Le mpox

Le mpox est une maladie virale proche de la variole, causée par un virus qui, comme celui de la variole, fait partie du groupe des orthopoxvirus. La maladie affecte principalement les singes et les rongeurs, mais peut également infecter les humains. En 2022, une épidémie mondiale a mis en lumière cette zoonose relativement mal connue.

Description et épidémiologie

Le mpox a été identifié pour la première fois en 1970 chez l’homme, en République démocratique du Congo. Depuis, la variole simienne continue de survenir dans les pays d’Afrique centrale et occidentale, avec une épidémie majeure en 2017 au Nigéria et une augmentation de l’incidence ces dernières années en République démocratique du Congo, avec près de 6 000 cas par an. Deux cladesClade Variants. distincts sont identifiés : le cladeClade Variants. ouest-africain et le clade du bassin du Congo ou clade centrafricain.

En dehors de ces zones endémiques, une petite, mais singulière épidémie a été enregistrée au Texas en 2003. À l’origine, on trouve une cargaison de 800 petits mammifères venus du Ghana importée illégalement au Texas. Des rats géants africains, des loirs, des écureuils à corde ont été infectés par le virus de la variole du singe, rapportent les CDC (Centers for Disease Control and Prevention). Certains de ces rongeurs malades ont été acquis par un vendeur d’animaux de l’Illinois, placés près de chiens de prairie qui ont contracté la variole du singe avant d’être revendus chez des particuliers comme animaux de compagnie.

Depuis des cas humains importés ont été diagnostiqués au Royaume-Uni, Singapour, Israël et aux États-Unis entre 2018 et 2021.

En mai 2022, des cas ont été signalés en Europe, en premier lieu en Grande-Bretagne, et en Amérique du Nord, sans notion de voyage dans un pays où survient habituellement cette maladie et sans contact avec une personne ayant voyagé dans un de ces pays. Elle a concerné en particulier les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), dont certains avaient assisté aux mêmes événements dans différents pays.

L’OMS l’a alors déclarée «urgence de portée internationale» en juillet 2022, appelant une mobilisation internationale, avec une approche One Health, pour initier des efforts de recherche dans toutes les directions. En France, la maladie a rejoint la cohorte des maladies à déclaration obligatoire pour permettre de suivre l’évolution des cas.

Réservoirs

La «variole du singe» tire son nom, impropre, de la première espèce chez qui elle a été observée, mais les réservoirs du virus sont plus probablement les rongeurs : écureuils, rats gambiens, loirs, différentes espèces de singes. On ne connait pas l’hôte principal.

L’OMS a décidé de débaptiser le monkeypox en novembre 2022 pour le renommer «mpox» et éviter les stigmatisations envers les HSHHSH Homme ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes. 

Transmission

La transmission interhumaine se produit à l’occasion d’un contact étroit et prolongé en face à face, par des gouttelettes respiratoires ou par contact direct avec une personne infectée, à travers les fluides corporels, les lésions cutanées de la maladie ou les muqueuses internes comme la bouche, ainsi que par des objets que le malade a contaminés, comme des vêtements ou du linge de lit.

Symptômes

L’incubation de la maladie peut aller de 5 à 21 jours.
La maladie se caractérise par une éruption cutanée souvent précédée ou accompagnée de fièvre, de maux de tête, de douleurs musculaires et de ganglions.
L’éruption cutanée commence généralement sur le visage, puis se propage à d’autres parties du corps. Les lésions se présentent d’abord sous forme de taches rosées qui évoluent rapidement en vésicules, puis en pustules, puis en croûtes. Dans la récente flambée épidémique, une présence plus importante des lésions touchant les muqueuses génitales a été signalée chez les patients HSH.

La maladie guérit le plus souvent spontanément, au bout de 2 à 3 semaines, parfois 4 semaines. Des formes durables sur plusieurs semaines ont été rapportées dans l’épidémie de 2022. Rarement, des cas graves (atteinte oculaire, myocardite, formes neurologiques…) peuvent survenir, en particulier chez les personnes immunodéprimées, les PVVIHPVVIH Personne vivant avec le VIH les femmes enceintes et les jeunes enfants.

Les personnes vaccinées contre la variole (nées avant 1977, en France) ont semblé moins à risque de développer des formes graves, ce vaccin entraînant une protection partielle (estimée à 85 %).

Dans les pays où le virus circule activement, jusqu’à une personne sur 10 peut décéder suite à une infection par le virus, la plupart des décès survenant dans les groupes d’âge les plus jeunes. Lors de l’épidémie survenue aux États-Unis en 2003, aucun décès n’est survenu parmi les 81 cas diagnostiqués.

