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DOSSIER VIH et santé sexuelle1 décembre 2015

Journée mondiale de lutte contre le sida 2015 : Les chiffres en France

Des chiffres qui confirment l’urgence d’augmenter le recours au dépistage dans ces populations.

Par Charles Roncier, Vih.org
Épidémiologie Rencontre
Sommaire
  • Journée mondiale de lutte contre le sida 2015 : Les chiffres en France
  • Les chiffres 2015 du VIH en France
  • Les chiffres 2015 des infections sexuellement transmissibles en France
  • Les jeunes très exposés face au VIH
  • Migrants d’Afrique Subsaharienne et vih : plus d’un tiers des infections ont lieu après l’arrivée en france
1 décembre 2015

Les chiffres 2015 du VIH en France

L’année dernière, environ 6600 personnes ont découvert leur séropositivité. À 42%, il s’agit d’hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, un chiffre en augmentation constante depuis 2003.

Par Charles Roncier, Vih.org
Épidémiologie

Nombre de découvertes de séropositivité VIH, France, 2003-2014 (Source : Déclaration obligatoire du VIH, données corrigées au 31/12/2014, InVS)

A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida l’Institut de veille sanitaire (InVS) a produit, comme chaque année, des données actualisées sur l’infection à VIH en France. Selon l’intervalle de confiance, l’augmentation n’est pas significative par rapport aux années précédentes mais plus de données seront disponible dans les mois qui viennent, quand toutes les déclarations auront été traitées. Ces premières données reposent sur différents systèmes de surveillance auxquels participent biologistes et/ou cliniciens, de façon obligatoire ou volontaire, et sur des enquêtes menées auprès de populations spécifiques.

Il faut préciser que ces chiffres ne correspondent pas au nombre de personnes contaminées chaque année. C’est le calcul de l’incidence qui nous permet de d’estimer ce nombre, grâce entre autre à l’utilisation d’un test d’infection récente au sein des nouveaux diagnostics VIH (voir notre article L’incidence, indicateur direct de la transmission du VIH). Pour l’année 2012, on a ainsi évalué à 6 900 les personnes contaminées par le VIH en France. Après avoir diminué jusqu’en 2010, ce nombre se serait stabilisé sur les deux années suivantes. Sur cette même période, l’incidence est stable dans tous les groupes : les hétérosexuels quels que soient leur lieu de naissance et leur sexe, les UDI et les HSH (chez qui elle reste très élevée).

Les chiffres par populations

Le nombre de découvertes de séropositivité hors île de France est maintenant supérieur au nombre de celles découvertes en Île-de-France.

Nombre de découvertes de séropositivité VIH par région de domicile, France, 2003-2014 (Source : Déclaration obligatoire du VIH, données corrigées au 31/12/2014, InVS)

Une stabilité des découvertes de séropositivité VIH est observée globalement sur les dernières années, sauf chez les HSH où le nombre augmente de façon significative entre 2011 et 2014 (Il augmente régulièrement depuis 2003). En 2014, environ 2 800 HSH ont découvert leur séropositivité, représentant 42% de l’ensemble des découvertes. Ils sont nés à l’étranger pour 18% d’entre eux. Comme pour les découvertes de séropositivité, l’incidence est toujours très élevée chez les HSH, puisqu’on comptait 3 600 nouvelles contaminations en 2012, et qu’elle ne diminuait pas sur les années récentes.

Nombre de découvertes de séropositivité VIH par mode de contamination et par pays de naissance, France, 2003-2014 (Source : Déclaration obligatoire du VIH, données corrigées au 31/12/2014, InVS)

Le fait que chaque année, l’estimation du nombre d’HSH qui se contaminent (incidence) est de beaucoup supérieure au nombre de ceux qui découvrent leur séropositivité, tend à montrer que leur recours au dépistage est insuffisant, même s’il est plus fréquent que dans d’autres groupes exposés.

Parallèlement, la progression des autres IST (syphilis récentes, infections à gonocoques, et lymphogranulomatoses vénériennes-LGV-) se poursuit chez les HSH.

