CHALO !, Une intervention via les réseaux sociaux permet d’améliorer le taux de dépistage chez les MSM de Mumbaï, Inde
CHALO! A social media based peer-delivered intervention increases HIV testing in men who have sex with men in Mumbai, India: a randomized trial. V.V. Patel, United States
Le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. affecte particulièrement les MSM en Inde, avec une pénalisation des relations homosexuelles, et l’absence de lieux de socialisation gay qui permettent de joindre facilement les MSM. Mais les réseaux sociaux sont de plus en plus utilisés et c’est une occasion unique de pouvoir atteindre cette population. La question est de savoir comment intervenir. Cette étude a eu lieu à Mumbai, en partenariat avec le réseau LGBT local HUMSAFAR. L’intervention CHALO vise les MSM de plus de 18 ans sexuellement actifs, avec la délivrance de messages (15 messages sur 12 semaines). Les messages ont été élaborés par un collectif concerné, avec des messages « approche » (approach) et des messages « évitement » (avoidance). WhatsApp, Facebook privé, ou email, avec des liens vers des sites Internet. L’efficacité de l’intervention est mesurée via le taux de dépistage et l’’utilisation déclarée des préservatifs : les patients ont été randomisés pour recevoir un type de message ou l’autre. Ils étaient un peu indemnisés pour la participation à l’étude, et le taux de complétion est bon. Les messages « avoidance » paraissent faire un peu mieux en terme de dépistage et on n’observe pas de différence concernant l’utilisation des préservatifs. Les limites sont le fait que tout était autodéclaré, et qu’il pouvait y avoir une contamination entre les bras.
L’accès à l’auto-test VIH permet de doubler la fréquence du dépistage chez les hommes gay ou bi à haut risque en Australie
Access to HIV self-testing doubles the frequency of HIV testing among gay and bisexual men at higher risk of infection: a randomised controlled trial – M.S. Jamil – Australia
En Australie, la population MSM représente 70% des nouveaux dépistages, et la prévalencePrévalence Nombre de personnes atteintes par une infection ou autre maladie donnée dans une population déterminée. y est de l’ordre de 10%, mais la fréquence des tests chez ceux qui restent à haut risque reste inférieure à ce qui est recommandé. L’essai FOURTH teste la faisabilité et l’efficacité du test ORAQUICK (sur la fréquence du dépistage), fourni gratuitement, avec comme critère principal le nombre de tests réalisés dans les 12 mois. Le critère d’inclusion est d’être un MSM avec plus de 5 partenaires dans les 3 mois ou des rapports anaux non protégés. Les patients étaient randomisés « autotest » versus « suivi standard ». Le nombre maximum d’autotests délivrés était de 12 sur 12 mois (4 autotests donnés à la 1ère visite). Les participants devaient compléter une enquête trimestrielle ; 362 patients ont été randomisés, avec un très bon taux de suivi (> 90%) dans les deux bras. Chez les patients du bras AT, il n’y a pas de diminution du nombre de tests standards réalisés en laboratoire par rapport au bras labo seul, que les patients aient été récemment testés avant l’entrée dans l’étude ou non. Pour les patients du bras autotest, il y a une nette augmentation du nombre de test réalisés au cours de 12 mois suivant l’inclusion, qui passent à plus de 4 tests/an contre un peu moins de deux pour ceux qui ne se voient pas proposés l’AT. Il n’y a pas de diminution du dépistage des autres ISTIST Infections sexuellement transmissibles. dans le groupe AT. L’acceptabilité des tests est très bonne. Les patients randomisés dans le groupe sans AT sont passés dans le bras AT à 12 mois etl‘étude se poursuit, notamment avec des données coût-efficacité. On peut donc dire que la fourniture gratuite du test Oraquick, à court terme, double la fréquence de dépistage du VIH chez les MSM à haut risque (NDR : ce n’est pas avec notre test à 28€ pièce qu’on va y arriver…).
En Afrique du Sud rurale, conseil et dépistage communautaires volontaires identifient avec succès les personnes infectées par le VIH éligibles pour un traitement ARV
Community-based voluntary counselling and testing successfully identifies HIV-positive ART eligible individuals in rural South Africa – S. Shenoi, United States
Cette étude a été menée dans la zone rurale de Tugela Ferry dans le Kwazulu Natal. Le projet combine conseils et dépistages ambulants autour de la tuberculose et du VIH. L’équipe intervient dans différents lieux : évènements municipaux, prisons, autour des écoles secondaires (pour le personnel ou les personnes attendant les élèves), lieux de collecte des allocations (retraite, allocations familiale…). Un peu plus de 12 000 personnes ont bénéficié du dépistage, avec 30% d’hommes (43% dans le groupe 15-25 ans). Un des meilleurs indicateurs dans ce domaine est le nombre de personnes à dépister (NPD) pour mettre en évidence une infection. En dépistant autour des écoles secondaires, le NPD est le moins bon (59), alors qu’il n’est que de 5.5 au niveau des prisons. Les acteurs de risque d’être positifs sont l’âge jeune, le sexe féminin, des symptômes et bien sur de se connaître déjà positif pour VIH, ce qui représente tout de même la moitié des 1400 « dépistés » positifs. Le dépistage communautaire volontaire est une intervention efficace qui permet d’identifier les patients à des stades plus précoces que dans les structures de soins. Les lieux de dépistages les plus « rentables » en terme de nombre de personnes dépistées positives sont les évènements municipaux pour les femmes et les stations de bus/taxi pour les hommes. L’analyse excluant ceux qui se connaissent déjà positifs est en cours (elle pourrait changer les résultats…). Les raisons pour lesquelles les personnes se refont tester ne sont pas très claires (le programme dure depuis 6 ans et on croit comprendre qu’il y a des « habitués »).