Ce qui frappe les cliniciens dans l’épidémie de 2022, ce sont les manifestations différentes de ce qui a été rapporté précédemment :

  • Le nombre de lésions cutanées qui peut-être très variable, de 1 à >200 (11,2 % ne présente qu’une seule lésion, BMJ 2022)
  • La localisation des lésions cutanées est inhabituelle, souvent génitales, anales ou périanales. Des exanthèmes diffus pouvant simuler d’autres ISTIST Infections sexuellement transmissibles.  comme la syphilis
  • Les localisations oropharyngées non décrites auparavant : 43 % (LID 2022)
  • Atteintes très douloureuses et inflammatoires (rectite++) parfois en soi un motif d’hospitalisation
  • Formes sévères ou graves rares : myocardite, kératite, encéphalite, panaris, dysphagie… soit 3 % d’hospitalisations
  • Des formes longues
  • Répercussions socio-professionnelles (arrêt de travail de 21 jours pour respecter la période d’isolement, conséquences esthétiques, sociales, tentatives de suicide…) et une réelle stigmatisation où l’homophobie est bien présente.

Diagnostic et traitement

L’infection est suspectée selon le contexte épidémiologique et après avoir écarté d’autres maladies à éruption cutanée – varicelle, rougeole –, les infections bactériennes cutanées, la gale, la syphilis et les allergies médicamenteuses.

La confirmation diagnostique de variole simienne est biologique, notamment par qPCR ou RT-PCR (prélèvements cutanés ou naso-pharyngé en cas de poussée éruptive dans la bouche ou la gorge). Le mpox a été classé en France dans la liste des micro-organismes hautement pathogènes (MOT), classification qui a compliqué le suivi des patients et le diagnostic, initialement possible dans les seuls centres de référence.

Source

Le traitement vise essentiellement à soulager les symptômes (en particulier la douleur) et à prévenir ou traiter les complications (surinfection et cicatrices).
Pour les patients atteints d’une forme grave de la maladie (après discussion collégiale, en fonction de la symptomatologie, des complications et du terrain du patient), le Tecovirimat est le traitement à utiliser en première intention. Cet antiviral est utilisé dans le traitement des infections aux orthopoxvirusOrthopoxvirus Famille de virus à laquelle appartiennent la variole, la vaccine et le monkeypox (mpox).
L’ANSM a élaboré deux notes d’information relatives au traitement par Tecovirimat, utilisé contre le virus. Le Haut Conseil de santé publique a émis deux avis concernant les différentes thérapeutiques disponibles (antiviraux, immunoglobulines spécifiques, plasmas hyper-immuns) contre l’infection chez l’homme au virus mpox.

Vaccination et surveillance épidémiologique

En France, la Haute Autorité de santé a recommandé en mai 2022 «la mise en œuvre d’une stratégie vaccinale réactive en post-exposition avec le vaccin de 3e génération uniquement (…) administré idéalement dans les 4 jours après le contact à risque et au maximum 14 jours plus tard avec un schéma à deux doses (ou trois doses chez les sujets immunodéprimés), espacées de 28 jours» pour les personnes «adultes contacts à risque d’exposition au Monkeypox».

Ces vaccins de 3e génération ont été recommandés pour :

  • les hommes ayant plusieurs partenaires sexuels masculins
  • les personnes trans ayant plusieurs partenaires sexuels
  • les personnes exerçant le travail du sexe
  • les personnes travaillant dans les lieux de consommation sexuelle
  • les professionnels de santé exposés.

Entre janvier 2022 et le 14 août 2023, 89 308 cas de mpox confirmés en laboratoire ont été signalés à l’OMS dans 113 pays, occasionnant 152 décès.
Plus de 96 % (78 580 / 81 640) des cas analysables étaient des hommes d’âge médian 34 ans.

Un nombre important de cas ont été signalés par la Chine ce mois de juillet 2023. Selon les informations partagées avec l’OMS, les principales caractéristiques des cas en Chine sont similaires à celles de l’épidémie mondiale. Toutes les personnes impliquées sont des hommes adultes, principalement des HSH. La présentation clinique prédominante implique des symptômes tels que fièvre, éruption cutanée et lymphadénopathie sans aucun cas grave ni décès documenté.

Cette épidémie soudaine a justifié une réponse de santé publique importante. L’OMS a ainsi publié en juillet 2023 une note d’orientation : «Répondre à l’épidémie mondiale de mpox : questions et considérations éthiques» complétée par l’adoption fin août de recommandations permanentes émises par le Directeur général de l’OMS dans le cadre du règlement sanitaire international. L’OMS prépare un cadre stratégique mondial pour renforcer le contrôle et parvenir à l’élimination de la transmission interhumaine du mpox (2023-2027), qui fait l’objet d’un processus consultatif avec les États membres de l’OMS, les partenaires et les parties prenantes.

La recherche française s’est mobilisée : le projet PANAFPOX (lire notre article), multidisciplinaire avec une approche One Health, a pour but d’apporter de nouveaux éclairages sur le mpox dans 4 pays d’Afrique, endémiques pour le mpox (République démocratique du Congo, Cameroun) ou à haut risque d’émergence (Bénin, Guinée), pour documenter l’extension de l’infection par le virus mpox en populations humaines et animales, et évaluer le risque épidémique et de dissémination mondiale de cette zoonose émergente.

Ce projet fait partie de l’un de ceux sélectionnés par l’ANRS-MIE dans le cadre d’un appel à projets “flash” en 2022. Le mpox figure dans la liste des pathogènes prioritaires pour l’ANRS dans le cadre du nouvel appel à projets ReCH-MIE 2023-2.

Lire notre dossier mpox