Dans la population hétérosexuelle, on observait jusqu’à l’année dernière une diminution du nombre de découvertes chez les hétérosexuels étrangers, un chiffre qui reste désormais stable. La majorité des découvertes chez les hétérosexuels est représentée par les 2 600 personnes hétérosexuelles nées à l’étranger dépistées . Il s’agit essentiellement de personnes nées en Afrique subsaharienne (77%) et de femmes (58%). Les analyses de sérotypage réalisées par le Centre national de référence du VIH ont permis d’établir que 29% des hétérosexuels nés en Afrique subsaharienne ont été infectés par un VIH-1 de sous-type B. Ceci indique une probable contamination en France pour au moins près d’un tiers des personnes d’Afrique subsaharienne, dans la mesure où cette souche virale est quasiment absente du continent africain. Chez les hétérosexuels nés à l’étranger, les nombres annuels de découvertes de séropositivité et de nouvelles contaminations sont proches, ce qui est probablement le reflet d’un bon niveau de dépistage dans cette population.

Le nombre d’usager de drogue (UD) découvrant leur séropositivité VIH est toujours très faible: environ 70 cas, soit 1% de l’ensemble des diagnostics en 2014. La majorité d’entre eux sont des hommes (84%). Alors que les UD étaient majoritairement nés à l’étranger entre 2010 et 2013 (principalement en Europe de l’Est et du Centre), ceux nés en France sont majoritaires parmi les découvertes en 2014.

Les personnes trans ne sont prises en compte que depuis 2012 dans les déclarations de séropositivité, et cette donnée n’a été renseignée que dans 64% des découvertes sur la période allant de 2012 à 2014. Ainsi, on compte sur cette période 32 déclarations de découverte de séropositivité, concernant en grande majorité des femmes trans (30). Les personnes ont de 17 à 61 ans, et habitent pour les deux tiers en Île-de-France. Le chiffre de découverte ne représente pas l’ensemble des déclarations effectuées, dont au moins la moitié au total représente des personnes qui connaissaient leur statut et qui reintégre le système de soin français.

Les pratiques de dépistages en France

5,3 millions de sérologies ont été réalisées en 2014, un chiffre stable depuis 2011.

Les pratiques de dépistages ont évoluées, la courbe la plus marquante étant la catégorie des dépistages orientés qui représentent 19% des motifs évoqués pour réaliser une sérologie en 2014.

Le nombre de dépistages communautaires effectués grâce aux tests rapides d’orientation au dépistage (TROD) a augmenté. S’ils ne représentent que 5% des tests, les TROD touchent une population beaucoup plus exposée puisque qu’on compte environ 9 tests positifs pour 1000 TROD effectués, contre moins de 4 dans le cas des sérologies anonymes. Cette offre de dépistage est un élément important permettant de disposer d’outils et de lieux de dépistage diversifiés, notamment au travers d’actions «hors les murs».

Le nombre de tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) réalisés par les associations de santé communautaire reste toutefois marginal par rapport à l’activité globale de dépistage : 61 600 en 2014, 56 500 en 2013 et 31 700 en 20121. Ce dépistage a surtout bénéficié en 2012 à la population HSH, mais a touché en 2013 et 2014 des publics plus diversifiés. Parmi l’ensemble des TROD réalisés en milieu associatif en 2014, 30% l’ont été chez des HSH, 28% chez des migrants et 36% chez des personnes n’appartenant pas aux populations les plus exposées. Plus de 500 TROD se sont avérés positifs, essentiellement chez des HSH et des migrants, dont environ 450 correspondaient à des découvertes de séropositivité.

Les trois quarts des sérologies réalisées en 2014 l’ont été dans des laboratoires de ville, un chiffre stable depuis 2011, tout comme le nombre de dépistages réalisés dans le cadre d’une consultation de dépistage anonyme et gratuit (CDAG/Ciddist): environ 350 000 sérologies anonymes en 2014, soit 7% de l’ensemble des sérologies.

Géographiquement, ce sont toujours les régions les plus touchées qui dépistent le plus : Les départements français d’Amérique (DFA), les départements du sud de la France, l’Île-de-France.

