Comment caractériseriez-vous la cohorte ANRS CO22 HEPATHER ?
Pr Stanislas Pol: C’est d’abord un projet d’une très grande envergure puisqu’il est prévu d’inclure à terme 25 000 patients atteints d’hépatites virales B ou C. En nombre de patients, en volume de recherches, en moyens et en capacité à générer des résultats, c’est le plus important projet mis en œuvre sur ces pathologies. Il correspond à une mobilisation de l’ensemble des acteurs, notamment sur le plan institutionnel. Outre l’ANRS et son partenaire privilégié sur les hépatites, l’Association française pour l’étude du foie (AFEF), sont ainsi impliqués l’Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM), l’Institut de veille sanitaire (InVS), la Haute autorité de santé (HAS), la Direction générale de la santé (DGS), sans oublier les associations de patients. Nous avons également mis en place un nouveau type de partenariat avec les industriels, qui contribuent à son animation et à son financement dans le cadre de contrats de collaboration, garantissant un exercice de la recherche en toute indépendance. C’est donc un programme innovant sur le plan scientifique et organisationnel. Enfin, le fait d’avoir obtenu le label « Équipement d’excellence » dans le cadre du programme national investissement d’avenir de l’ANR illustre que ce projet est véritablement soutenu par la nation !
Comment se déroule le recrutement ?
Pr S. Pol: A la fin du mois de décembre 2014, près de 16 000 patients étaient inclus. Cela témoigne de la mobilisation des cliniciens. Parallèlement, autour du Pr Fabrice Carrat, responsable scientifique, d’Hélène Fontaine, co-investigatrice principale et de moi-même, le conseil scientifique et les quatre groupes thématiques mis en place sont très actifs dans la définition des priorités de recherches et la mise en œuvre de celles-ci.
Que faut-il attendre d’ANRS CO22 HEPATHER ?
Pr S. Pol: Nous allons disposer d’une masse très importante de données, grâce à la biothèque et aux dossiers cliniques très complets qui sont recueillis auprès des patients qui vont être suivis pendant 8 ans. Cela va nous permettre de répondre à de nombreuses questions cliniques et pré-cliniques. Je citerai à titre d’exemple l’évaluation dans la « vraie vie » de l’efficacité et de la tolérance des nouveaux antiviraux contre l’hépatite C. Il va être ainsi possible de connaître le bénéfice à long terme de la viro-suppression. Différents travaux de recherche devraient par ailleurs nous permettre d’améliorer la prise en charge et le pronostic de l’hépatite B. Avec la cohorte ANRS HEPATHER, nous disposons d’un outil unique d’une grande puissance dont je ne doute pas qu’il sera très productif à court, moyen et long terme.