Nombre de cas journaliers: 390 919, incidence: 576/100 000 (+22%), taux de positivité: +3 points, recours à SOS médecins: +15%, nouvelles hospitalisations +13%, nombre de décès: +14 %. Alors que les chiffres du covid-19Covid-19 Une maladie à coronavirus, parfois désignée covid (d'après l'acronyme anglais de coronavirus disease) est une maladie causée par un coronavirus (CoV). L'expression peut faire référence aux maladies suivantes : le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) causé par le virus SARS-CoV, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) causé par le virus MERS-CoV, la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) causée par le virus SARS-CoV-2. se sont une nouvelle fois dégradés (ici en semaine 40 par rapport à la semaine 39), une nouvelle campagne de vaccination a démarré, mais pas pour tout le monde. La Direction générale de la santé (DGS) continue de cibler en priorité les personnes les plus à risques et celles en contact avec les personnes exposées pour la diffusion de ces nouveaux vaccins, comme le préconisent les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS). Pourquoi une campagne ciblée? Selon le Pr Yazdan Yazdanpanah, directeur de l’Agence nationale de recherche sur le sidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. les hépatites virales et les maladies émergentes (ANRS-MIE), les personnes actuellement hospitalisées sont en très grande majorité âgées, ou présentent des facteurs de risques, comme les personnes immunodéprimées.
La nouvelle campagne a officiellement commencé le 29 septembre et s’appuie sur les nouveaux vaccins bivalents actuellement disponibles en France ciblant BA.1 et BA5 pour Pfizer et BA.1 pour Moderna. Ils offrent une protection supérieure contre la souche sauvage initiale (dite de Wuhan) mais aussi contre les souches variantes Omicron. Ces vaccins vont induire plus d’anticorps neutralisants que les vaccins première génération, même si ceux-ci se montrent efficaces face à une infection par Omicron pour protéger des formes graves du covid-19, en tout cas avec des variants Omicron majoritaires. On ne connaît pas par exemple l’efficacité sur les nouveaux variants identifiés, comme BA2-75 ou BQ 1.1.
C’est la médecine de ville qui va porter la campagne, à travers la vaccination en pharmacie, auprès des médecins et des infirmiers. Selon Bernard Celli, directeur de la Task Force Interministérielle Vaccin, une centaine de centres de vaccination restent également ouverts sur le territoire national.
Pourquoi utiliser des vaccins bivalents à la place des vaccins classiques?
Aujourd’hui, la souche Omicron circule de manière quasi exclusive en France, et son sous-lignage BA.5 est désormais omniprésent. Pourquoi alors choisir un vaccin codant aussi pour la souche sauvage? Là encore, ce sont les données cliniques qui ont orienté le choix des autorités de santé vers un vaccin bivalent: les patients naïfs de vaccin infectés par la souche Omicron montraient une bonne protection contre le nouveau variant, mais une réponse immunitaire médiocre face aux souches plus anciennes. Comme il est impossible de prédire quel sera le variant majoritaire dans les mois qui viennent, il est plus prudent de continuer à stimuler la réponse immunitaire pour faire face à ces autres souches.
D’ailleurs, les autorités de santé recommandent aux personnes les plus exposées et les plus à risques, si cette vague se confirme fortement, de se faire vacciner quel que soit le vaccin dans les jours qui viennent, quitte à être protégées moins longtemps en bénéficiant du vaccin simple, monovalent.
Un problème d’approvisionnement ne devrait pas se poser, la DGS annonçant en tout cas avoir «des quantités importantes de vaccins»: d’ici la fin de l’année, ce sont 25,7 millions de vaccins bivalents Pfizer et 12,4 millions de vaccins bivalents Moderna, soit 38 millions de vaccins qui devraient être disponible en France.
Enfin, il est également possible que ces nouveaux vaccins aient une action sur la transmission du virus Sars-CoV-2. Les vaccins ARN en général produisent assez peu d’immunité au niveau des muqueuses et donc diminuent le risque de transmission sans l’empêcher. Cependant, ils provoquent un effet protecteur grâce aux anticorps et à l’immunité cellulaire qui diminuent la présence des virus au niveau des muqueuses. Grâce à ce mécanisme, on s’attend donc à ce que les vaccins bivalents protègent mieux de l’infection. Plus de données seront disponibles dans les mois qui viennent.
