Description
La grippe aviaire est une infection provoquée par des virus grippaux de type A, qui peut toucher presque toutes les espèces d’oiseaux, sauvages ou domestiques. Cette maladie complexe est causée par des virus divisés en de multiples sous-types (c’est-à-dire H5N1, H5N3, H5N8…). Elle est généralement asymptomatique chez les oiseaux sauvages, mais peut devenir fortement contagieuse et entraîner une mortalité extrêmement élevée dans les élevages industriels de poulets et de dindes, d’où son nom de «peste aviaire» ou «d’Ebola du poulet».
Le virus de la grippe aviaire infecte d’autres espèces animales comme le porc et d’autres mammifères, dont l’homme. Une quinzaine de virus influenza aviaires ont été capables d’infecter l’homme jusqu’à présent. Parmi eux, les virus influenza des sous-types H5N1 et H7N9, responsables du plus grand nombre de cas humains détectés à ce jour.
Les différentes souches de virus d’influenza aviaire peuvent être classées en deux catégories en fonction de la sévérité de la maladie chez les volailles :
- Influenza aviaire faiblement pathogène (IAFP) provoquant généralement peu ou pas de manifestations cliniques ;
- Influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) pouvant entraîner de graves manifestations cliniques et éventuellement des taux de mortalité importants.
Épidémiologie
Le virus de la grippe aviaire H5N1 a été repéré pour la première fois en 1997, lors d’une épidémie à Hong Kong, causant la mort de six personnes. Il est réapparu fin 2003, provoquant d’abord des épizootiesEpizootie Épidémie qui frappe les animaux. chez les volailles dans plusieurs pays d’Asie, suivies des premiers cas humains. Au niveau mondial depuis 2003, 873 infections humaines par des virus A(H5N1), dont 458 mortelles (taux de létalité de 52%), ont été notifiées à l’OMS.
Des contaminations sont régulièrement détectées chez plus d’une vingtaine d’espèces de mammifères sauvages et domestiques, terrestres et marins. Plusieurs cas humains ont également été identifiés depuis 2021 (Angleterre, Chine, États-Unis, Équateur, Laos, Nigéria, Russie, Vietnam), des cas principalement infectés par le sous-type H5N1 et H5N6.
S’il n’existe pas encore de transmission interhumaine, les capacités élevées de mutation et de réassortiment des virus influenza n’excluent pas l’émergence d’un tel virus, ce qui pourrait le cas échéant être à l’origine d’une épidémie, voire d’une pandémie liée à ces virus. (Voire notre article: L’OMS alerte sur la transmission accrue de la grippe aviaire aux mammifères.)
Symptômes
Chez les oiseaux, le virus, hautement pathogène, peut causer:
- Comportement inhabituel, tremblements ou manque de coordination;
- Enflure autour de la tête, du cou et des yeux;
- Manque d’énergie ou de mouvement;
- Toux, éternuements ou difficulté à respirer;
- Diarrhée;
- Mort subite.
La maladie peut être propagée entre élevages et basses-cours par contacts directs entre oiseaux, domestiques et sauvages, contacts indirects à travers du matériel, des personnes, des fientes, du lisier, des résidus d’élevage.
Chez l’homme, les symptômes de l’influenza aviaire sont similaires à ceux de la grippe humaine courante et peuvent comprendre une fièvre, une toux, des douleurs musculaires, un mal de gorge, des infections oculaires et des infections respiratoires graves, y compris une pneumonie.
La transmission à l’homme se fait par inhalation de poussières ou d’aérosols contaminés, ou par contact lors de la manipulation d’oiseaux infectés (plumage, éviscération, etc.). L’exposition dans les élevages, les basses-cours ou sur les marchés de volailles vivantes constitue le principal risque d’infection, l’exposition lors de baignades dans des eaux contaminées a également été documentée comme facteur de risque. Le risque de contamination de l’homme par la consommation de viande, œufs, foie gras et plus généralement de tout produit alimentaire, est considéré comme nul ou négligeable.
Prévention et traitement
Le ministère de l’Agriculture recommande des mesures de prévention pour toutes les personnes susceptibles d’être en contact étroit avec des oiseaux infectés ou avec des sous-produits animaux contaminés (cadavres): éleveurs, vétérinaires, transporteurs, personnels techniques ou encore agents des mairies et des collectivités locales, agents des fédérations des chasseurs et toute personne susceptible d’intervenir dans la collecte des animaux morts ou étant exposée aux oiseaux.
S’il n’existe pas aujourd’hui de vaccin, il existe en revanche deux antiviraux efficaces contre les virus grippaux «classiques» ou aviaires. Ces molécules inhibent l’activité d’une enzyme du virus, la neuraminidase. Elles peuvent être utilisées en traitement curatif, et l’une d’elle en traitement préventif.
Depuis le printemps 2022, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande la vaccination contre la grippe saisonnière des professionnels exposés aux virus influenza aviaires et porcins. Une telle vaccination ne permet pas de réduire l’infection par un virus influenza d’origine animale. En effet, le vaccin contre la grippe saisonnière ne contient pas de souche virale aviaire ou porcine, mais vise à réduire le risque d’émergence d’un nouveau virus mieux adapté à l’homme en cas de co-infection d’une personne par un virus aviaire et un virus humain.
Une campagne de vaccination des canards d’élevage devrait débuter à l’automne 2023 en France. (Voir notre article: Grippe aviaire: surveiller et vacciner l’animal face à un risque émergent pour l’homme.)
Surveillance
En France, le centre national de référence (CNR) des Virus des infections respiratoires (dont la grippe) à l’institut Pasteur, est un centre collaborateur du Réseau H5 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il contribue à la surveillance épidémiologique constante de la grippe aviaire.
La plateforme ESA (épidémiosurveillance en santé animale) surveille plus de vingt thématiques sanitaires, couvrant les principaux dangers sanitaires dans de nombreuses filières de production, ainsi que dans la faune sauvage. Elle édite un bulletin de surveillance international hebdomadaire.
En raison de la crise provoquée par l’influenza aviaire, l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) a organisé en mai 2023 son premier Forum de la santé animale, entièrement consacré à cette maladie. Le Forum a servi de plateforme aux experts internationaux ainsi qu’aux représentants du secteur privé et des pouvoirs publics afin de permettre des échanges concernant les défis actuels et les perspectives de lutte contre l’influenza aviaire. Le rapport complet de l’OMSA est disponible en ligne.
Sources : ANRS, ESA, Institut Pasteur, OMS, OMSA.