H. Mehanna et ses collègues ont analysé les études épidémiologiques sur ces carcinomes réalisées dans plusieurs pays développés. Les données chiffrées confirment l’augmentation du nombre de ces cancers ainsi que leur origine.
Aux Etats-Unis, entre 1999 et 2006, leur incidence a augmenté de 22% (de 1,53 à 1,87 cas pour 100 000). Au Royaume-Uni, entre 1989 et 2006, elle a augmenté de 51% chez les hommes (de 7 à 11 pour 100 000).
Une enquête suédoise a confirmé l’origine virale de ces cancers. Cette étude rétrospective a montré l’augmentation progressive, au cours des trente dernières années, de la présence d’un HPV dans les biopsies réalisées lors de ces carcinomes. La recherche d’un HPV était positive à 23,3% en 1970, 29% en 1980, 57% en 1990, 68% entre 2000 et 2002, 77% entre 2003 et 2005, 93% entre 2006 et 2007. Une étude américaine corrobore ces résultats en montrant une prévalencePrévalence Nombre de personnes atteintes par une infection ou autre maladie donnée dans une population déterminée. actuelle des HPV dans 60 à 80% des biopsies contre 40% dans les dix années précédentes.
Pratiques sexuelles orogénitales
Pour les auteurs, ces carcinomes oropharyngés dus aux HPV forment une nouvelle entité. Leur pronostic est plus favorable Deux études récentes montrent une survie à deux ans significativement meilleure dans les tumeurs de stade III et IV dues à un HPV de type 16 que dans les tumeurs d’autres origines, en particulier chez les non-fumeurs (87,5% et 95% contre 67,2% et 62%).
La contamination est essentiellement due à des pratiques sexuelles orogénitales. L’analyse de huit études observationnelles internationales a permis de comparer 5642 cas de cancers de la tête et du cou avec 6069 cas-témoins. Le risque de développer un carcinome oropharyngé est associé à un nombre d’au moins six partenaires sexuels au cours de la vie (OR = 1,25 ; CI = 1,01 à 1,54) ou à un nombre d’au moins quatre partenaires « oraux » (OR = 3,36 ; CI = 1,32 à 8,53) et, pour les hommes, à la précocité du premier rapport sexuel (OR = 2,36 ; CI = 1,37 à 5,05).
Les auteurs soulignent les implications de ces données épidémiologiques en terme de santé publique et de vaccination contre le HPV. Pour l’instant réservée aux filles, celle-ci les protège du carcinome oropharyngé. Une étude américaine datant de 2009 concluait que cette vaccination n’était pas coût-efficace chez les garçons. Mais tenir compte de l’incidence en hausse de ces cancers liés aux HPV devrait sérieusement modifier cet équilibre financier et la vaccination des garçons avant l’entrée dans la vie sexuelle pourrait prendre une autre importance.
>Oropharyngeal carcinoma related to human papillomavirus / H. Mehanna et all. – British Medical Journal, 25 mars 2010. – BMJ 2010;340:c1439