La SPILF réagit à la stratégie nationale de santé

La Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) a saisi l’opportunité d’adresser ses commentaires à propos du projet de Stratégie nationale de santé (SNS) pour les dix prochaines années. Tout en soulignant le caractère ambitieux et visionnaire de la SNS, la SPILF met en évidence certaines lacunes et domaines clés qui méritent d’y être intégrés.

De façon générale, la Société de pathologie infectieuse de langue française estime que la part réservée aux maladies infectieuses est réduite. Les crises sanitaires ne sont abordées que sous la forme de pandémies et émergences alors que les virus hivernaux «classiques» représentent la cause principale de déstabilisation du système de santé. Le problème de l’antibiorésistance n’est jamais évoqué alors qu’il s’agit de l’une des priorités de santé publique et que la démarche «One Health», plusieurs fois citée dans le texte, est particulièrement importante sur ce sujet.

En corollaire, le bon usage des anti-infectieux n’est jamais évoqué alors que malgré les progrès observés, la France reste l’un des pays européens les plus consommateurs d’antibiotiques. La SPILF souhaite une stratégie nationale de prévention des infections associées aux soins et de l’antibiorésistance, avec un chapitre clairement identifié, en accord avec la «stratégie nationale de prévention des infections et de l’antibiorésistance» portée par le ministère de la Santé et des Solidarités.

En termes de santé sexuelle, la SPILF met en évidence la nécessité de renforcer la prévention des infections sexuellement transmissibles, notamment par la vaccination HPV, et d’améliorer la prise en charge. Certes, la vaccination HPV est désormais proposée aux élèves des collèges, mais la SPILF espère à l’horizon 2030, 80 % de couverture vaccinale anti-HPV chez les filles grâce à une prise en charge facilitée, en élargissant les missions des CeGIDDCeGIDD Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) des infections par les virus de l'immunodéficience humaine, des hépatites virales et des infections sexuellement transmissibles. Ces centres remplacent les Centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) depuis le 1er janvier 2016.

La contribution de la SPILF plaide en faveur de mesures de prévention et de dépistage pour les populations migrantes précaires, en simplifiant les procédures administratives et en valorisant l’implication des professionnels de santé, par exemple des centres de santé dans les centres d’hébergement.

Le texte souligne le besoin de consultations de suivi pour les conséquences à long terme des maladies infectieuses sévères et appelle au développement de la recherche dans ce domaine. En bref: améliorer la prévention des infections, la gestion de l’antibiorésistance, la vaccination et la préparation aux émergences sanitaires sont des priorités insuffisamment adressées par la SNS.