Faire la promotion du dépistage du partenaire masculin ou du couple en distribuant des auto-tests versus intervention classique : un essai randomisé
Promoting male partner and couples HIV testing through secondary distribution HIV self-tests: a randomized trial – H. Thirumurthy, S. Masters, B. Obonyo, S. Napierala Mavedzenge, S. Maman, E. Omanga, K. Agot – Kenya
Au Kenya, 62% des hommes ont été dépistés au moins une fois et 80% des femmes, et 62% des femmes infectées et 48% des hommes connaissent leur statut : il est donc important d’augmenter fortement le dépistage. Des études antérieures ont montré la très bonne acceptabilité de l’autotest (AT). Cette essai contrôlé randomise « invitation du partenaire à être testé dans une structure de soins » versus « remise de d’autotest pour un dépistage à la maison ». Il concerne des femmes enceintes ou dans la première année du suivi post-natal. Dans le groupe AT, les femmes recevaient 2 autotests destinés à leur partenaire (deux tests afin de pouvoir faire un test de couple, même si les femmes ont déjà été testées dans la structure de soins), et une démonstration de l’utilisation ; dans le groupe contrôle, les femmes reçoivent un flyer expliquant l’intérêt du dépistage du partenaire et comment venir le faire (intervention standard en Afrique du Sud). Les femmes étaient contactées tous les mois pendant trois mois, pour estimer taux de dépistage du conjoint, discussion autour du VIH au sein du couple et estimer d’éventuelles violences en rapport avec l’intervention). 2 000 patientes ont été screenées, 614 étaient inéligibles (notamment connaissance préalable du statut VIH + de leur conjoint), 715 ont décliné et finalement 600 femmes ont été randomisées : 52% du groupe contrôle contre 95% du groupe autotest ont réalisé le test (majoration de 40% avec les autotests). Il n’y a qu’une femme dans chaque groupe qui rapporte une violence liée à la discussion autour du test (mais ces deux femmes subissent en fait déjà des violences quotidiennes…).
Impact de la stratégie « Tester et traiter » sur l’incidence du VIH en Afrique du Sud rurale : essai ANRS 12249 TASPTasp «Treatement as Prevention», le traitement comme prévention. La base du Tasp a été établie en 2000 avec la publication de l’étude Quinn dans le New England Journal of Medicine, portant sur une cohorte de couples hétérosexuels sérodifférents en Ouganda, qui conclut que «la charge virale est le prédicteur majeur du risque de transmission hétérosexuel du VIH1 et que la transmission est rare chez les personnes chez lesquelles le niveau de charge virale est inférieur à 1 500 copies/mL». Cette observation a été, avec d’autres, traduite en conseil préventif par la Commission suisse du sida, le fameux «Swiss statement». En France en 2010, 86 % des personnes prises en charge ont une CV indétectable, et 94 % une CV de moins de 500 copies. Ce ne sont pas tant les personnes séropositives dépistées et traitées qui transmettent le VIH mais eux et celles qui ignorent leur statut ( entre 30 000 et 50 000 en France).
The impact of universal test and treat on HIV incidence in a rural South African population: ANRS 12249 TasP trial, 2012-2016 – François Dabis, for the ANRS 12249 TasP Study Group – France
L’essai ANRS TasP évalue une stratégie « test and treat » (T&T), selon une méthode randomisée en clusters dans une zone rurale du Kwazulu-Natal. Vingt-deux clusters ont été sélectionnés, avec une localisation GPS de tous les foyers, visite à domicile pour recueillir le consentement, proposition de tests semestriels, orientation des personnes dépistées positives vers les centres de santé situés à moins de 45 minutes de marche. Dans le groupe contrôle les patients sont traités selon les recommandations en cours an Afrique du Sud (qui ont évolué avec le temps), dans le groupe intervention (T&T), ils sont traités tout de suite quel que soit le stade clinique et les CD4. Les résultats de la phase préliminaire de faisabilité sont sous presse (Iwuji Plos One August 9 2016) mais des résultats partiels ont déjà été publiés (Boyer et al. AIDS care 2016). Le dépistage s’est avéré positif pour la 1ère fois chez 3 565 sur 12 449 dans le groupe T&T et 4 179 sur 13 912 dans le groupe contrôle, soit près de 30% de prévalence de nouveaux tests positifs dans chaque groupe. La proportion d’entrée en soins est de loin le point faible de la chaine : très mauvaise à 3 mois (28 et 29%), un peu meilleure à 12 mois (47% dans les deux groupes), mais les résultats sont très bons pour ceux qui entrent en soins et sont traités – 95% de charges virales indétectables à un an. Les résultats bruts montrent que l’on ne diminue pas l’incidence dans les couples (2.27 personnes/années dans le groupe contrôle et 2.13 dans le groupe T&T, mais par contre que la stratégie permet de dépister plus de 90% de l’ensemble des personnes vivant dans les foyers, et que ceux qui se rendent dans les centres de santé ont de très bon résultats. Les analyses futures doivent particulièrement s’intéresser à la raison pour laquelle le taux de prise en charge post test est aussi faible (il se traduit finalement par une faible différence de couverture antivirale entre la stratégie «tester et traiter» et la stratégie classique.
Cet article a été publié sur le site du COREVIH Bretagne. Nous le reproduisons avec l’autorisation de l’auteur.