Le groupe a une visibilité sur les réseaux sociaux (Instagram et Twitter) mais il existe surtout sur le canal Telegram, jugé préférable à WhatsApp en termes de confidentialité. « C’est beaucoup mieux que WhatsApp, estime Jean-Patrick. Pas besoin de numéro de téléphone pour s’inscrire, un pseudonyme suffit et on ne peut pas faire de copies d’écran sur Telegram. »
Près d’un an après sa création, le groupe rassemble 200 membres. « Il y a des gens d’un peu partout, de Paris, de Nice, de Montpellier, de toute la France, quelques Belges et Canadiens. C’est un groupe de personnes qui veulent arrêter le chemsexChemsex Le chemsex recouvre l’ensemble des pratiques relativement nouvelles apparues chez certains hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), mêlant sexe, le plus souvent en groupe, et la consommation de produits psychoactifs de synthèse. ou qui veulent réduire, et cette communauté se donne des conseils, des contacts, on se soutient. C’est de l’entraide communautaire, parce que parfois, on se sent vraiment seuls. »
Jean-Patrick a créé ce groupe après avoir enchaîné une semaine de chemsex : « Je n’étais vraiment pas bien et j’ai pensé à quelqu’un dans le même état que moi qui n’aurait pas accès au Spot, par exemple, qui habiterait loin des structures… » Le groupe créé pour et sur les réseaux sociaux, comme un reflet des applications qui incitent au chemsex, peut s’incarner dans la réalité. « On se rencontre, on organise des choses le week-end, pour aller se balader, aller au musée, et éviter de trop penser aux chems. Pendant le week-end de la Pride, on était une dizaine du groupe à se retrouver à Montpellier. »
Ouvert 24h/24 et 7 jours sur 7, accessible de partout, ce groupe d’autosupport redonne un sens au mot communauté. « Je n’ai pas connu les années 1980, mais, dans les années sidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. ce sont les usagers qui ont commencé à s’entraider, à se prendre en charge. J’ai l’impression qu’avec le chemsex, c’est un peu pareil. Avec le groupe, les gens ne sont pas seuls. Et moi, ça me fait aussi du bien, car je suis toujours dans une démarche d’abstinence. » Quelques modérateurs aident Jean-Patrick à gérer le groupe et à veiller au grain. Ils valident les nouveaux membres qui acceptent une « charte ». Dealers et malveillants ne sont pas bienvenus. Jean-Patrick espère que les pouvoirs publics vont enfin agir devant ce « phénomène qui prend de l’ampleur, et fait beaucoup de dégâts »