Guillain-Barré : urgence sanitaire au Pérou

L’OMS alerte ce 26 juillet 2023 sur une augmentation des cas de syndromes de Guillain-Barré au Pérou. Cette maladie neurologique de sévérité clinique variable, parfois mortelle, survient le plus souvent après une infection des voies respiratoires ou gastro-intestinales.

Le 26 juin 2023, le Centre national d’épidémiologie, de prévention et de contrôle des maladies (CDC) du Pérou a émis une alerte en raison d’une augmentation inhabituelle des cas de syndrome de Guillain-Barré (SGB) dans différentes régions du pays. Selon les données (hors « épidémie » de 2019), le nombre mensuel moyen de cas de SGB enregistrés est inférieur à 20 cas suspects par mois à l’échelle nationale. Entre le 10 juin et le 15 juillet 2023, 130 cas suspects de SGB ont été signalés. Parmi eux, 44 ont été confirmés. Cette augmentation du nombre de cas observés est plus élevée que prévu, indique l’OMS dans son alerte du 26 juillet (en anglais).

Les manifestations cliniques des 130 cas signalés comprennent une infection gastro-intestinale, une infection respiratoire et de la fièvre. De plus, 72,3 % (94 cas) présentaient une progression vers une manifestation neurologique (paralysie). Le dernier bilan du ministère péruvien de la Santé fait par ailleurs état de quatre morts.

Cas de Syndrome de Guillain-Barré au Pérou en 2021, 2022 and 2023 (semaine 28), OMS et National Center for Epidemiology, Prevention and Disease Control (CDC) Peru-Peru. The situation of Guillain Barré syndrome -Peru, 2023

La présidence de la République du Pérou, a déclaré une urgence sanitaire nationale pour une durée de trois mois, en raison de l’augmentation inhabituelle des cas. Il a renforcé la mise en œuvre des réponses de santé publique début juillet 2023: intensification de la surveillance et des mesures de prévention, communication auprès des professionnels de santé et de la population.
À ce jour, la cause potentielle de l’incidence inattendue du SGB fait toujours l’objet d’une enquête.

Un lien avec d’autres épidémies

La multiplication de cas de syndrome de Guillain-Barré au Pérou intervient alors que le pays fait face à une épidémie de dengue. Le taux de cas dans le pays est le deuxième mondial, après le Brésil, en hausse de 365 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années selon l’Organisation panaméricaine de la Santé (OPS).

En 2016, une équipe de chercheurs français a mis en évidence le lien entre une infection au virus Zika, transmis par le moustique et l’apparition de ce syndrome. Ils s’étaient appuyés sur les données de l’épidémie de virus Zika en Polynésie française entre 2013 et 2014 et la recrudescence du syndrome pendant cette même période. Selon leur étude publiée dans le Lancet, le risque de développer un SGB a été estimé à 2,4 pour 10 000 infections par le virus Zika. Autres facteurs déclenchants : les infections à Campylobacter, la mononucléose infectieuse, le SARS-CoV-2 et le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi.

L’OMS conseille de maintenir la surveillance continue de l’incidence et des tendances des troubles neurologiques, en particulier du SGB, afin d’identifier les variations par rapport à leurs valeurs de référence et de mettre en œuvre des protocoles pour une meilleure prise en charge des patients. Il n’existe actuellement aucun remède connu pour le SGB.

Le syndrome de Guillain-Barré est une maladie neurologique aussi appelée polyradiculonévrite aiguë, rare. D’après l’OMS, le syndrome est une affection dans laquelle le système immunitaire du patient s’attaque à une partie du système nerveux périphérique du corps humain. Il peut atteindre par exemple les nerfs qui commandent les muscles, mais aussi ceux qui transmettent les sensations de douleur, de chaleur ou du toucher.

Chez certains sujets, ces symptômes peuvent évoluer pour aller jusqu’à une paralysie des jambes, des bras ou des muscles du visage. Chez 20% à 30% des patients, on observe une atteinte des muscles thoraciques, rendant la respiration difficile.
Dans les cas graves, la capacité à parler et à déglutir peut être touchée. Considérés comme exposés à un risque vital, ces cas doivent être traités dans des services de soins intensifs.