Congrès de l’ESCMID 2025 à Vienne: la valse des infections (ré)émergentes

Du 11 au 15 avril 2025, la conférence de l’ESCMID rassemble à Vienne le gratin de l’infectiologie mondiale pour une journée dédiée à l’enseignement le 11, et 4 jours intenses de présentations (keynote, sessions scientifiques, open forums, symposiums, posters, etc.) dans 16 halls et 3 arènes de Messe à Vienne (Autriche)…

« Pour un avenir plus sain, nous devons lutter contre les infections en collaborant au-delà des frontières et des disciplines. » Robert Skov, président de l’ESCMID.

La dernière fois que nous étions à Vienne, à deux heures de Paris, c’était en 2010 (même si certains d’entre nous y étaient pour suivre la 62e session de la Commission des stupéfiants de l’ONUDC). Vih.org s’appelait alors Transcriptases (cf. image) et nous couvrions, dans un numéro spécial d’un rouge de combat, la XIIIe conférence internationale sur le sida en partenariat avec l’ANRS 1. Vingt-cinq ans après, l’ANRS est devenue l’ANRS-MIE pour Maladies infectieuses émergentes et c’est grâce à son soutien que vih.org couvre cette conférence de l’ESCMID 2, ouverte à l’ensemble des maladies infectieuses. Une première pour notre petite équipe rédactionnelle qui suit la mue de notre site, débutée bien avant la crise sanitaire du covid vers les émergences et le concept de One Health.

Couverture du n° 144 de Transcriptases

Un congrès pléthorique

Plus de 8 000 experts en infectiologie sont en effet à Vienne du 12 au 15 avril, pour un congrès où les échanges porteront notamment sur la grippe aviaire, l’apport d’Internet et de l’IA à la prévention, la révolution de la métagénomique (EW078, 0S037), la recherche vaccinale contre les virus (ré)émergents (0S107, LB001), les arboviroses les retombées infectiologiques des migrations (EF040), les aspects éthiques de la lutte contre le VIH (F0050), le spectre des IST à l’heure de la PrEP et de la Pep par antibiotiques (SY067, EP111), le fardeau mouvant des infections respiratoires saisonnières (grippe, VRS, SARS-CoV-2, métapneumovirus…) (0S032, 0S046, JS1), etc. Des spécialistes venus du monde entier aborderont aussi la perte d’efficacité constatée dans plusieurs pays pour nombres d’antibiotiques, faisant de l’antibiorésistance l’un des challenges du One Health et la poussée dans le monde des infections nosocomiales. Il est même une session sur les risques infectieux des… WC (SY060) !

L’ESCMID produit aussi régulièrement des guidelines toujours très attendues, comme celles sur la prise en charge des encéphalites ou des endocardites. Impossible de tout couvrir, d’autant que le programme est particulièrement riche, à tel point qu’il est compliqué de naviguer dans l’e-book ou sur le site, avec une multitude de codes couleurs sans hiérarchisation ni datation accessible aisément. Le moteur de recherche et le Top 10 des communications orales est un atout. Permettant au passage de suivre la production française.

Les Frenchies et les autres

Ainsi dès samedi 12 avril, nous suivrons Slim Fourati (Virologie, Hôpital Henri Mondor, Créteil 3) qui se retrouve dans le Top 10 des communications orales de la journée (OS032) avec la « caractérisation virologique des infections à VRS (virus respiratoire syncytial) après la percée du nirsevimab dans une étude observationnelle multicentrique en situation réelle en France ». Le nirsevimab, cet anticorps monoclonal à longue durée d’action, a révolutionné la prévention des infections à VRS chez l’enfant (approuvé en 2023 par l’agence européenne du médicament et son équivalente américaine, la Food and Drug Administration) avec plus de 210 000 doses administrées au cours de l’hiver 2023/2024 chez des enfants âgés de moins d’un an en France.

On suivra le même jour Paul Loubet qui couvre le congrès pour nos amis de la Lettre de l’infectiologue (Maladies infectieuses, CHU de Nîmes) pour une communication orale sur les « caractéristiques de l’infection à métapneumovirus humain par rapport au virus respiratoire syncytial et aux infections grippales chez les adultes hospitalisés pour maladie grippale en France, 2012-2022 ». Et bien sûr, nous suivrons aussi des Italiens, des Allemands, des Anglais…. Avec cette question à la marge du programme: l’Europe de l’infectiologie répondra-t-elle sous une forme ou sous une autre à la menace trumpienne sur la santé globale ?

  1. Les numéros spéciaux de Transcriptases (Vienne, Washington, Vancouver, Genève, Durban, Barcelone, Bangkok, Toronto, Mexico) avec l’ANRS et/ou le Journal du sida sont consultables sur https://vih.org/kiosque/?revues=transcriptases. ↩︎
  2. Créée en 1983, la Société européenne de microbiologie clinique et des maladies infectieuses (ESCMID en anglais) est la principale société savante d’infectiologie en Europe, du laboratoire à l’épidémiologie en passant par la clinique et la prévention. L’ESCMID compte 11 500 membres affiliés au sein de 77 sociétés nationales et internationales. Depuis la crise covid-19 elle a pris un essor important dans la lutte contre les infections émergentes et dans l’approche One Health. Le premier pays contributeur est la Grande-Bretagne (1049 membres) loin devant la France (486). Les États-Unis fournissent 723 membres de cette société européenne. ↩︎
  3. Consulter l’activité et les algorithmes de résistance sur https://virusfrenchresistance.org/ ↩︎