Le virus West Nile est un arbovirusArbovirose Les arboviroses sont des maladies virales dues à des arbovirus transmis obligatoirement par un vecteur arthropode (moustique, moucheron piqueur, tique) à des hôtes vertébrés (mammifères, oiseaux), d’où leur nom adapté de l’anglais : ARthropod-BOrne virus. du genre Flavivirus, comme les virus de la dengue, du zika ou de la fièvre jaune. Il est transporté par des oiseaux migrateurs. Le cycle de vie du virus implique un insecte vecteur – le moustique commun, nocturne – et un réservoir animal, l’oiseau. Le cheval et l’homme sont des hôtes accidentels qui ne contribuent pas au cycle de cette zoonose, mais constituent des culs-de-sac épidémiologiques, ne pouvant pas transmettre le virus à un nouveau moustique.
Le virus infecte l’homme accidentellement, par piqûre de moustique infecté, mais l’infection peut être transmise par l’intermédiaire de certains produits de santé d’origine humaine (transfusion sanguine ou transplantation d’organes, de tissus ou de cellules). Des cas de transmission de la mère à l’enfant durant la grossesse, l’accouchement et l’allaitement ont également été décrits.
Épidémiologie
Le virus du Nil occidental – son nom français – a été isolé pour la première fois en 1937, dans le district West Nile, en Ouganda. En 1953, on l’a retrouvé chez des oiseaux dans la région du delta du Nil en Égypte. En France, une épizootieEpizootie Épidémie qui frappe les animaux. a été signalée en 1962-1963 en Camargue chez des chevaux, avec plusieurs cas humains associés.
Avant 1997, on ne considérait pas que le virus était pathogène pour les oiseaux, mais, cette année-là, une souche plus virulente a provoqué en Israël la mort d’oiseaux de différentes espèces, présentant des signes d’encéphalite et de paralysie. Cette affection oubliée pendant des décennies refait surface : la période 1996-2000 marque son retour en force, et elle fait maintenant partie de l’actualité sanitaire de nombreux pays du bassin méditerranéen.
En 1999, un virus circulant en Tunisie et en Israël a été importé à New York, provoquant une flambée de grande ampleur qui s’est propagée les années suivantes à tout le territoire continental des États-Unis d’Amérique. Depuis, il s’est propagé et il est désormais largement installé au Canada et au Venezuela. En 2002, le virus a contaminé 4 156 personnes dans 44 États américains et tué 284 d’entre elles. En 2003, il a touché 9 862 personnes et causé la mort de 264 d’entre elles.
Les plus grandes flambées se sont produites en Israël, en Grèce, en Roumanie, en Russie et aux États-Unis, sur les principales voies de migration des oiseaux. L’année 2018 a été marquée par la plus importante épidémie décrite en Europe avec un nombre de cas recensés supérieur à la somme des sept années précédentes. En 2019 et 2020, des cas humains ont été signalés pour la première fois en Allemagne (2019 et 2020) et aux Pays-Bas (2020).
Surveillance
En France, depuis 2000, un réseau de surveillance pluridisciplinaire associant trois volets (humain, équin et aviaire) a été mis en place dans les trois départements camarguais – Hérault, Gard et Bouches-du-Rhône – puis étendu à tout le littoral méditerranéen français en 2004.
L’infection à virus West Nile est une maladie à déclaration obligatoire depuis 2021. La stratégie de réponse est graduée en fonction du niveau de risque observé. Elle repose sur le renforcement de la surveillance, destiné à mieux apprécier l’étendue et l’importance de la circulation virale, les mesures de protection individuelle, la mise en œuvre de mesures de lutte contre les moustiques, et la sécurisation des dons de sang et d’organes.
En Europe, les données de la surveillance épidémiologique du virus West Nile sont publiées et actualisées toutes les semaines par l’ECDC, pendant la période d’activité des moustiques vecteurs. L’année 2018 a été caractérisée par une circulation précoce et particulièrement intense du virus West Nile. En 2022, la transmission du virus est de nouveau très importante, notamment en Italie et en Grèce.
Traitement et prévention
Des vaccins existent pour les chevaux, pas pour l’homme. Le traitement est symptomatique pour l’homme et peut nécessiter une hospitalisation pour les cas les plus graves. L’infection peut survenir à tout âge, mais les sujets de plus de 50 ans et certaines personnes immunodéprimées sont les plus exposés au risque de maladie grave.
La forme grave (méningite, encéphalite ou méningo-encéphalite) comporte des céphalées, une forte fièvre, une raideur de la nuque, de la stupeur, une désorientation, le coma, des tremblements, des convulsions, une faiblesse musculaire et la paralysie. L’OMS estime qu’environ 1 personne infectée sur 150 développera une forme grave de la maladie. La mortalité des formes neurologiques est évaluée entre 7 et 9 %.
En l’absence de vaccin, le seul moyen de réduire le nombre des infections chez l’homme consiste à sensibiliser les populations aux facteurs de risque et à leur faire connaître les mesures qui peuvent être prises pour diminuer l’exposition :
- protection contre les piqûres de moustiques, en utilisant des moustiquaires, des produits répulsifs, en portant des vêtements de couleur claire (chemises à manches longues et pantalons) et en évitant les activités à l’extérieur aux moments de la journée où les moustiques sont les plus actifs.
- destruction des gîtes larvaires dans les zones résidentielles;
- port de gants et d’autres vêtements de protection lorsqu’on s’occupe d’animaux malades ou de leurs tissus ou pendant les opérations d’abattage.
En période de flambée épidémique, des restrictions aux dons de sang et d’organes et des analyses de laboratoire, sont envisagées.