Le moment de la découverte

Concernant l’histoire de la maladie, le stade clinique majoritaire lors de la découverte est le stade asymptomatique, pour 67% des personnes en 2014. Ce chiffre est en constante augmentation depuis 2010. Les découvertes au stade sida ont diminué, mais ne diminuent plus beaucoup. Les découvertes au stade de la primo-infection n’augmente plus, celles intervenant  à plus de 500 CD4 sont en augmentation en 2012 et 2013, mais pas en 2014. A l’opposée, le nombre des personnes comptant moins de 200 CD4 lors de la découverte de leur séropositivité est en diminution en 2012 et 2013 mais pas en 2014.Sur cette dernière année, ce sont 39% des séropositivités VIH qui ont été découvertes à un stade précoce (primo-infection ou CD4>500/mm3), pourcentage équivalent à ce- lui de 2013. La proportion de découvertes à un stade avancé (sida ou CD4<200/mm3) en 2014 est de 26%.

La combinaison de ceux deux indicateurs (stade clinique et nombre CD4) confirme que la tendance à une plus grande précocité des diagnostics sur les années récentes ne s’est donc pas poursuivie en 2014, sauf chez les hommes hétérosexuels. On observe une stabilisation de la précocité des diagnostics chez les HSH (49% de diagnostics précoces en 2013 et 2014) et chez les femmes hétérosexuelles (respectivement 42% et 29 % chez celles nées en France et à l’étranger). Par contre, chez les hommes hétérosexuels, quel que soit leur pays de naissance, la proportion de diagnostics précoces augmente régulièrement entre 2010 et 2014 (de 27% à 37% chez ceux nés en France, et de 20% à 25% chez ceux nés à l’étranger).

Le dépistage, toujours essentiel

Les recommandations pour un dépistage généralisé en population générale, diffusées dans le cadre du plan national 2010-2014 de lutte contre le VIH et les IST, se confirment comme ayant été peu appliquées par les professionnels de santé, notamment en raison de la difficulté de prescrire un test en dehors d’un contexte clinique particulier ou d’une prise de risque. La stratégie globale de dépistage du VIH est actuellement en cours de réévaluation par la Haute Autorité de Santé (HAS).

De son côté, l’Inpes va lancer à l’occasion du 1er décembre une campagne de sensibilisation au dépistage, à la fois des IST et du VIH.

1 décembre 2015

Les chiffres 2015 des infections sexuellement transmissibles en France

Les données actualisées sur les IST montrent une augmentation des cas, particulièrement de syphilis chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.

Par Charles Roncier, Vih.org
Épidémiologie IST

Nombre de cas de syphilis récente et de gonococcies selon l’orientation sexuelle, France (Source : Réseau RésIST, InVS)

Syphilis récentes

L’augmentation du nombre de syphilis récentes s’est poursuivit en 2014, elle est très marqué pour les HSH dans toutes les régions. Elles concernent à 95% d’hommes, et ceux-ci sont majoritairement homo ou bisexuels, puisqu’ils représentent plus de 80% des syphilis prises en charge en 2014 dans les structures spécialisées. Quarante pour cent des syphilis récentes concernent des personnes vivant avec VIH

Notons que la population HSH est peut-être sur-représentée dans ces chiffres, qui proviennent majoritairement des Cidist/CDAG, il faudra attendre les données de l’assurance maladie pour en savoir plus.

Gonococcies et Infections à chlamydia

L’estimation de taux d’incidences via les données de laboratoire sur l’ensemble du territoires est de 15 0000 cas de gonococcies par an (soit 40 pour 100 000 habitant). L’Île-de-France et les DOM sont largement en tête. Ces chiffres serait en faible augmentation pour la population générale, mais particulièrement parmi les HSH, dans toutes les régions, qui représentent plus de 60% des infections à gonocoque prises en charge en 2014 dans les structures spécialisées. Les personnes de 20 à 29 ans sont les plus touchées. Seule bonne nouvelle, on constante un diminution des résistances au traitement de première ligne (ceftriaxone).

