L’ANSM réalise, depuis le 1er janvier 2016, un suivi de l’évolution de l’exposition des personnes traitées par Truvada et ses génériques pour une prophylaxie pré-exposition (PrEP) au VIH à partir des données du Système National des Données de Santé (SNDS).
Les résultats mettent en évidence une nette augmentation des initiations de PrEPPrEP Prophylaxie Pré-Exposition. La PrEP est une stratégie qui permet à une personne séronégative exposée au VIH d'éliminer le risque d'infection, en prenant, de manière continue ou «à la demande», un traitement anti-rétroviral à base de Truvada®. depuis mi-2017 et fournissent des éléments suggérant un niveau élevé de renouvellement du traitement après son initiation. Cette appropriation progressive de la Prep par les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) à haut risque de contamination par le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. en métropole est «encourageante», pour l’ANSM, même si lente.
L’accès au Truvada® dans le cadre de la PrEP a été possible en France, dès janvier 2016 et pour la première fois en Europe, d’abord à travers la mise en place d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU), puis, depuis le 1er mars 2017, grâce à une extension d’autorisation de mise sur le marché du Truvada® chez l’adulte. Les génériques du Truvada®, moins chers, sont désormais prescrit en priorité dans le cadre de la Prep.
Chiffres Clés
- 10 405 personnes ont initié une Prep par Truvada® ou génériques entre janvier 2016 et juin 2018, dont plus de la moitié (près de 5 500) depuis juillet 2017.
- Ce nombre est en augmentation constante depuis 2016, avec près de 500 nouveaux utilisateurs par mois au premier semestre 2018.
- Depuis juillet 2017, les renouvellements de traitement comptent pour plus de 60% des délivrances.
- 98 % des utilisateurs sont des hommes, âgés en moyenne de 38 ans.
- Près de 50% résident en Ile de France, 10 % dans la région Auvergne-Rhône-Alpes et 9 % dans la région PACA.
- La distribution par région des initiations de PrEP reflète globalement celle des nouveaux diagnostics d’infection à VIH en métropole. Cependant, la mise en place d’une PrEP dans les DOM-TOM est restée rare.
- 91 % des primo-prescriptions ont été réalisées à l’hôpital.
Qui prend la Prep?
Les personnes ayant initié une Prep en France sont principalement des hommes (97,7%), âgés de 37,6 ans en moyenne. Selon l’ANSM, il s’agit principalement d’hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH). Moins d’une personne sur dix (8%) était bénéficiaire de la CMU‐C. Alors que la proportion d’hommes est restée stable, l’âge moyen à l’initiation de la Prep a diminué au cours du temps, passant de 39,4 ans au premier semestre 2016 à 37,2 ans au premier semestre 2018. La part des personnes âgées de 35 ans ou moins a régulièrement augmenté pour atteindre la moitié des initiateurs au cours de la période la plus récente (49% au second semestre 2017 et 50% au premier semestre 2018). La proportion de bénéficiaires de la CMU‐C a légèrement augmenté depuis le second semestre 2017 par rapport aux semestres précédents. Dans l’enquête EMIS 2017 qui interrogeait des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, 8,4% des 10 996 répondants déclaraient être sous Prep. Un chiffre bas, pour une population pourtant particulièrement exposée.
Très peu de femmes ont bénéficié de la Prep : seules 241 d’entre elles avaient initié un traitement fin juin 2018, illustrant le fait que le traitement est probablement rarement proposé à des populations pourtant exposées : usagères de drogues injectables avec échanges de seringues; travailleuses du sexe; femmes en situation de vulnérabilité exposant à des rapports sexuels non protégés à haut risque de transmission du VIH, etc.
Origines des données
Le système national des données de santé (SNDS, anciennement SNIIRAM) a été utilisé afin d’identifier les personnes sous Prep. Le SNDS contient les données individualisées et anonymes de l’ensemble des remboursements des dépenses de santé de plus de 99% des résidents du territoire français.
Les personnes non infectées par le VIH et ayant eu un premier remboursement d’une boîte de Truvada® ou générique non associé à d’autres antirétroviraux entre le 1er janvier 2016 et le 30 juin 2018 ont été considérées comme initiant une prep. Elles ont été considérées comme utilisatrices de PrEP en renouvellement quant elle ont eu un remboursement d’une boîte de Truvada® ou générique non associé à d’autres antirétroviraux au cours d’un semestre donné entre le 1er juillet 2016 et le 30 juin 2018, et alors qu’elles avaient déjà été identifiées comme ayant initié la PrEP lors d’un semestre précédent.
Encore mal connue
La Prep commence donc à se faire une place dans les outils de prévention chez les HSHHSH Homme ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes. mais le chemin reste long pour que suffisamment de HSH se sentent concernés par la Prep et que d’autres populations exposées puissent y avoir accès.
En Australie par exemple, l’étude EPIC NSW a permis à 20% des HSH de Sydney de bénéficier de la Prep. Résultats: Le nombre d’infections récentes par le VIH chez les hommes homosexuels et bisexuels en Nouvelle-Galles du Sud, l’état le plus peuplé d’Australie, a diminué de près d’un tiers.
En France, la Prep souffre encore d’un déficit de connaissance : L’enquête européenne EMIS 2017 réalisée auprès d’hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes rapporte que seuls 51% des répondants avait connaissance de la Prep. Seulement 8,4% des HSH ayant participé à l’étude ont déclarés être sous Prep.
Dans un sondage publié réalisé par Ifop-Bilendi pour Sidaction à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le sidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. seuls 33% des jeunes de 15 à 24 ans connaissent l’existence de la Prep, et seuls 74% d’entre eux sont prêts à croire qu’elle est efficace.
Le plus grand changement nécessaire est probablement celui des recommandations. Comme le déclarait France Lert, présidente de «Vers Paris sans sida» et épidémiologiste, «pour élever le niveau de la Prep, il faut arrêter de dire que la Prep, c’est pour les personnes exposées. Personne ne se considèrent comme “exposé”. La Prep doit être proposée au plus grand nombre d’HSH possible».