Les personnes concernées et le calendrier de vaccination
Il devient un peu compliqué de se rappeler le nombre d’injections qu’on a reçues, surtout qu’elles sont amenées à se répéter, et l’introduction de ces nouveaux vaccins est l’occasion pour les autorités de santé de remettre à zéro le décompte des rappels. Ainsi, selon la DGS, sont éligibles au rappel automnal avec un vaccin bivalent chaque personne qui fait partie de la population cible et a précédemment effectué un schéma de vaccination complet (soit deux doses ou une dose et une infection, quel que soit l’ordre). Le tableau ci-dessous récapitule les populations concernées et les délais à respecter avant de bénéficier d’un rappel vaccinal avec les vaccins bivalents :
Personnes concernées par la campagne de vaccination | Délai après la dernière injection ou la dernière infection |
Personnes âgées de 80 ans et plus | 3 mois |
Personnes résidentes des EHPAD et des USLD | 3 mois |
Personnes âgées de 60 à 79 ans | 6 mois après la dernière injection, ou 3 mois après la dernière infection |
Personnes âgées de 18 à 60 ans, identifiées comme étant à risque de forme grave de Covid-19 : – Personnes sévèrement immunodéprimées; – Femmes enceintes, dès le 1er trimestre de grossesse; – Personnes souffrant de co-morbidités. | 6 mois après la dernière injection, ou 3 mois après la dernière infection |
Personnes vivant dans l’entourage ou au contact régulier de personnes vulnérables ou immunodéprimées | 6 mois après la dernière injection, ou 3 mois après la dernière infection |
Professionnels de santé | 6 mois après la dernière injection, ou 3 mois après la dernière infection |
Qu’en est-il des personnes non prioritaires, de la population générale, peut-elle avoir accès aux vaccins? Pour Bernard Celli, «le but n’est pas d’empêcher les personnes de se faire vacciner», mais de réussir à vacciner les personnes les plus exposées et d’éviter les formes graves de la maladie.
Une autorisation de mise sur le marché accélérée
Sur Internet, les réseaux complotistes se sont agités à l’annonce de la campagne. Certains ont dénoncé un processus accéléré de mise sur le marché pour ces nouveaux vaccins et redouté des problèmes de sécurité. Effectivement, il n’a pas été possible de réaliser d’étude d’efficacité chez l’homme, parce que ces essais, pour les candidats précédents, avaient été fait contre placeboPlacebo Substance inerte, sans activité pharmacologique, ayant la même apparence que le produit auquel on souhaite le comparer. (NDR rien à voir avec le groupe de rock alternatif formé en 1994 à Londres par Brian Molko et Stefan Olsdal.) ce qui n’est plus possible aujourd’hui: trop de personnes ont eu, ou ont été vaccinées contre, le covid-19. C’est donc la technique de l’immunobridging qui a été utilisée : à la place des résultats d’essais cliniques, on a utilisé des résultats immunologiques. Dans ce cas, le marqueur indirect utilisé de l’efficacité de ces nouveaux vaccins est la présence d’anticorps dans le sang: plus le niveau est élevé, et plus ces anticorps sont neutralisants, plus la protection est importante. Ce mode d’évaluation est admis par l’ensemble de la communauté scientifique à l’heure actuelle et d’autres vaccins, comme le vaccin de la grippe, sont d’ailleurs autorisés chaque année suivant le même processus. Mais des données en vie réelle viendront des pays qui ont débuté la vaccination avec les nouveaux vaccins bivalents comme les Etats-Unis avec ceux ciblant BA.5.
Une réponse institutionnelle plus mesurée
On le sait, le visage de l’épidémie a changé. La grande majorité des personnes vivant en France est vaccinée et ou a eu le CovidCovid-19 Une maladie à coronavirus, parfois désignée covid (d'après l'acronyme anglais de coronavirus disease) est une maladie causée par un coronavirus (CoV). L'expression peut faire référence aux maladies suivantes : le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) causé par le virus SARS-CoV, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) causé par le virus MERS-CoV, la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) causée par le virus SARS-CoV-2. et on voit désormais majoritairement des formes bénignes de l’infection. La réponse sanitaire est donc beaucoup plus mesurée que lors des précédentes vagues. Pas de vaccinodromes prévus, pas de recommandations de rappel pour la population générale, il semble que le message de Joe Biden («la pandémie [aux États-Unis] est terminée») soit en partie appliquée par les pouvoirs publics français. L’objectif est toujours de protéger les gens contre les formes sévères, mais pas d’éviter l’infection chez tout le monde. Ce qui est sûr, c’est que les victimes des vagues actuelles seront à compter chez les personnes éligibles au second rappel (quatrième dose) qui n’ont pas reçu de booster, quel qu’il soit monovalent ou bivalent, ou celles et ceux chez qui les vaccins n’ont pas de prises, ou peu, comme les 260 000 immunodéprimés.