L’incidence estimée des chlamydioses est de 260 cas pour 100 000 habitants en France, mais de 522 pour 100 000 pour les DOM, le double du taux national. Soixante pour cent des cas concernent des femmes. Les déclarations provenant des sites à déclarations constantes depuis 2012 semble en revanche indiquer une stabilisation du nombre de cas en 2014 chez les hommes et les femmes.

Les séropositifs très exposés

Comme les syphilis récentes et les infections à gonocoques, les autres infections sexuellement transmissibles (IST) continuent donc à augmenter chez les HSH. Ainsi les lymphogranulomatoses vénériennes rectales (LGV, infection à Chlamydiae d’un génotype particulier) concernent à 98% des HSH et à 80% des personnes co-infectées VIH.

Parmi les HSH diagnostiqués pour une syphilis ou une gonococcie en 2014, respectivement 40% et 14% d’entre eux étaient co-infectés par le VIH. Ces chiffres peuvent s’expliquer par la non protection des rapports anaux par le préservatif chez les HSH séropositifs (dans l’enquête EPGL 2011, près de 80% des HSH VIH+ avaient eu au moins un rapport anal non protégé avec un partenaire occasionnel dans les 12 derniers mois)(Source : Comportements sexuels entre hommes à l’ère de la prévention combinée – Résultats de l’enquête presse gays et lesbiennes 2011 ; BEH 39-40;2013). Par ailleurs, pour ces patients, seul 1% des fellations étaient protégées.

L’enquête Prévagay 2015, en cours auprès des HSH fréquentant les lieux de convivialité gay dans cinq villes française (Nice, Montpellier, Lyon, Lille et Paris), permettra notamment d’apporter des éléments sur leur appropriation de ces méthodes de prévention.

1 décembre 2015

Les jeunes très exposés face au VIH

Le sida est la première cause de décès chez les adolescents en Afrique. Et en France, depuis 2003, le nombre de découvertes de séropositivité VIH a plus que doublé chez les jeunes hommes ayant des rapports avec d’autres hommes (HSH) de 15 à 24 ans.

Par Charles Roncier, Vih.org
Épidémiologie Jeunes

Estimations du nombre de nouvelles contaminations VIH chez les HSH par classe d’âge, France, 2004-2012

L’augmentation étant moins marquée chez ceux âgés de 25 ans et plus.  De façon parallèle, les estimations d’incidence montrent une augmentation des nouvelles contaminations chez les 15-24 ans entre 2004 et 2012.

En France, les HSH sont aujourd’hui les plus exposés parmi les jeunes adultes : En 2013, 726 jeunes de 15 à 24 ans ont découvert leur séropositivité au VH, soit 11,7% de l’ensemble des découvertes. Parmi ces personnes, on compte 686 jeunes adultes (18-24) diagnostiqués en 2013, et la grande majorité étant des hommes (68%) contaminés dans le cadre d’un rapport avec un autre hommes (75% d’entre eux). Dans ce groupe, le nombre de découverte de séropositivité a augmenté de 157% durant les 10 dernières années.

Évolution du nombre de découvertes de séropositivité VIH chez les jeunes de 18 à 24 ans en France, selon le mode de contamination, le sexe et le lieu de naissance (données au 31/12/2013 corrigées pour les délais de déclaration, la sous-déclaration et les valeurs manquantes)

Si on regarde les chiffres chez les plus jeunes depuis 2003 en revanche, ce sont les adolescentes qui sont le plus touchées dans le groupe des 15-17 ans : Les deux tiers des 524 découvertes de séropositivité sur cette période concernent des jeunes filles (68%), majoritairement nées à l’étranger et via des rapports hétérosexuels. Dans le tiers de garçons restant, les jeunes HSH sont là aussi très exposés, puisqu’ils représentent 49% des découvertes.

Un enjeux mondial

Le sida est la première cause de décès chez les adolescents en Afrique et la deuxième cause de décès chez les adolescents au niveau mondial. Parmi les populations touchées par le VIH les adolescents sont le seul groupe pour lequel les chiffres relatifs à la mortalité ne sont pas en diminution, selon l’Unicef.

En Afrique subsaharienne, la région qui affiche la plus forte prévalence les filles sont considérablement plus touchées et comptent pour 7 sur 10 des nouvelles infections parmi les 15-19 ans. Et pourtant, 1 adolescent seulement sur 10 de ce groupe d’âge est testé pour le VIH dans la région.

