La crise sanitaire du CovidCovid-19 Une maladie à coronavirus, parfois désignée covid (d'après l'acronyme anglais de coronavirus disease) est une maladie causée par un coronavirus (CoV). L'expression peut faire référence aux maladies suivantes : le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) causé par le virus SARS-CoV, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) causé par le virus MERS-CoV, la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) causée par le virus SARS-CoV-2. a exigé une énorme accélération et une mobilisation internationale autour de la question de la vaccination. Les progrès en matière de vaccination ont permis la mise au point rapide de vaccins efficaces, puis leur mise à disposition dans une prodécure accélérée, dans un calendrier extrêmement resserré, à la population mondiale. Ces progrès nous renseignent et dessinent de nouvelles façons de penser le développement de vaccins pour d’autres maladies émergentes.
Le professeur Adrian Hill (directeur du Jenner Institute, University of Oxford, Oxford, Royaume-Uni) fait partie de l’équipe mondialement reconnue qui a mis au point le vaccin anti-Covid ChAdOx19, ensuite commercialisé par AstraZeneca. Sa présentation portait sur la stratégie de développement de vaccins, notamment dans le cadre de la préparation et de la réponse aux épidémies. Le Jenner Institute et AstraZeneca ont développé le vaccin dans un délai sans précédent, grâce à l’expérience sur la plateforme vaccinale à adénovirus utilisée contre le MERS-CoV (Coronavirus du Syndrome Respiratoire du Moyen-Orient) et aux capacités de recherche acquises en amont par l’institut. Pour Adrian Hill, l’élément clé pour le passage aux phases cliniques et à la production à large échelle a été la mise en place de partenariats avec des industriels. Il a fallu fabriquer 16 milliards de doses, ce qui n’avait jamais été fait.
Adrian Hill (à ne pas confondre avec le pharmaco-épidémiologiste du VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. et des hépatites Andrew Hill) propose un modèle pour le développement de vaccins par des institutions de recherche académiques, envisageant des études précliniques et cliniques précoces portées par l’institution et des partenariats préétablis avec des acteurs industriels spécialisés dans la production à large échelle pour les phases cliniques en aval puis pour la distribution. Enfin, Adrian Hill a présenté un candidat vaccin protéique prometteur contre le paludisme, puisqu’il a montré une efficacité de plus de 75% chez les enfants de 5-17 mois dans un essai clinique de phase IIb. Pour Adrian Hill, «le Covid nous a offert un essai à grande échelle. Aujourd’hui, nous sommes bien plus à l’aise qu’avant. Les nouvelles technologies continuent à apparaître. Les technologies vaccinales évoluent très, très vite. On sait comment fabriquer les vaccins à grande échelle». Le champ est en pleine expansion, mais il faut un investissement conséquent des états : «On a de grosses défenses militaires, il faut dépenser autant pour la biodéfense.»
Du VIH au HPV, en passant par le Nipah
Ensuite, dans la seconde présentation, le Pr. Yves Lévy (Inserm, Vaccine Research Institute, Créteil) est revenu sur les derniers résultats encourageants de l’essai ANRS VRI06 en phase 1. Ceux-ci ont révélé que le candidat vaccin CD40.HIVRI.Env était bien toléré et qu’on observait une réponse immunitaire forte.
Le Vaccine Research Institute (VRI) a été créé par l’ANRS et l’Université Paris-Est Créteil (UPEC) dans le but de mettre en place de nouvelles stratégies vaccinales contre le VIH/sida et les maladies infectieuses émergentes. Yves Lévy a donc présenté la plateforme basée sur un modèle de présentation des antigènes ciblant spécifiquement le CD40 à la surface des cellules dendritiques (utilisée dans VRI06) et comment d’autres candidats vaccins sont actuellement développés, avec cette même approche, par LinKinVax, une spin-up selon l’expression d’Yves Lévy issue du VRI. C’est-à-dire une structure entre spin-off et start-up, indépendante, mais financée par des investisseurs pour monter à l’échelle au-delà des essais de Phase I. Cette plateforme vaccinale développée par LinKinvax est soutenue par l’ANRS-MIE, L’Inserm et de nombreux laboratoires ou investisseurs.
Pour comprendre l’espoir qu’elle suscite, il faut revenir au Prix Nobel de Médecine de 2011, qui a révolutionné l’approche immunologique en décryptant ce que l’on appelle l’immunité adaptative, dont les premières lignes mettent en jeu les cellules dendritiques. En maraude dans le sang, la peau et d’autres tissus, les cellules dendritiques jouent le rôle de sentinelles, à l’affût de tout agent étranger. Dès qu’un se présente, elles le détectent grâce à des récepteurs spécifiques puis l’ingèrent par phagocytose, avant de le digérer et d’en présenter les antigènes à leur surface. Après avoir migré vers les ganglions, les cellules dendritiques déclenchent l’activation des cellules de l’immunité adaptative, notamment les lymphocytes T et B, qui apprennent à reconnaître l’antigène et à cibler leurs attaques. Comme le résume Yves Levy: «En permettant de cibler précisément une cellule dendritique avec le bon antigène, notre solution ouvre la voie au développement d’une large gamme de nouveaux vaccins, à la fois préventifs et thérapeutiques.»
La plateforme vaccinale de LinKinvax prend la forme d’un anticorps monoclonal totalement humanisé et facile à produire –qui cible les cellules dendritiques pour déclencher une réponse immunitaire adaptative. D’autre part, la modulation des antigènes associés permet de l’adapter facilement pour cibler des agents pathogènes spécifiques. Ainsi, cette plateforme, à l’image des vaccins à ARN messager ou à vecteur adénovirus, peut s’attaquer à plusieurs maladies et agents infectieux: HPV 16 (reponsable de 80 % des cancers ORL HPV induits), VIH, SRAS-Cov-2, Tuberculose, Nipah (une zoonose qui provoque parfois des poussées épidémiques en Inde notamment, avec un taux de létalité entre 40% et 75%) , Chlamydia, etc.
Pour l’heure, plusieurs essais de Phase 1 sont en cours ou en préparation : deux contre le VIH —un préventif et un thérapeutique—, un contre le cancer lié au papillomavirus HP 16 et un autre pour lutter contre le SRAS-CoV-2.
Concernant les essais de vaccin anti-VIH, Yves Levy, qui fut chargé de la recherche vaccinale à l’ANRS, sait combien ce sont les essais de Phase III qui décident de l’avenir. Quoi qu’il en soit, cette effervescence de plateformes vaccinales est une bonne nouvelle en soit.