Le 11 juillet 2023, 47 échantillons ont été testés provenant de 46 chats et d’un caracal (caracal caracal). Sur ces 47 échantillons, 29 (62%) étaient positifs pour la grippe A(H5N1). Et ils ont été signalés dans 13 zones géographiques du pays.
Quatorze chats auraient été euthanasiés et 11 autres sont morts, le dernier décès ayant été signalé le 30 juin. La source d’exposition des chats au virus est actuellement inconnue et des enquêtes sur les épizootiesEpizootie Épidémie qui frappe les animaux. sont en cours. Au 12 juillet, aucun contact humain de chats positifs A(H5N1) n’avait signalé de symptômes, et la période de surveillance pour tous les contacts est maintenant terminée.
Un risque de transmission à l’homme à réévaluer?
L’OMS note que des cas sporadiques d’infection de chats avec la grippe A(H5N1) ont déjà été relevés, mais que c’est une première en termes de nombre de cas sur une large zone géographique dans le même pays. Si l’organisation estime pour l’instant que le risque de transmission du chat à l’homme est faible pour la population générale et faible à modéré pour les propriétaires de chats et les personnes exposées professionnellement (comme les vétérinaires), elle pourrait réévaluer ce risque.
La semaine dernière, l’OMS a émis une alerte en lien avec la FAO (Food and Agriculture Organization, Organisation pour l’alimentation et l’agriculture) et l’OMSA (l’Organisation mondiale de la santé animale) à propos d’une augmentation de la circulation du virus de la grippe aviaire chez les mammifères, à même de faciliter la propagation du virus à l’espèce humaine.
En 2022, 67 pays sur cinq continents ont signalé à l’OMSA des épidémies de grippe aviaire à haute pathogénicité H5N1 chez les volailles et les oiseaux sauvages, avec plus de 131 millions de volailles domestiques mortes ou abattues. En 2023, 14 autres pays ont signalé des épidémies, principalement dans les Amériques, alors que la maladie continue de se propager. Plusieurs cas de mortalité massive ont été signalés chez les oiseaux sauvages, causés par les virus de la grippe A(H5N1) cladeClade Les clades désignent les variations d’un même virus qui ont divergé au gré des mutations génétiques. 2.3.4.4b.
Des épidémies chez les mammifères ont été signalées depuis 2022, dans au moins 10 pays sur trois continents. Mammifères terrestres et marins touchés – visons d’élevage en Espagne, phoques aux États-Unis d’Amérique et lions de mer au Pérou et au Chili, animaux domestiques tels que des chats et des chiens dans plusieurs pays… L’OMS estime qu’il y a probablement plus de pays où des épidémies n’ont pas encore été détectées ou signalées.
Surveillance à renforcer
Le Dr Sylvie Briand, directrice pour la Préparation et la prévention des pandémies à l’OMS, indique que «l’OMS travaille en étroite collaboration avec la FAO et l’OMSA et les réseaux de laboratoires pour surveiller l’évolution de ces virus, à la recherche de signaux de tout changement qui pourrait être plus dangereux pour l’homme. Nous encourageons tous les pays à augmenter leur capacité à surveiller ces virus et à détecter tout cas humain. Ceci est particulièrement important, car le virus affecte désormais des pays ayant une expérience préalable limitée en matière de surveillance de la grippe aviaire».
Les organisations sanitaires demandent en particulier de:
- Prévenir la grippe aviaire à sa source, considérer la vaccination des volailles;
- Détecter, signaler et répondre rapidement aux épidémies animales avec les stratégies de contrôle telles que décrites dans les normes de l’OMSA;
- Collaborer efficacement entre les experts en santé animale et ceux de la santé humaine;
- Renforcer la surveillance chez les animaux et les humains, en menant des enquêtes épidémiologiques et virologiques autour des épidémies animales et des infections humaines et en partageant les données génétiques entre pays.
L’adaptation aux mammifères sous surveillance
Lors des journées scientifiques de l’ANRS en mars dernier (voir la vidéo ci-dessous), Béatrice Grasland, chef d’unité virologie, immunologie, parasitologie aviaires et cunicoles de l’ANSES, a présenté des cas d’influenza aviaire H5N1, avec des sous-types hautement pathogènes tous issus d’une souche identifiée en 1996 en Chine chez une oie sauvage. Cette souche a donné naissance depuis à une multitude de sous-types, s’est recombinée pour former des dérivés H5Nx dont le clade 2.3.4.4b, qui s’est propagé dans le monde entier. Il est à l’origine d’une mortalité massive dans les populations d’oiseaux sauvages, mais également responsable de cas humains.
Un nombre croissant de franchissements de la barrière des espèces a été constaté avec une transmission inter-mammifères récemment mise en évidence dans un élevage de visons en Espagne. L’influenza aviaire s’adapte donc aux mammifères, c’est pourquoi elle nécessite une vigilance renforcée afin d’éviter sa transmission de l’homme à l’animal.
Béatrice Grasland a insisté sur la nécessité de surveiller et contrôler les formes hautement pathogènes de l’IA, devant le nombre élevé de franchissements de la barrière d’espèces. Le passage chez le mammifère favorise la sélection de souches de virus possédant une virulence et une capacité de transmissions accrue.
Aujourd’hui, le port d’équipements de protection individuelle (EPI) est requis pour les personnes exposées, les recommandations médicales sur la conduite à tenir devant les suspicions d’infection humaine ont été mises à jour (Haut conseil de la santé publique) et pour la première fois, la HAS conseille aux professionnels exposés aux virus influenza porcins et aviaires de se faire vacciner contre la grippe humaine saisonnière dans le cadre de la campagne 2022-2023.