La stratégie du désastre appliquée par Trump aux agences d’État

La stratégie du choc menée par le président Trump, entré en fonction le 20 janvier, est perceptible jusque dans les données de santé publique du gouvernement américain : le 31 janvier, les sites des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) sont devenus inaccessibles, parmi d’autres.

L’agence a décidé de se conformer aux décrets émis par le président Donald Trump, qui interdisent tout travail lié à des sujets tels que l’identité de genre, la diversité, l’équité et l’inclusion. Les pages du site des CDC portent ainsi un bandeau d’avertissement : « CDC’s website is being modified to comply with President Trump’s Executive Orders. »

Des pans entiers de données ont été mis hors ligne, notamment celles liées à la surveillance du VIH, à un indice de vulnérabilité sociale, aux résultats d’enquête du Youth Risk Behavioral Surveillance System, aux données sur le CovidCovid-19 Une maladie à coronavirus, parfois désignée covid (d'après l'acronyme anglais de coronavirus disease) est une maladie causée par un coronavirus (CoV). L'expression peut faire référence aux maladies suivantes : le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) causé par le virus SARS-CoV, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) causé par le virus MERS-CoV, la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) causée par le virus SARS-CoV-2. long ou au Comité consultatif sur les pratiques de vaccination (ACIP).

Les conseillers des Centers for Disease Control and Prevention ont écrit à la directrice par intérim de l’agence lui demandant d’expliquer la suppression brutale des informations et des données des sites des CDC, et d’en donner une date de restauration. Le conseil d’administration de l’Association des journalistes de santé a adressé une lettre aux directeurs par intérim du CDC et du Département de la santé pour demander que l’accès aux données de santé soit restauré afin que les journalistes puissent « donner au public des informations essentielles et en temps voulu sur la santé ».

Cette « apocalypse des données », selon la virologue Angela Rasmussen s’adressant à Science a créé un électrochoc dans la communauté scientifique, certains chercheurs ont tenté d’archiver eux-mêmes les données. Certains se sont tournés vers la Wayback Machine, qui compte près de 50 millions de pages gouvernementales archivées.

Contrer l’apocalypse

Parallèlement, le président américain coupe les vivres pendant 90 jours à l’aide internationale (USAID) et aux programmes de lutte contre le sidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. comme le Plan présidentiel d’urgence d’aide à la lutte contre le sida (Pepfar). Si pour l’heure, le secrétaire d’État, Marco Rubio, a approuvé une « dérogation humanitaire d’urgence », permettant aux personnes de continuer à accéder aux traitements contre le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. ces initiatives ne rassurent personne, ni les scientifiques ni les associations.

L’International Aids Society tient une série de webinaires cette semaine (du 4 au 7 février) afin de récolter des informations, de partager des expériences et d’organiser la riposte avec les parties menacées par l’arrêt de l’aide américaine. Par ailleurs, une enquête PEPFAR Stop Work Order Pulse Check, menée par un groupe d’universitaires et de militants, cherche à mesurer les impacts de l’arrêt du programme. Elle s’adresse à toute personne dont l’organisation reçoit des fonds du Pepfar (par l’intermédiaire de l’USAID, des CDC ou d’une autre agence) pour fournir des services liés au VIH.

L’Onusida estime que si Pepfar était définitivement arrêté, il y aurait environ 6,3 millions de décès supplémentaires liés au sida, 3,4 millions d’orphelins du sida, 350 000 nouvelles infections au VIH chez les enfants et 8,7 millions de nouvelles infections supplémentaires chez les adultes d’ici à 2029 – ce qui rendrait impossible l’élimination du sida en tant que menace pour la santé publique d’ici à 2030.

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La stratégie du choc a été théorisée par Naomi Klein dans un ouvrage de 2007, sous-titré « la montée d’un capitalisme de désastre ». La journaliste démontre l’existence d’opérations concertées dans le but d’assurer la prise de contrôle de la planète par les tenants d’un ultralibéralisme tout-puissant. Ce dernier met à contribution crises et désastres pour substituer aux valeurs démocratiques la seule loi du marché et la barbarie de la spéculation.