Les chiffres 2019 des IST en France

Le nombre de tests de dépistages des infections sexuellement transmissibles bactériennes a continué d’augmenter en 2019, ce qui est en soi une bonne nouvelle puisque le dépistage est le premier pas vers le traitement. Mais les chiffres de l’année 2020 indiquent que le dépistage des IST a aussi souffert de l’impact du Covid-19.

Les chiffres communiqués par Santé publique France pour la syphilis et les infections à gonocoque proviennent du réseau de cliniciens volontaires RésIST, qui exercent essentiellement dans les CeGIDDCeGIDD Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) des infections par les virus de l'immunodéficience humaine, des hépatites virales et des infections sexuellement transmissibles. Ces centres remplacent les Centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) depuis le 1er janvier 2016. Les chiffres des infections à Chlamydia trachomatis proviennent eux du système national des données de santé (SNDS) et sont basés sur un algorithme permettant d’associer le remboursement d’un test et celui du remboursement d’un traitement antibiotique adapté. 

La syphilis

Commençons par une bonne nouvelle. En 2019, 2,6 millions de dépistages de la syphilis ont été réalisés par les laboratoires du secteur privé, soit une augmentation de 22% par rapport à 2017. Et le nombre de diagnostics de syphilis récente, soit moins de un an, rapporté dans le réseau de cliniciens RésIST, a diminué de 7% en 2019. Il était stable entre 2016 et 2018. On observe cette diminution chez les hommes ayant des rapports avec les hommes (HSH) et chez les hommes hétérosexuels.

Évolution du nombre de cas de syphilis récente selon l’orientation sexuelle,
réseau RésIST, France, 2012-2019. Source : Santé publique France.

Il faut savoir que les hommes représentent 92% des cas de syphilis récente, et que les HSHHSH Homme ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes.  représentent 80% de ces cas. L’âge médian au diagnostic est de 35 ans, il est plus élevé chez les hommes, avec 36 ans pour les HSH et 35 ans pour les hommes hétérosexuels, que chez les femmes où il est de 28 ans.

Infection à gonocoque

En 2019, les personnes diagnostiquées pour une gonococcie sont majoritairement des HSH, avec 74% des cas. Les hommes représentent 86% des cas déclarés d’infection à gonocoque. Le nombre de diagnostics d’infection à gonocoque continue d’augmenter (+21%) par rapport à 2017 et cette augmentation s’observe uniquement chez les HSH, avec +29%. Une faible diminution est observée chez les personnes hétérosexuelles, de -4%. 

Évolution du nombre de gonococcies selon l’orientation sexuelle,
réseau RésIST, France, 2012-2019. Source : Santé publique France.

Parmi les HSH, 83% sont nés en France et 17% à l’étranger. Ces proportions sont respectivement de 91% et 9% chez les femmes hétérosexuelles.

En 2019, 2,2 millions de dépistages du gonocoque ont été réalisés par les laboratoires privés, soit une augmentation de 58% par rapport à 2017. 

Infection à Chlamydia trachomatis (Ct)

Entre 2017 et 2019, le nombre de diagnostics d’infection à Ct a augmenté de 29%. Cette progression est plus marquée chez les femmes de 15 à 24 ans, avec une hausse de 41%, mais elle est tout de même de +38% chez les hommes, et de +45% notamment ceux de 15-29 ans.

Le taux national de diagnostics est de 243 cas pour 100 000 habitants âgés de 15 ans et plus, plus élevé chez les femmes, avec 329 pour 100 000. Ce taux est beaucoup plus élevé chez les femmes de 15 à 24 ans, qui connaissent 781 cas pour 100 000 habitants. Chez les hommes, ce taux est de 148 pour 100 000 et de 290 pour 100 000 chez les 15 à 29 ans.


Taux de dépistage des infections à Chlamydia trachomatis en secteur privé
(pour 1 000 personnes de 15 ans et plus), France, 2012-2019. Source : SNDS.

Le nombre de dépistage est là encore en hausse, avec, en 2019, 2,5 millions de dépistages d’infection à Chlamydia trachomatis réalisés par le secteur privé, soit une augmentation de 20% par rapport à 2017.

L’impact du Covid-19Covid-19 Une maladie à coronavirus, parfois désignée covid (d'après l'acronyme anglais de coronavirus disease) est une maladie causée par un coronavirus (CoV). L'expression peut faire référence aux maladies suivantes : le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) causé par le virus SARS-CoV, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) causé par le virus MERS-CoV, la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) causée par le virus SARS-CoV-2. sur les ISTIST Infections sexuellement transmissibles.  bactériennes

Les données du SNDS montrent une baisse importante de l’activité de dépistage de ces IST sur la période mars-mai 2020 correspondant au premier pic de l’épidémie de Covid-19. Ces chiffres connaissent normalement des fluctuations mensuelles, avec notamment une diminution importante au mois de décembre. Cette baisse-là n’avait jusqu’à présent jamais été observée à cette période de l’année.

Nombre mensuel de dépistages de 3 IST (syphilis, infections à Chlamydia trachomatis et à gonocoque) en secteur privé chez les personnes de 15 ans et plus,
France, janvier 2018-août 2020. Source : SNDS.

Le nombre de dépistages réalisés a diminué globalement de 58% entre février et avril 2020, avec une diminution de 61% du nombre de dépistage pour les infections à Ct, de 60% pour les infections à gonocoque et de 54% pour la syphilis. Ces diminutions ont été plus marquées chez les hommes que chez les femmes, notamment pour la syphilis, où on observe une baisse respective de 70% et 46%.

La reprise de l’activité de dépistage de ces trois IST observée en juin —+12% par rapport à juin 2019— ne permet pas d’espérer un rattrapage des tests non effectués. En effet, de juillet à août 2020, le nombre de dépistages a à nouveau diminué par rapport à ceux de 2019 sur la même période, en perdant 6%. 

Comme pour les dépistages manqués du VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. ces chiffres laissent craindre un retard au dépistage et donc au traitement des personnes atteintes, et donc le risque de voir ces IST circuler encore plus dans la population.