La naissance de la guerre à la drogue (années 1960-1980): une obsession américaine?

En 1961, la Convention internationale sur les stupéfiants de l’Organisation des Nations unies (ONU) définit la drogue comme un «fléau pour l’individu qui constitue aussi un danger économique et social pour l’humanité». Ce n’est pas pour autant qu’une guerre à la drogue est déclarée: le texte ne vise qu’à unifier et clarifier l’ensemble des mécanismes de régulation du commerce international des stupéfiants et à prohiber les usages non médicaux des substances listées.

La guerre à la cocaïne à l’épreuve de l’«effet ballon»

En 2012, à la faveur de la sortie de son rapport sur les drogues, l’Organisation des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) annonçait que le Pérou venait de supplanter la Colombie comme premier producteur mondial de feuilles de coca. Un constat qui vient illustrer parfaitement ce que les services de police appellent l’«effet ballon», un terme qui désigne le déplacement des activités criminelles d’une zone géographique à une autre. Un phénomène, similaire à celui des vases communicants, qui fait que souvent dans l’histoire la lutte contre le crime organisé s’apparente à un jeu à somme nulle.

Du concept de prohibition à la notion de guerre

La guerre à la drogue est un slogan qui cache une profonde modification du principe originel de prohibition pour «faire de la politique avec d’autres moyens». Pour Fabrice Olivet d’ASUD, à qui nous ouvrons nos colonnes, cette guerre a été conçue et perpétrée pour cibler certaines catégories de population. La guerre à la drogue serait aussi une guerre sociale, une guerre culturelle, une guerre raciale.