Le virus West Nile est un arbovirus du genre flavivirus, comme les virus de la dengue, du zika ou de la fièvre jaune. Il est transporté par des oiseaux migrateurs. Son cycle de vie implique un insecte vecteur, le moustique du genre culex. Plus d’une soixantaine d’espèces de moustiques pouvant transmettre le VNO ont été identifiés aux États-Unis et au Canada.

L’oiseau est le réservoir animal du virus. Le cheval et l’homme sont des hôtes accidentels qui ne contribuent pas au cycle de cette zoonose. Ce sont des culs-de-sac épidémiologiques qui ne peuvent pas transmettre le virus à un nouveau moustique.
Chez l’Homme, l’infection survient accidentellement par piqûre de moustique infecté, mais elle peut être transmise par l’intermédiaire de certains produits de santé d’origine humaine, tels que des transfusions sanguines, des transplantations d’organes, de tissus ou de cellules. De très rares cas de transmission de la mère à l’enfant durant la grossesse, l’accouchement ou l’allaitement ont également été décrits, ainsi que de très rares cas de transmission par voie percutanée et conjonctivale.
Ce flavivirus neurotropique est la principale cause de maladie transmise par les moustiques dans la partie continentale des États-Unis.

Symptômes
L’infection à par le VNO est le plus souvent asymptomatique. D’après les enquêtes de séroprévalence, environ 80% des infections humaines par le VNO sont asymptomatiques et 20% provoquent une maladie fébrile, la fièvre du Nil occidental.
En cas de symptômes, ces derniers apparaissent généralement entre 2 et 6 jours après la piqûre, mais parfois jusqu’à 14 jours après. La maladie se manifeste alors le plus souvent sous forme de syndrome pseudo-grippal, caractérisé par une fièvre soudaine, de maux de tête, ainsi que de douleurs articulaires et musculaires ; une éruption cutanée peut également être présente.
Dans moins de 1% des cas, le virus peut entraîner des complications neurologiques graves telles qu’une méningite, une méningo-encéphalite, une paralysie flasque ou un syndrome de Guillain-Barré.
Aux États-Unis, la mortalité des patients atteints d’une maladie neuroinvasive est d’environ 10% dans l’ensemble, mais elle est de 20% chez les personnes âgées de 70 ans ou plus et de 30% à 40% chez les patients atteints d’hémopathies malignes, ayant subi une transplantation d’organe solide ou recevant des anticorps monoclonaux déplétant les lymphocytes B.
Parmi les patients hospitalisés pour une maladie à VNO, 30 à 40% sont transférés vers des établissements de soins de longue durée et plus de 50 % présentent des séquelles à long terme telles que fatigue, faiblesse, myalgie, perte de mémoire et dépression
Traitement et prévention
Un vaccin existe pour les chevaux mais pas pour l’Homme. Chez ce dernier, le traitement consiste à traiter les symptômes par du repos, une hydratation, et des médicaments contre la fièvre et la douleur. Dans les cas les plus graves, une hospitalisation, parfois en réanimation, est souvent nécessaire.
La prévention passe par la sensibilisation des populations aux facteurs de risque et aux mesures visant à diminuer l’exposition :
- Protection contre les piqûres de moustiques, par l’utilisation de moustiquaires, de produits répulsifs et le port de vêtements de couleur claire (chemises à manches longues et pantalons), et en évitant les activités à l’extérieur aux moments de la journée où les moustiques sont les plus actifs;
- Protection du domicile et de ses abords, par l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide (pyréthrinoïde) au-dessus des couchages et des poussettes, d’écrans moustiquaires à fixer sur les ouvertures de l’habitation, par la fermeture ses portes et les fenêtres, par l’utilisation de la climatisation si disponible, par le blocage physique de l’accès des moustiques aux endroits sombres et humides, la l’élimination ou la couverture hermétique des points d’eau stagnante. Voir à ce sujet, la fiche éditée par le CHU de Bordeaux.
- Port de gants et d’autres vêtements de protection lorsqu’on s’occupe d’animaux malades ou de leurs tissus, ou pendant les opérations d’abattage.
En période de flambée épidémique, des restrictions aux dons de sang et d’organes et des analyses de laboratoire sont mises en place.
Épidémiologie et surveillance
Le virus du Nil occidental a été isolé pour la première fois en 1937, dans le district West Nile, en Ouganda. En 1953, on l’a retrouvé chez des oiseaux dans la région du delta du Nil en Égypte. En France, une épizootie a été signalée en 1962-1963 en Camargue chez des chevaux, avec plusieurs cas humains associés.
Cette affection oubliée pendant des décennies refait surface : la période 1996-2000 marque son retour en force, et elle fait maintenant partie de l’actualité sanitaire de nombreux pays du bassin méditerranéen. Sa diffusion à l’échelle de la planète s’est accélérée, notamment aux Etats-Unis, en raison de la multiplication des modifications climatiques favorisant la pullulation des moustiques : pluies abondantes, irrigation, températures plus élevées que la normale, mais aussi urbanisation et déforestation.
Avant 1997, on ne considérait pas que le virus était pathogène pour les oiseaux, mais, cette année-là, une souche plus virulente a provoqué en Israël la mort d’oiseaux de différentes espèces, présentant des signes d’encéphalite et de paralysie.
En 1999, un virus circulant en Tunisie et en Israël a été importé à New York, provoquant une flambée de grande ampleur qui s’est propagée les années suivantes sur tout le territoire continental des États-Unis. Depuis, il s’est propagé et il est désormais largement installé au Canada et au Venezuela.
Les plus grandes flambées se sont produites en Israël, en Grèce, en Roumanie, en Russie et aux États-Unis, sur les principales voies de migration des oiseaux. L’année 2018 a été marquée par la plus importante épidémie décrite en Europe avec un nombre de cas recensés supérieur à la somme des sept années précédentes. En 2019 et 2020, des cas humains ont été signalés pour la première fois en Allemagne (2019 et 2020) et aux Pays-Bas (2020).