Pour le moment, les derniers chiffres de Santé publique France relèvent en moyenne près de 56 000 cas positifs chaque jour, dans ce qui ressemble plus à un plateau qu’à un véritable pic comme les vagues précédentes. Le nombre d’hospitalisations a augmenté, avec plus de 1000 par jour (+13%) à la semaine 40, mais connaît une baisse de 0,2 % au 20 Octobre. Sans compter que le nombre de tests réalisés, et donc le nombre de personnes infectées qui s’isolent, ont chuté drastiquement depuis la dernière vague. Les chiffres actuels sont donc probablement sous-estimés.
Un démarrage très, voire trop, en douceur
Malgré la situation compliquée, le démarrage de cette nouvelle campagne est relativement calme, voire trop calme, pour le moment. Au 10 octobre 2022, seuls 30,4% des 60-79 ans (35,9% de ceux qui y étaient éligibles selon le délai depuis la dernière injection) et seuls 37,7% des 80 ans et plus (49,3% de ceux qui y étaient éligibles) avaient reçu leur deuxième dose de rappel. Et depuis le début de cette campagne, seulement un peu plus de 90 000 doses de vaccin adapté à Omicron ont été administrées.
A comparer avec la situation au Royaume-Uni, où plus d’un habitant âgé de 65 ans ou plus sur deux a reçu une dose de rappel contre Omicron durant le dernier mois.
Notons que les chiffres de l’épidémie sont d’ailleurs beaucoup plus précis chez nos voisins, qui s’appuient sur des enquêtes en population générale et non uniquement sur les tests de diagnostics, dont le nombre s’est effondré. Ainsi, la prévalencePrévalence Nombre de personnes atteintes par une infection ou autre maladie donnée dans une population déterminée. réelle des infections par SARS-CoV-2 au Royaume-Uni variait de 1 personne sur 35 à 1 personne sur 50 selon la région.
Beaucoup plus que nos chiffres français et de quoi renforcer l’idée que cette nouvelle vague de l’épidémie est drastiquement sous-estimée.
Un futur difficile à modéliser
Dans tous les cas, ces vaccins ne sont probablement pas le remède définitif face à la pandémie de covid-19 et d’autres rappels vaccinaux, peut-être pas tous les 6 mois, seront nécessaires dans le futur, un peu sur le chemin de la vaccination contre la grippe.
Plus globalement, de nombreuses incertitudes demeurent sur l’évolution de l’épidémie de covid-19 dans les prochaines semaines, voire les prochains mois et sur l’impact de ces nouveaux vaccins sur les chiffres de l’infection. Depuis le début de l’épidémie, la multiplicité des variables devant être prises en compte dans le modèle prédictif pose problème. Parmi les éléments dont il faut tenir compte: la virulence intrinsèque des variants, l’émergence de ces variants, l’état de l’immunité cellulaire des personnes vaccinées après 6 mois, l’efficacité réelle en termes de protection de l’efficacité de la combinaison injection plus infection, la protection contre la transmission, etc.
Jean-Daniel Lelièvre, chef de service des maladies infectieuses de l’hôpital Henri-Mondor (AP-HP) et membre de la commission vaccination de la Haute Autorité de santé le dit : «il faut apprendre à vivre avec [ce risque]: demain, ce type d’épidémie va survenir». Et de rappeler l’importance du port du masque et du lavage des mains : «il faut continuer à éduquer la population. Dans les transports en commun, le port du masque devrait être systématique pour les personnes à risques.»
Sans se prononcer sur le recours d’une obligation, Maya Hites, infectiologue à l’hôpital universitaire Erasme de Bruxelles estime qu’«il faut des recommandations très fortes autour de ça, c’est impératif. Il faut de temps en temps penser aux autres, et le port du masque est une façon simple de protéger les personnes exposées».
Aujourd’hui, pourtant, il suffit de prendre le métro parisien ou le train pour voir que le masque a été abandonné par la plupart des voyageurs. Le Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars), qui a remplacé le Conseil scientifique, recommande lui aussi le port du masque dans les transports en commun, et reconnaissait, il y a quelques jours, se pencher sur la piste du retour de l’obligation.