Un espoir, cependant : la plupart des adolescents qui meurent aujourd’hui de pathologies liées au VIH ont été infectés par le virus pendant leur petite enfance, il y a 10 à 15 ans, à l’époque où un nombre moins important de femmes et de mères vivant avec le VIH recevaient des antirétroviraux pour prévenir la transmission du virus de la mère à l’enfant (PTME). Les progrès de la PTME peuvent nous permettre de faire baisser ces chiffres alarmant.

1 décembre 2015

Migrants d’Afrique Subsaharienne et vih : plus d’un tiers des infections ont lieu après l’arrivée en france

Une part importante (entre 35 % et 49 %) de migrants d’Afrique subsaharienne séropositifs pour le VIH et résidant en Ile-de-France ont été infectés après leur arrivée en France. Tel est le résultat principal de l’étude ANRS PARCOURS, coordonnée par Annabel Desgrées du Loû (Institut de recherche pour le développement/IRD) et financée par l’ANRS (France REcherche Nord&sud Sida-hiv Hépatites). Ces résultats ont fait l’objet de publications dans les revues Eurosurveillance et AIDS, et viennent de paraître dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 1er décembre.

Par ANRS, France Recherche Nord&Sud Sida-HIV Hépatites
Épidémiologie Migrants Recherche

En 2013, environ un tiers des découvertes de séropositivité en France concernait des personnes nées en Afrique subsaharienne. Cette région est particulièrement touchée par le VIH avec près de 25,8 millions de personnes infectées en 2014 et 70 % des nouvelles infections par le VIH. Jusqu’à présent, les conditions épidémiologiques de l’Afrique subsaharienne pouvaient laisser supposer que les migrants subsahariens séropositifs pour le VIH avaient contracté le virus avant leur arrivée en France. 

L’étude ANRS « Parcours de vie, VIH et hépatite B chez les migrants sub-Sahariens vivant en Ile-de-France » ( ANRS PARCOURS), menée par Annabel Desgrées du Loû (CEPED, UMR IRD-Université Paris Descartes, Paris, France) et coll., financée par l’ANRS (France REcherche Nord&sud Sida-hiv Hépatites) avec le soutien de la Direction générale de la santé, suggère au contraire que, pour une part importante des migrants – entre 35 % et 49 % selon les scénarii -, l’infection par le VIH s’est faite en France. Les résultats de cette enquête ont fait l’objet de publications dans les revues Eurosurveillance et AIDS, et viennent de paraître dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) édité par l’Institut de Veille Sanitaire (InVS) le 1er décembre.

ANRS PARCOURS : contexte et méthodologie

ANRS PARCOURS est une enquête réalisée entre février 2012 et mai 2013 auprès de migrants venant d’Afrique subsaharienne, afin de déterminer leurs besoins de santé et d’améliorer les stratégies de prévention, de dépistage et de prise en charge de l’infection par le VIH et l’hépatite B. Conduite en Ile-de-France, région accueillant le plus grand nombre de migrants d’Afrique subsaharienne, au sein de 74 services de santé, dont 24 services hospitaliers de suivi du VIH, ANRS PARCOURS a été réalisée en collaboration entre des équipes de l’IRD, de l’Inserm et de l’INPES, ainsi qu’avec le soutien d’associations de migrants et de malades1Le groupe ANRS PARCOURS est composé de : A.Desgrées du Loû (IRD), F.Lert, R.Dray Spira, N.Bajos (INSERM), N.Lydié (INPES) (resp. scientifiques), J.Pannetier, A.Ravalihazy, A.Gosselin, E.Rodary, D.Pourette (CEPED), J.Situ, (Réseau des associations africaines et caribéennes de lutte contre le sida (RAAC-SIDA), P.Revault (Comité médical pour les exilés (Comede)), P.Sogni, J.Gelly (APHP), Y.Le Strat (InVS), N.Razafindratsima (INED).

