1 – « Les symptômes du mpox sont en fait ceux du zona et seraient un effet secondaire du vaccin contre le Covid-19Covid-19 Une maladie à coronavirus, parfois désignée covid (d'après l'acronyme anglais de coronavirus disease) est une maladie causée par un coronavirus (CoV). L'expression peut faire référence aux maladies suivantes : le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) causé par le virus SARS-CoV, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) causé par le virus MERS-CoV, la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) causée par le virus SARS-CoV-2. .»
C’est faux, évidemment. C’est l’une des fake news les plus partagées sur les réseaux sociaux, notamment sur X (ex-Twitter). On peut citer par exemple ce tweet du 15/08/2024 par un profil avec une image de la première dame de France affublée d’un masque simien (!): «Le pneumologue allemand, Dr Wolfgang Vodarg: Ce qu’on nous vend comme la variole du singe est dans la plupart des cas ce qu’on appelle le zona; l’un des effets secondaires les plus fréquents du vaccin CovidCovid-19 Une maladie à coronavirus, parfois désignée covid (d'après l'acronyme anglais de coronavirus disease) est une maladie causée par un coronavirus (CoV). L'expression peut faire référence aux maladies suivantes : le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) causé par le virus SARS-CoV, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) causé par le virus MERS-CoV, la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) causée par le virus SARS-CoV-2. La variole du singe est commercialisée pour cacher les effets secondaires du vaccin Covid.»
Cette fausse information regroupe plusieurs tendances qu’on retrouve dans d’autres épidémies ou pandémies:
- le négationnisme du virus, alors que ce dernier a été isolé en 1958, chez des singes de laboratoire, à Copenhague, ce qui a donné le nom initial à la maladie (variole du singe) aujourd’hui rebaptisée mpox;
- le fait que la maladie est mal ou pas diagnostiquée, ce qui reste malheureusement vrai dans les pays ou régions qui n’ont pas accès aux tests;
- la prétendue similitude avec le virus du zona, alors que la sémiologie et les lésions sont totalement différentes et faciles à distinguer, celles du zona pouvant ressembler aux vésicules de la varicelle issue du même virus VZV;
- et enfin, un lien avec le courant conspirationniste «anti-vaX», avec la mise en cause des vaccins Covid, que ce soit les vaccins ARNm Moderna/Pfizer ou le vaccin adénovirus d’AstraZeneca. Rappelons qu’aucun lien causal n’a été établi entre la vaccination Covid et la réactivation du virus Varicelle Zona (VZV), en dehors de rares cas survenus chez des immunodéprimés.
Derrière toute fake news, on trouve quasi systématiquement un ou plusieurs scientifiques et médecins tombés dans l’errance complotiste. Dans ce cas, il s’agit du Dr Wolfgang Vodarg, ancien médecin de bord sur des bateaux, devenu médecin généraliste à Flensburg, en Allemagne. Il fut aussi député SPD au Bundestag de 1994 à 2009 avant, semble-t-il, de changer à 180° de bord politique. Il a acquis sa notoriété par ses prises de position anti-vaccin durant la pandémie Covid-19. Il est derrière l’une des plus grosses fake news sur les vaccins ARN messager anti Sars-CoV-2 : celle selon laquelle ce vaccin provoquerait l’infertilité chez les femmes en ciblant la protéine syncytine-1 nécessaire à la formation du placenta. Une fausse information, infirmée par de nombreuses publications scientifiques indiscutables en Europe et aux États-Unis, mais qui fut suffisamment puissante pour que les États-Unis commandent au moins 2 études cas-contrôle sur la fertilité, masculine et féminine. Études qui ont confirmé l’absence de différence en termes de fertilité masculine et féminine entre vaccinés et non vaccinés. L’impact négatif de cette rumeur fut pourtant important : la Kaiser Family Foundation a révélé que 13% des femmes non vaccinées aux États-Unis l’étaient à cause de cette fausse information reliant vaccination Covid et infertilité.
2 – «La variole du singe a été fomentée par le grand capital et notamment par Bill Gates.»
Non, évidemment. Le mpox n’est pas une construction du grand capital ou d’un laboratoire sauvage. Cette rumeur diffusée sur les réseaux sociaux est partie d’un exercice de simulation de pandémie sur papier. En mars 2021, le NTI (pour Nuclear Threat Initiative), organisation à but non lucratif nord-américaine spécialisée dans la simulation d’épidémie et la prévention du risque nucléaire et bactériologique, a organisé une simulation d’épidémie de variole du singe dans le cadre de ses missions. Dans le rapport complet publié en novembre 2021, l’ONG explicite cet exercice de modélisation «sur table», destiné à examiner les différences de réponses en termes de biosécurité.
Comme dans le cas du Covid, le hasard des dates a favorisé les rumeurs puisque cette simulation d’épidémie avait choisi non seulement le mpox comme agent transmissible, mais était programmée en mai 2022. Caractère aggravant pour les complotistes, le NTI compte, parmi ses nombreux contributeurs, une de leurs cibles privilégiées, la fondation Bill et Melinda Gates.
Rappelons qu’en France, le mpox est classé MOTMicro-organismes et Toxines hautement pathogènes Les agents désignés sous l’appellation « MOT » sont des agents pathogènes humains et des toxines qui présentent un risque pour la santé humaine, en cas de rejet éventuel, accidentel ou intentionnel, dans l’environnement. Une réglementation spécifique régit les opérations de production, fabrication, transport, importation, exportation, détention, offre, cession, acquisition et emploi de MOT. depuis 2012 par arrêté, c’est-à-dire agent hautement transmissible, et donc candidat possible à une guerre bactériologique. Le NTI, via son site, a répondu point par point aux différents éléments de cette fake news. NTI l’écrit très clairement: «le fait que plusieurs pays connaissent actuellement une multiplication des cas de variole du singe est une pure coïncidence. Ce qu’il faut en retenir ce n’est pas le pathogène en particulier (choisi) dans notre scénario fictif, mais le fait que le monde n’est absolument pas préparé à de futures pandémies et que nous devons agir uniquement pour pallier cette faiblesse.» Le scénario de 2021 simulait une attaque au mpox dans une ville fictive appelée Brinia, qui entraînait 1421 cas et 4 décès. Dans la réalité, l’épidémie de l’été 2022 a fait 99 176 cas et 208 décès, dans 16 pays.
