L’impact de cette relation sur le fardeau du cancer du col de l’utérus est bien documenté. On en sait moins sur les cancers non cervicaux liés aux papillomavirus humains (HPV), notamment les cancers de l’anus, de l’oropharynx, du vagin, de la vulve et du pénis.

Chaque année, 925 522 (77% dans des pays en voie de développement) cancers liés à HPV surviennent, entrainant 463 770 décès. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) vise à vacciner 90% des filles de moins de 15 ans contre HPV, mais la couverture vaccinale mondiale est faible, avec 21% pour les filles et 7% pour les garçons. La couverture est particulièrement faible dans les pays où la prévalencePrévalence Nombre de personnes atteintes par une infection ou autre maladie donnée dans une population déterminée. du VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. est élevée. Le VIH multiple par 2 le risque d’acquisition de l’HPV et inversement.
Les auteurs ont cherché à évaluer le fardeau des cancers non cervicaux liés à HPV chez les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) et à modéliser l’impact potentiel d’une meilleure couverture vaccinale contre HPV dans le monde. Les auteurs ont recueilli des données épidémiologiques sur l’incidence du cancer dans 185 pays à partir de la base de données GLOBOCAN 2022. La prévalence du VIH a été recueillie auprès de l’Onusida 2022, qui analyse les taux spécifiques à chaque pays. Le nombre de cas de cancer a été combiné aux risques relatifs de développer chaque cancer et aux données de prévalence du VIH pour générer une fraction attribuable à la population, qui estime le nombre de cancers «attribuables» au VIH. Enfin, ils ont modélisé l’impact d’une meilleure couverture vaccinale en utilisant des estimations ponctuelles de l’efficacité des vaccins et les niveaux de couverture vaccinale contre HPV spécifiques à chaque pays fournis par l’OMS.
Globalement, ce fardeau présente des variations géographiques importantes: 29% de tous les cas de cancer non cervical liés à HPV en Afrique pourraient être attribuables au VIH, contre 5% dans le monde. Voici la proportion de ces différents cancers dans le monde.
Les auteurs ont montré que sur les 10 pays ayant le plus grand nombre de cancers attribuables au VIH, seuls deux avaient des taux de couverture vaccinale supérieurs à 50%. À l’échelle mondiale, leur modèle montre que si la couverture vaccinale non liée au genre augmente pour atteindre l’objectif de 90% fixé par l’OMS, 6 854 cas de cancer chez les PVVIHPVVIH Personne vivant avec le VIH seraient prévenus, soit plus du double du nombre actuellement évité.
Cette analyse renforce le consensus selon lequel les PVVIH méritent une attention particulière dans la prévention d’HPV. Des recherches supplémentaires sur l’efficacité du vaccin chez les PVVIH sont nécessaires pour éclairer les analyses futures. Des nouvelles recommandations sur le schéma vaccinal et le nombre de doses permettrait d’avancer.
D’après Wongkalasin N et al., abstr. 165, actualisé
Cet article a été précédemment publié dans le e-journal de la Lettre de l’infectiologue à l’occasion de la CROICROI «Conference on Retroviruses and Opportunistic Infections», la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes annuelle où sont présentés les dernières et plus importantes décision scientifiques dans le champs de la recherche sur le VIH. 2025. Nous le reproduisons ici avec leur aimable autorisation.