États-Unis : un nouveau cas de grippe aviaire chez un être humain

Les autorités sanitaires américaines ont confirmé, le vendredi 6 septembre 2024, qu’une personne avait été testée positive à la grippe aviaire sans contact connu avec un animal, une première aux États-Unis.

C’est une crainte des infectiologues qui pourrait être en train de s’incarner aux États-Unis. Un cas humain de grippe aviaire vient d’être recensé, sans que le patient ait eu un contact connu avec un animal infecté. Alors que des cas de grippe aviaire H5N1 ont déjà touché différentes familles animales, les spécialistes surveillent le virus qui pourrait muter pour devenir transmissible entre humains.

Les CDC ont confirmé un 14ᵉ cas humain de grippe aviaire humaine aux États-Unis, le 6 septembre 2024. Le patient, sexagénaire et souffrant de diverses comorbidités, a été hospitalisé pour un syndrome grippal le 22 août dernier dans l’État du Missouri. Il a été testé positif à un virus de la grippe A et un échantillon envoyé aux Centers for Disease Control (CDC) a confirmé qu’il avait bien été contaminé par un virus de la grippe aviaire.

Depuis plusieurs années, le virus de la grippe aviaire H5N1 circule activement parmi les oiseaux et les volailles. Il a infecté plusieurs classes de mammifères (lire notre article), dont des bovins responsables de contamination humaine, comme ce fut le cas au Texas en avril dernier. Cette détection au Missouri d’un cas humain de grippe aviaire chez un homme n’ayant pas eu de contact avec un animal infecté fait craindre une mutation du virus.

Influenza A Virus (H5N1/Bird Flu)
Virus de la grippe A (H5N1/grippe aviaire)
Trois particules virales de la grippe A (H5N1/grippe aviaire) (en forme de bâtonnets ; rose).
Remarque : la mise en page comprend deux micrographies électroniques à transmission du CDC qui ont été repositionnées et colorisées par le NIAID. L’échelle a été modifiée. Crédit: CDC et NIAID

Cependant, selon les CDC, aucune transmission n’a été identifiée chez les proches du patient ou d’autres personnes et l’OMS s’est félicitée que le système de surveillance national américain ait pu détecter et traiter ce patient avec des médicaments antiviraux. « Il est essentiel que les enquêtes sur l’exposition du patient se poursuivent, comme l’ont indiqué les autorités fédérales et régionales, pour aider à la prévention et aux réponses ultérieures», a indiqué à l’AFP la docteure Maria Van Kerkhove, responsable de la préparation et de la prévention des épidémies et pandémies auprès de l’OMS.

33 protéines
Pour franchir la barrière entre les oiseaux et les mammifères, des mutations spécifiques sont nécessaires, indique une étude parue dans Nature Communications. Grâce à la cryo-microscopie électronique, les scientifiques ont élucidé la structure d’un complexe protéique comprenant une protéine nommée ANP32, essentielle pour la réplication virale dans les cellules hôtes. La version aviaire de cette protéine diffère de la version humaine de 33 acides aminés seulement. Le virus doit donc modifier sa polymérase pour s’adapter à cette protéine et pouvoir infecter les mammifères. Cette découverte pourrait servir à surveiller les futures épidémies et évaluer le potentiel d’adaptation du virus à d’autres espèces.

Écoutez les explications de Benoit Arragain, post-doctorant au laboratoire européen de biologie moléculaire (EMBL) à Grenoble, premier auteur de cette étude (France culture)