De la géopolitique des drogues illicites

Les drogues ont toujours et partout existé. Du moins depuis que l’homme existe, qu’il se déplace, qu’il commerce et qu’il consomme ces substances permettant de modifier réactions physiologiques et états de conscience. Les auteurs retracent l’histoire, la géographie et ses inégalités, l’accélération et les grands bouleversements de la production, de la consommation et des échanges des drogues illicites à travers le monde.

Histoire et géopolitique du trafic des opiacés en Asie du Sud-Est

En 1972, l’universitaire américain Alfred McCoy, professeur à l’université du Wisconsin, publiait un ouvrage désormais classique: La politique de l’héroïne en Asie du Sud-Est. Il y étudiait dans la (longue) durée le trafic des opiacés dans cette région du monde, pointant les relations troubles de pouvoir entre États, agences de renseignement (notamment la CIA), armées régulières, guérillas, contrebandiers, confréries mafieuses et populations traditionnelles, tous pris dans la nasse de la guerre froide. En s’appuyant en partie sur McCoy et sur d’autres travaux, retraçons ici la géopolitique de cette région-clé dans le trafic international d’opiacés, dont l’âge d’or fut les années 1960-1980.

«Les trois âges du Palfium®» histoire d’un produit ambivalent (France, 1957-1999)

Le Palfium®, médicament commercialisé mais soumis à la législation sur les stupéfiants, devient un objet de convoitise pour les usagers d’opiacés et, pendant un temps, l’un des outils de la substitution informelle pratiquée par les médecins généralistes. C’est donc plusieurs pans de l’histoire de la toxicomanie et de sa prise en charge thérapeutique qui se reflètent dans l’histoire de ce produit.

Drogue et banlieues: une histoire encore méconnue (France, années 1970-1980)

Les banlieues furent des terrains privilégiés de l’épidémie d’héroïne depuis les années 1980, avec sans doute des milliers de morts silencieuses, d’overdose ou des effets du VIH contracté par la pratique de l’injection. Les processus de massification des trafics et de précarisation des usages de drogue en banlieue demeurent mystérieux, les travaux de recherche historique étant encore trop peu nombreux. à partir de l’exemple parisien, essayons de comprendre comment la drogue a délaissé les centres-villes pour s’enraciner en banlieue et comment cette épidémie fut paradoxalement à la fois médiatisée et tue.