La santé des gays intéresse-t-elle Marisol Touraine ?
Cet article a été publié dans la revue Minorités.org. Nous le reproduisons avec leur aimable autorisation.
Cet article a été publié dans la revue Minorités.org. Nous le reproduisons avec leur aimable autorisation.
Nous publions le texte de Gabriel Girard, chercheur en sciences sociales, et Xavier Mabire, doctorant en psychologie sociale, concernant l’étude ANRS IPERGAY, premier essai de prophylaxie pré-exposition intermittente, menée en France et au Québec.
Les constats sont convergents, qu’ils relèvent de la simple observation ou d’études1 Joubert M, Chauvin P, Facy F, Ringa V. Précarisation, risque et santé. Inserm 2001 : 395-412,2Péquart C, Lacoste M. La réduction des risques : aujourd’hui et demain. ADSP septembre 2007 ; 60 :56-60, sur la prévalence importante des troubles psychiques et problèmes d’addictions chez les personnes sans-abri. Les dispositifs d’Accueil hébergement insertion (AHI) se révèlent saturés ou inadaptés, et ni la psychiatrie publique, ni le dispositif de soin résidentiel en addictologie ne sont en mesure d’accueillir durablement ces publics.
La Suisse est parfois considérée comme un modèle de pragmatisme pour sa politique en matière de drogues. Selon certains zélateurs, elle aurait même fait office de « pionnier » dans un monde réfractaire à l’évidence scientifique qui démontre la pertinence de l’approche de la réduction des risques (RdR). Des résultats incontestables aux niveaux de la sécurité et de la santé publique auraient permis de convaincre la population de mettre en oeuvre une politique pragmatique. Si cette image d’Epinal peut contenir une certaine part de vérité, il convient de dépasser le cliché pour regarder plus précisément ce qui a permis des innovations dans ce domaine sensible. Pourquoi est-ce l’un des pays les plus conservateurs d’Europe qui développe des réponses « nouvelles » sur un sujet de société si sensible ?
« Aller vers »… les usagers de drogue pour mieux les connaître et leur offrir un soin qu’ils n’auraient peutêtre pas sollicité d’eux-mêmes. La logique peut sembler évidente : pourtant, elle eut du mal à s’imposer historiquement et institutionnellement, surtout en France où le système de soin spécialisé a longtemps été marqué par une grande rigidité et où la loi de 1970 faisait du toxicomane une victime ou un délinquant, mais pas un acteur légitime dans la mise en place d’un soin qui, pourtant, le concerne au premier chef.