dans les milieux urbains. L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) lui a consacré une investigation spécifique en 2012-2014 à partir du dispositif TREND. L’espace rural tel qu’il a pu alors être analysé reflète de grandes diversités dans l’usage de drogues en fonction des régions, de leur histoire de peuplement et de migration, de leur développement économique, industriel et urbain.

Midi-Pyrénées: Quand les usages de drogues touchent les petites villes et les campagnes

En 2011, le site TREND (Tendances récentes et nouvelles drogues) de Toulouse a lancé un travail d’investigation dans l’espace dit «rural» environnant la métropole toulousaine. Les nombreux mouvements de populations précaires vers les zones périurbaines et rurales dans un contexte de forte crise du logement dans la métropole toulousaine ont un impact certain sur les usages de drogues dans les milieux ruraux.

Contraintes et tactiques dans le développement de l’accès à la réduction des risques en «milieu rural»: l’exemple des microstructures

Les acteurs associatifs tentent de répondre aux besoins des usagers de drogues des communes périurbaines et rurales restés dans l’ombre des politiques publiques en créant progressivement des microstructures au plus proche de leurs lieux de vie, mais elles font face à des réticences à la fois politiques et des usagers eux-mêmes. Comment se faire accepter et garantir la pérennité?