Shigella : émergence d’une souche bactérienne multirésistante

Depuis avril 2023, plus de 300 cas de shigellose, dont beaucoup d’infections à Shigella multirésistantes, ont été signalés au Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). Ces cas se propagent notamment chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.

Depuis le printemps 2023, les autorités sanitaires européennes se préoccupent de l’émergence de souches de Shigella présentant une résistance aux antibiotiques, responsables de cas de shigellose, une infection diarrhéique contagieuse.

Les cas sont liés à sept clusters microbiologiques nationaux et internationaux distincts, avec des chaînes de transmission principalement parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH). Des cas ont été signalés en Belgique, au Danemark, en Allemagne, en Irlande, aux Pays-Bas, en Espagne mais aussi aux États-Unis (voir l’alerte des CDC américains).

Toutes les souches de ces sept groupes présentent une résistance aux antibiotiques de première et de deuxième intention, tels que les céphalosporines de troisième génération, les fluoroquinolones, le sulfaméthoxazole et le triméthoprime. La résistance à l’azithromycine dans certaines des souches liées à ces groupes est particulièrement préoccupante, car cela limite les options de traitement efficace.

Symptômes et traitement

La transmission est féco-orale, directe, par contact de personne à personne (notamment lors de pratiques sexuelles favorisant les contacts féco-oraux) ou indirecte, via l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés.

Les symptômes comprennent une diarrhée aiguë, souvent accompagnée de fièvre, de douleurs abdominales et de la présence de sang dans les selles. La plupart des infections sont spontanément résolutives, durent environ 5 à 7 jours et ne nécessitent pas de traitement antimicrobien. Le traitement diminue la durée des symptômes de 1 à 2 jours et peut réduire la probabilité de transmission ultérieure. Une infection grave peut également survenir, en particulier chez les patients immunodéprimés.

Prévention

Le risque de transmission ultérieure de la shigellose et d’autres infections sexuellement transmissibles (IST) chez les HSHHSH Homme ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes.  augmente avec le nombre de contacts sexuels.

Pour minimiser le risque de contracter une infection à Shigella lors d’une activité sexuelle, il est recommandé de pratiquer des rapports sexuels protégés, d’adopter des mesures d’hygiène (lavage des mains et des zones génitales et anales avant et après les rapports sexuels ; gants pour le doigté ou le fisting, utilisation de digues dentaires pendant les relations sexuelles oro-anales), et d’éviter l’activité sexuelle pendant les symptômes et les 7 jours après leur résolution.

L’institut Pasteur qui assure la surveillance en France constate une augmentation des cas de multirésistance : 164 cas ont été identifiés entre 2015 et 2021 avec une prévalencePrévalence Nombre de personnes atteintes par une infection ou autre maladie donnée dans une population déterminée. de 5 % pour la souche S. sonnei XDR (le sérotype prédominant dans les pays développés). En 2021, cette prévalence était de 23,8 %.

Les autorités recommandent aux cliniciens et aux laboratoires d’assurer des tests de sensibilité antimicrobienne de Shigella pour les cas de gastro-entérite chez les HSH, afin de guider le traitement antimicrobien. Les cas de shigellose doivent être déclarés aux autorités de santé publique afin de surveiller le développement de la résistance aux antimicrobiens et de permettre la détection précoce et l’investigation des échecs thérapeutiques.