En 2002, le virus a contaminé 4156 personnes dans 44 États américains et tué 284 d’entre elles. En 2003, il a touché 9862 personnes et causé la mort de 264 d’entre elles.
De 2014 à 2023, 1300 cas de maladie neuroinvasive à VNO et 130 décès ont été signalés en moyenne chaque année aux États-Unis. Presque toutes les infections par le VNO se produisent par piqûre de culex, mais la transmission est observée aux Etats-Unis plus rarement par transfusion sanguine, transplantation d’organes, exposition transplacentaire, périnatale, par le lait maternel,
En 2021, une grande épidémie au niveau des comtés américains s’est produite en Arizona, avec 1487 cas de maladie et 101 décès signalés.
En 2024, 38 cas autochtones ont été identifiés dans le sud de la France, principalement dans le Var et en Hérault.
En 2025, selon l’ANSES, des cas humains, équins et/ou des moustiques porteurs du virus ont été détectés dans les régions Ile-de-France, Centre-Val de Loire et Auvergne-Rhône-Alpes, ainsi qu’en Haute-Garonne. Et pour la première fois, des cas autochtones ont été détectés en Île-de-France.
La surveillance du virus West Nile est coordonnée par la Direction générale de l’alimentation pour les animaux et par la Direction générale de la santé et Santé publique France pour les humains. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) est impliquée dans la confirmation des cas aviaires et équins. Les infections dans la faune sauvage sont remontées par le réseau de surveillance des maladies infectieuses des oiseaux et des mammifères sauvages terrestres Sagir, qui dépend de l’Office français de la biodiversité. La surveillance des cas chez les chevaux est menée en étroite collaboration avec le réseau d’épidémio-surveillance des pathologies équines Respe, les vétérinaires indépendants et les directions départementales de la protection des populations (DDPP).
L’identification des cas humains est gérée par le centre national de référence des arbovirusArbovirose Les arboviroses sont des maladies virales dues à des arbovirus transmis obligatoirement par un vecteur arthropode (moustique, moucheron piqueur, tique) à des hôtes vertébrés (mammifères, oiseaux), d’où leur nom adapté de l’anglais : ARthropod-BOrne virus. c’est-à-dire des pathogènes transmis par les arthropodes hématophages comme les moustiques et les tiques. Celui-ci est porté par l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et l’IRBA (Institut de recherche biomédicale des armées).
Références
- West Nile virus : la maladie, Santé Publique France.
- West Nile, Institut Pasteur.
- Revue générale récente : Gould CV et al. https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2836058, JAMA Published Online: July 7, 2025 2025;334;(7):618-628. doi:10.1001/jama.2025.8737
- West Nile, un virus transmis des oiseaux aux mammifères par les moustiques, ANSES.
- West Nile virus infection, ECDC.
- West Nile Virus, CDC.
- Prévention de l’infection par le virus West Nile chez les personnes à risques, CHU Bordeaux.
Première version de la page : Christelle Destombes, 10 août 2023. M.A.J. : Amélie Pelletier, Gilles Pialoux, Charles Roncier, le 2 décembre 2025.