Nicole Maestracci : au risque du savoir

Pour les militants de la politique de réduction des risques (RdR) Nicole Maestracci, membre du Conseil constitutionnel décédée le 7 avril dernier, restera à jamais l’autrice du «Savoir plus, risquer moins», une campagne qui vulgarise un slogan révolutionnaire: «il n’y a pas de société sans drogues». Pourtant, cette magistrate attachée au rôle symbolique de la loi, fut aussi à l’origine de l’émergence d’un pouvoir médical hégémonique popularisé sous le nom d’addictologie. Au-delà de la profonde humanité qui caractérise son souvenir, sa disparition nous amène à réfléchir sur la remarquable imperméabilité française à toute modification du cadre répressif en matière de drogues.

La réduction des risques est-elle de gauche ou de droite?

Réduction des risques (RdR) et réformisme en matière de drogues sont-ils à ranger dans l’escarcelle du «progressisme» sociétal de la gauche ou bien les fruits d’un humanisme libéral de droite porté par l’initiative courageuse de quelques femmes? Trente années de zigzags institutionnels, coupés d’alternances ne rendent pas cette lecture facile, mais il est possible de commenter une chronologie politique dont les principaux faits d’armes sont connus.

La droite, un père fouettard de papier ?

Depuis la loi de 1970, les avancées majeures en termes de réduction des risques sont à mettre au crédit de… la droite. Retour sur trois moments-clefs dans cet élan donné par la droite à la réduction des risques, non sans frictions internes, autour de trois femmes –Monique Pelletier, Michèle Barzach et Simone Veil– et d’un homme, Jean-François Mattei.