Arrêtée précocement au deuxième semestre 2022, l’étude ANRS 174 DOXYVAC, initiée en 2021, avait montré l’intérêt de la prise de doxycycline après un rapport sexuel pour faire baisser le risque d’infections sexuellement transmissibles (IST) bactériennes. La spécificité de cette étude était de proposer, dans un essai croisé prospectif randomisé, l’évaluation d’une prise de doxycycline (200 mg) au plus dans les 72h après un rapport sexuel en prophylaxie post-exposition (PEP) des ISTIST Infections sexuellement transmissibles. bactériennes d’une part, d’autre part celle de la vaccination contre le méningocoque B par Bexsero® (4CMenB) en prévention de la survenue d’infections à gonocoque pour des raisons de parenté antigénique.
Que nous apprend DOXYVAC ANRS-174 ? L’incidence de la syphilis et des infections à CT baisse de façon significative, suivant en cela les premières données obtenues dans l’essai ANRS-Ipergay (ce qui a motivé l’arrêt de l’étude par le comité de surveillance) : le taux de protection est supérieur à 80%. Pour le vaccin Bexsero®, la réduction d’incidence de gonocoque est de l’ordre de 50%, mieux qu’attendu.
La doxycycline en PEP est bien tolérée par les participants et l’adhésion autodéclarée est élevée : le taux d’utilisation est proche de 80% et le délai médian de prise après le rapport est de 27h. Les auteurs n’ont pas observé de changement important dans les comportements sexuels des participants au cours de l’étude. L’efficacité de la PEP par doxycycline contre chlamydia et syphilis dépasse 80%, et elle est de 51% pour l’infection à gonocoque, ce qui est en soi une surprise compte tenu du niveau de résistance du gonocoque aux tétracyclines en France. Les données concernant l’induction ou non de résistances et de sont encore attendues. La vaccination apporte une protection de 51% de l’infection à gonocoque.
Ce sont donc désormais 3 grandes études qui ont montré une réduction significative des IST chez les HSH (IPERGAY, DOXYPEP et DOXYVAC).
Mpox : un vaccin très efficace
La flambée épidémique du mpox dans les pays du Nord a poussé les équipes à inclure dans l’essai DOXYVAC un volet dédié à l’étude de l’impact du vaccin anti-variolique Modified Vaccinia Ankara (MVA-BN) sur l’incidence du virus mpox chez les HSH prenant la PrEP ; cette population étant particulièrement exposée à cette épidémie déclenchée en dehors de ses régions endémiques en Afrique en mai 2022 dans la population HSH.
L’équipe de recherche a ainsi pu constater que la seule vaccination contre le virus mpox en 2022 était associée à une réduction du risque de développer la maladie avec une efficacité de 99%. «Ce vaccin apporte un haut niveau de protection contre le virus mpox», précise le Pr Jade Ghosn (université Paris Cité, service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Bichat-Claude-Bernard, AP-HP), co-investigateur de l’étude Doxyvac et à l’initiative de la mise en place du volet «mpox» dans l’étude.
L’impact du changement de comportement était difficile à évaluer dans une population qui a eu beaucoup recours au vaccin (87% des personnes). Notons toutefois que, parmi ceux qui n’ont pas eu d’infection à mpox, la proportion de personnes ayant eu plus de 10 partenaires sur une période de 3 mois a diminué entre la période pré-épidémique et la période épidémique (jusqu’au et après le 8 mai 2022).
Les cas de mpox ont touché des personnes plus jeunes (37 ans contre 40 ans), qui avaient eu plus de partenaires sexuels dans les trois mois précédents (7 contre 5), et qui ont été moins vaccinés contre la variole pendant l’enfance (4 % contre 23 %), sachant que 20% des participants à ce volet avaient reçu un vaccin antivariolique durant l’enfance.
Des données qui confirment donc celles présentées par le CDC, il y a quelques mois, qui indiquaient que l’incidence du mpox était 14 fois plus élevée chez les personnes non vaccinées.
Bibliographie
ANRS 174 DOXYVAC: an open-label randomized trial to prevent STI in MSM on PrEP
Jean-Michel Molina, Béatrice Bercot, Lambert Assoumou, Michèle Algarte-Genin, Emma Rubenstein, Gilles Pialoux, Christine Katlama,, Laure Surgers, Cécile Bébéar, Nicolas Dupin, Jean-Paul Viard, Juliette Pavis, Claudine Duvivier, Jade Ghosn, Dominique Costagliola, CROICROI «Conference on Retroviruses and Opportunistic Infections», la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes annuelle où sont présentés les dernières et plus importantes décision scientifiques dans le champs de la recherche sur le VIH. 2023
Impact of vaccination on mpox incidence in MSM on PrEP in the ANRS 174 DOXYVAC trial
Jade Ghosn, Lambert Assoumou, Moussa Ouattara, Michèle Algarte-Genin, Emma Rubenstein, Gilles Pialoux, Christine Katlama, Laure Surgers, Claudine Duvivier, Juliette Pavis, Jean-Paul Viard, Séverine Gibowski, Manon Ollivier, Dominique Costagliola, Jean-Michel Molina, CROI 2023