898 patients suivis pour un VIH, dont 550 femmes, ont participé à cette enquête. En moyenne, ils étaient âgés de 43 ans et séjournaient en France depuis 12 ans. 

La proportion de migrants ayant été infectés par le VIH après leur arrivée en France a été estimée à partir de données biographiques (histoire migratoire, activité sexuelle et tests de dépistage réalisés en France) et cliniques (nombre de cellules CD4 au moment du diagnostic de l’infection par le VIH). 

Ainsi, l’infection VIH a été considérée postérieure à l’arrivée en France dans plusieurs cas : lorsque la personne était diagnostiquée VIH plus de 11 ans après son arrivée en France ; lorsqu’elle avait eu au moins un dépistage négatif en France ; lorsqu’elle avait commencé sa vie sexuelle en France. 

Dans les autres cas, les chercheurs ont modélisé le déclin des cellules CD4, afin d’estimer le nombre d’années écoulées entre l’infection par le VIH et la première mesure des CD4 et dater l’infection.

Entre 35 % et 49 % des migrants infectés après leur arrivée en France 

Sur les 898 personnes suivies dans le cadre de l’étude ANRS PARCOURS, 133 avaient été diagnostiquées infectées par le VIH avant l’arrivée en France. 

Sur la base des éléments biographiques, 228 ont pu être classées comme infectées après l’arrivée en France. 

Pour les 537 autres patients, la modélisation à partir du déclin des CD4 conduit à estimer que 69 à 197, selon l’application plus ou moins stricte des critères de classement des individus, ont été infectés en France. C’est donc au total, 35% à 49% des migrants d’origine subsaharienne qui ont été infectés par le VIH après leur arrivée en France. 

Ces résultats confortent ceux de plusieurs autres études : 

– l’étude de Rice et al2Rice BD, Elford J, Yin Z, Delpech VC. A new method to assign country of HIV infection among heterosexuals born abroad and diagnosed with HIV: AIDS. sept 2012;26(15):1961-6.., réalisée au Royaume-Uni en se basant uniquement sur l’estimation du déclin des cellules CD4 à partir des données de surveillance du VIH au Royaume Uni et publiés en 2012 dans la revue AIDS. Ils ont montré que près de 31 % des migrants subsahariens diagnostiqués séropositifs entre 2004 et 2010 avaient été infectés après l’arrivée au Royaume Uni. 

– L’enquête aMASE (Amélioration de l’accès des émigrés aux services de la santé en Europe), réalisée en 2013 selon laquelle en Europe, 31 % des migrants originaires d’Afrique subsaharienne infectés par le VIH l’ont été après leur arrivée dans leur nouveau pays de résidence. 

Renforcer la prévention

«Ces résultats remettent en cause l’idée selon laquelle la prise en charge des migrants réside surtout dans le dépistage et la mise sous traitement. Il est bien sûr important de dépister et de traiter mais il faut aussi prévenir l’infection», souligne Annabel Desgrées du Loû. «Une étude complémentaire, réalisée au sein d’ANRS PARCOURS et dont les résultats sont publiés ce mois-ci dans la revue AIDS, montre que durant les premières années qui suivent leur arrivée en France, les migrants font face à des grandes difficultés pour obtenir des papiers ou un logement. Durant cette période très difficile, les migrants, et en particulier les femmes, ont plus de rapports sexuels à risque, souvent dans le but d’avoir un lieu où dormir, ou la protection de quelqu’un qui, lui, a des papiers», précise la chercheuse. 

«Les migrants arrivant en France font souvent face à une très grande précarité. Cette recherche attire notre attention sur la nécessité de mettre en place des mesures d’accompagnement et de prévention du VIH spécifiques pour cette population», ajoute le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l’ANRS.

Sommaire
  • Journée mondiale de lutte contre le sida 2015 : Les chiffres en France
  • Les chiffres 2015 du VIH en France
  • Les chiffres 2015 des infections sexuellement transmissibles en France
  • Les jeunes très exposés face au VIH
  • Migrants d’Afrique Subsaharienne et vih : plus d’un tiers des infections ont lieu après l’arrivée en france
De la théorie du traitement ARV universel et précoce à la pratique
Débat autour du matériel d’injection
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