Les présentations ont porté sur le bilan des études réalisées (partiel pour ce qui concerne les publications françaises), la perspective de la publication de nouvelles recommandations, ainsi que d’une « boîte à outils » début 2026 des experts du groupe.
Tamara Djuretic (UKHSA) a présenté en avance les résultats obtenus au Royaume Uni sur 24 des 34 sites anglais portant sur plus de 7 millions de tests (publiés depuis) qui montrait des taux de positivité de 0,05 % pour le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. de 0,08 % pour l’hépatite C et de 0,42 % pour le VHB. Dans ce contexte, seuls 8 % des tests VIH positifs étaient des nouvelles découvertes, contre 52 % pour le VHC et le VHB.

Figure 1. Proportion de résultats positifs aux tests correspondant à de nouveaux diagnostics ou à des personnes déjà diagnostiquées, selon le type de virus sanguin. Source: SSBBV data for 24 sites, matched to HANDD or HARS.
La discussion a aussi porté sur la problématique du consentement pour des programmes qui fonctionnent sur la base de l’opt-out, alors que dans le passé le consentement explicite était requis. Cette problématique est particulièrement complexe en Allemagne, comme l’a rappelé Jürgen K Rockstroh (Centre hospitalier universitaire de Bonn) qui requiert un consentement explicite. Ici pèse encore la sensibilité dû au passé nazi qui conduit encore aujourd’hui à un respect scrupuleux des principes éthiques et fait barrière à l’opt-out pour de nombreux professionnels.
L’intervention la plus contributive était celle de Emma Young, praticienne des urgences à East-London, qui a de façon très ferme formalisé les conditions dans lesquelles le dépistage du VIH, du VHB et VHC peut-être réalisé aux urgences. Ce dépistage doit avoir un impact minimal sur les soignants de ces services déjà surchargés et qui par définition travaillent toujours dans l’urgence médicale. C’est un des principes de base : le personnel des urgences ne veut pas de travail supplémentaire. Les protagonistes du dépistage des 3 virus doivent donc s’imprégner de la culture des urgences pour implanter leur programme :
- Le consentement en opt-out repose sur un affichage en plusieurs langues (ici, cinq) expliquant la réalisation des tests. Une traduction en plus de 20 langues est accessible en ligne
- L’ensemble des professionnels des urgences doit bénéficier de la formation sur le sujet et ceci de façon répétée et fréquente. Les interventions doivent être brèves (5 minutes environ), notamment lors des réunions de changement d’équipes ; Elles sont aussi l’occasion d’un feedback sur les résultats obtenus.
- La réalisation du test, du prélèvement jusqu’au retour du résultat, doit se faire via le dossier électronique du patient pour limiter toute charge de travail supplémentaire dans la transmission des informations.
- Les résultats positifs imposant une prise en charge ne peuvent pas être du ressort du personnel des urgences; cette dernière doit être organisée de façon autonome afin que les patients soient adressés vers le service pertinent. Les résultats négatifs ne sont pas communiqués dans ce contexte.
- Les urgentistes aiment «apprendre et innover ». Leur rapporter « les histoires de patients » est une puissante motivation et dans cette perspective, partager les résultats en fait partie.
Le dépistage aux urgences ne s’improvise pas, il exige une forte organisation de la part de ses promoteurs —qui se trouvent du côté des infectiologues et non des urgentistes— pour tenir toute la trajectoire de l’organisation, de la mesure et du rendu de l’activité et de ses résultats.
Au terme de cette courte session, les participants ont conclu sur l’efficience, résumé par ses mots de Tamara Djuretic (UKHSA) : «Ce qu’il est vraiment crucial de comprendre, c’est que c’est le dépistage combiné des virus transmis par le sang — VIH, hépatite B et hépatite C — qui rendra ce programme rentable. Se concentrer sur chaque virus individuellement ne le sera pas forcément.»
Bibliographie
- SPS8 – EuroTest special session: Bloodborne virus testing in Emergency Departments across Europe, EACS 2025.