Comme le relève AFP Factuel, on retrouve trace de cette fake news sur site le Courrier des Stratèges, sous-titré «Ensemble défendons nos libertés», qui entend apporter «la preuve d’une planification et d’une propagation volontaire d’une nouvelle épidémie. Le but : faire peur aux citoyens et les amener à la vaccination». Cette rumeur alarmiste a beaucoup été reprise sur les réseaux sociaux utilisés en l’Afrique, comme s’inquiète Congo Check, premier site d’information spécialisé en factchecking en République démocratique du Congo: cette deuxième fake news «est peut-être la plus dangereuse, puisqu’ils disent que c’est une maladie que les occidentaux, donc les blancs en fait, ont apporté pour exterminer les populations africaines».
Fort de ses 53 journalistes dans 3 pays, Congo Check répond au coup par coup aux fake news et souhaite, notamment via la radio, apporter les messages d’informations et le décryptage de la désinformation jusqu’aux villages les plus retirés, comme Kamituga dans le sud Kivu (RDC), berceau actuel du cladeClade Les clades désignent les variations d’un même virus qui ont divergé au gré des mutations génétiques. Ib du Mpox. Le site explique combien cette rumeur pose un réel problème pour les missions humanitaires, puisqu’à cause du relais de plusieurs pasteurs et chamans, l’aide vaccinale apportée d’Europe et des États-Unis est associée au diable, et convoque la «punition divine».
Sur le réseau Telegram, on trouve ce type de commentaire: «Après avoir étudié la littérature scientifique de ces deux dernières années, il me semble très évident que les réactions vésiculo-bileuses attribuées au virus de la variole du singe (jamais isolé), sont des conséquences directes des injections coque vide au graphène1NDR: Ces «injections coque vide au graphène» est le nom donné au vaccin covid dans les milieux antiVax..»
Tant pis si le virus mpox est isolé quotidiennement, par exemple en France au Centre national de référence (CNR) ou si le graphène, avec ses qualités de super conducteur, est l’un des plus prometteurs pour les technologies du futur, dans la médecine comme dans l’aéronautique. Les anti-vaccins, redoutant d’être « magnétisés » à distance après une vaccination, continuent de se tourner vers les théories du complot.
3 – «En décrétant le niveau le plus élevé de l’alerte internationale, l’OMS a annoncé une vague de confinement.»
Non, aucun confinement n’a été annoncé, et aucun n’est prévu. Par deux fois, l’OMS a déclaré que le mpox constituait une urgence de santé publique de portée internationale, en juin 2022 puis en août 2024, cette fois face à la recrudescence des cas en RDC et à cause de l’apparition du nouveau clade Ib. L’urgence de santé publique de portée internationale répond à une définition bien précise : la situation doit être grave, soudaine, inhabituelle, inattendue, avoir des implications pour la santé publique qui dépassent les frontières nationales de l’État affecté et nécessiter une action internationale immédiate (lire notre article).
En aucun cas, le confinement n’a été évoqué par l’OMS, notamment parce que la transmission par aérosol est exclue (dans l’état actuel des connaissances, bien sûr), à la différence de la pandémie Covid. La transmission interhumaine du mpox se fait par contact entre une personne infectée et une personne saine, soit par contact direct, soit par transmission par gouttelettes. Une vidéo détournée de Donald Trump, concernant le Covid et datant d’août 2023, circule pourtant toujours, mettant le monde en garde face à la future mise en place de confinements mpox, jamais annoncés.
4. « La France nous cache des cas de mpox clade Ib pour minimiser l’ampleur de l’épidémie.»
Non. À l’heure où s’écrivent ces lignes, en Europe, seule la Suède a déclaré un cas de mpox 1b.
RFI, dans sa rubrique Info Vérif, répond à cette théorie du complot et publie l’image utilisée, celle d’un homme avec d’énormes pustules sur le visage censé avoir contracté le mpox en France. Cette image, vue plus de 2 millions de fois en ligne, provient du compte TikTok d’un formateur en secourisme baptisée lvprvention. En fait, l’homme s’est maquillé pour faire de la prévention autour des maladies contagieuses.
5 – «Il existe un traitement miracle contre le mpox, mais il est n’est pas disponible parce que ce n’est pas rentable pour les laboratoires.».
Encore une fois, c’est faux. Cette thèse conspirationniste populaire sur les réseaux s’appuie sur les propos de Didier Raoult, connu pour les fausses informations qu’il a relayées sur le Covid. Une vidéo du médecin marseillais de 2022, fait référence au tranilast®, un médicament antiallergique, et à une étude chinoise publiée le 11 mars 2019 dans Medical Virology sur le screening de 767 molécules approuvées en thérapeutique dans un modèle souris. Cette étude, si elle conclut effectivement à une activité anti-vaccine (un autre orthopoxvirus) du mycophénolate mofétil et du tranilast chez la souris, mais pas sur le virus mpox, non étudié. Le tranilast, approuvé en 1982 au Japon et en Chine contre l’asthme, n’a jamais fait l’objet de la moindre étude clinique sur l’homme contre le mpox.