Du 26 au 28 novembre, le Corum de Montpellier accueille médecins, infirmiers, chercheurs, médiateurs, psychologues et associations pour trois jours d’échanges sous le thème «Du VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. à la Santé sexuelle, réinventons la lutte». Pour la SFLS, donc les congrès ont toujours conjugué approche scientifique et action associative, l’année 2025 marque un tournant dans la lutte contre le VIH en France. Les anciens COREVIH, comités régionaux de coordination contre le VIH et les ISTIST Infections sexuellement transmissibles. sont devenus des CoReSS, élargissant leur mission à l’ensemble de la santé sexuelle et à l’offre territoriale. Cette évolution s’inscrit dans une approche globale prenant en compte les inégalités, les discriminations et les violences qui impactent l’accès universel à la santé sexuelle.
Mais cette transformation intervient dans un contexte budgétaire préoccupant. Aujourd’hui, la France dispose aujourd’hui de tous les outils pour contrôler l’épidémie de VIH et pourtant, les signaux ne sont pas au vert, au contraire : diminution des financements associatifs en France, menaces sur les personnes migrantes vivant avec le VIH, mais aussi réduction des financements des programmes internationaux par l’administration Trump (PEPFAR, USAID) et baisse du budget de l’Organisation mondiale de la santé (OMS),
Les modélisations indiquent qu’un affaiblissement du seul programme PEPFAR entraînerait une hausse massive des nouvelles contaminations et des décès liés au sidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. comparable aux pics de 1996 et 2004. «Dans un monde globalisé, une recrudescence dans les pays à ressources limitées aura des répercussions en France», préviennent les organisateurs.
Des chiffres en demi-teinte
Si la France approche les objectifs «95-95-95» fixés par l’ONUSIDA pour 2030 –avec plus de 93% atteints sur chaque étape– environ 9700 personnes ignorent encore leur séropositivité en 2024. Le nombre de découvertes d’infection VIH en France est estimé à 5125 personnes cette année, un chiffre stable par rapport à 2023. Fait marquant : pour la première fois en 2024, les nouvelles découvertes concernent majoritairement des personnes hétérosexuelles (53%), notamment nées à l’étranger. Parallèlement, le nombre de nouvelles infections ne diminue plus parmi les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes depuis 2021. Le nombre de découvertes tardives reste élevé (43%), révélant des opportunités manquées de dépistage et de mise sous traitement.
Le congrès mettra également l’accent sur la flambée des infections sexuellement transmissibles. Entre 2022 et 2024, l’incidence des infections à chlamydia a augmenté de 14%, celle du gonocoque de 36% et de la syphilis de 12%. Le dispositif «Mon Test IST», permettant depuis septembre 2024 de se faire dépister sans ordonnance en laboratoire, a particulièrement bénéficié aux 15-25 ans.
Une prévention diversifiée mais inégalement accessible
La palette d’outils préventifs n’a jamais été aussi large : préservatif, traitement antirétroviral permettant le I=I (Indétectable = Intransmissible), PrEPPrEP Prophylaxie Pré-Exposition. La PrEP est une stratégie qui permet à une personne séronégative exposée au VIH d'éliminer le risque d'infection, en prenant, de manière continue ou «à la demande», un traitement anti-rétroviral à base de Truvada®. utilisée par près de 53 000 personnes en 2023, dépistage, vaccination contre certaines IST. Pourtant, l’accès reste inégal.
Selon l’enquête Rapport au Sexe 2023, 50% des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes éligibles à la PrEP ne l’utilisent pas, notamment les plus jeunes, les personnes précaires ou moins connectées à la communauté LGBT+. Plus de la moitié des personnes découvrant leur séropositivité en 2024 sont nées à l’étranger, et 43% ont été contaminées après leur arrivée en France.
Le congrès sera l’occasion de souligner une nouvelle fois l’importance d’atteindre les populations éloignées du soin — personnes précaires, migrants, travailleurs du sexe, jeunes — par des actions hors les murs menées par les associations locales (dépistage sur les marchés, plages, saunas, etc.). Des actions qui doivent aussi aller vers celles et ceux qui ne sentent pas ou plus concernés par la prévention du VIH et/ou qui n’ont jamais été dépistées : les personnes bisexuelles, les multipartenaires, les femmes en général et les jeunes HSHHSH Homme ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes.
Karine Lacombe présentera les dernières données de l’actualité des données sur la PrEP injectable, ses modalités et mais aussi la gestion des rares échecs. La PrEP long acting et son efficacité très élevée suscite beaucoup d’espoir, en améliorant notamment l’adhérence par rapport aux traitements quotidiens. Des questions de coût élevé, d’accès donc, d’autorisation de mise sur le marché et de prescription en France restent à trancher, mais cette nouvelle offre pourrait permettre d’étendre la PrEP à des publics qui l’utilisent encore peu.
Enfin, le congrès consacrera une session à la santé sexuelle en milieu carcéral, dont la population connaît des taux plus élevés d’hépatite C et de VIH. La session sera illustrée par l’expérience locale du Dr Fadi Merwe, qui mène des actions de dépistage et de réduction des risques dans les établissements de la région de Montpellier.
Le programme complet du congrès, qui se tient jusqu’au 28 novembre, est disponible en ligne, sur le site de la SFLS : https://congres.sfls.fr/Programme/