Lénacapavir et anticorps neutralisants : une stratégie prometteuse en injection semestrielle

Un essai de phase II a évalué l’administration semestrielle du lénacapavir (LEN) associé à deux anticorps neutralisants à large spectre (bNAbs), le teropavimab (TAB) et le zinlirvimab (ZAB), en comparaison avec un traitement antirétroviral oral standard. L’objectif était d’évaluer l’efficacité, la tolérance et la pharmacocinétique de cette nouvelle approche thérapeutique, présentée à la CROI 2025.

Cet essai de phase II a inclus 80 patients, répartis de manière aléatoire dans un ratio de 2:1 entre le groupe LTZ (LEN + TAB + ZAB), recevant une administration injectable tous les 6 mois, et le groupe traitement standard, poursuivant leur traitement antirétroviral oral quotidien.

Les participants devaient avoir une charge virale contrôlée depuis plus d’un an sous un traitement stable et être infectés par des souches du VIH sensibles aux deux bNAbs.

Dans le groupe LTZ, le protocole de traitement consistait en :

  • J1 et J2 : administration orale de LEN (600 mg)
  • J1 et M6 : injection sous-cutanée de LEN (927 mg) et perfusions des bNAbs (2550 mg chacun)

L’âge médian des participants était de 51 ans (20-65 ans), et leur taux moyen de CD4 était de 749/mm³.

Des résultats comparables entre les deux stratégies

À la 26ᵉ semaine (S26), le taux de patients conservant une charge virale < 50 copies/mL était pratiquement identique dans les deux groupes, avec 96,2% dans le groupe LTZ et 96,3% dans le groupe traitement standard. Les concentrations thérapeutiques des trois molécules (LEN, TAB et ZAB) ont été maintenues jusqu’à S26.

Des anticorps dirigés contre les bNAbs ont été détectés chez 11,3 % des patients pour TAB et 17 % des patients pour ZAB. Toutefois, ces anticorps n’ont pas eu d’impact sur la tolérance ni sur la pharmacocinétique des traitements.

Un seul échec virologique a été observé dans le groupe LTZ, à S24, avec l’émergence d’une mutation de résistance au LEN (Q67H) et une perte de sensibilité à un des bNAbs (ZAB). Les concentrations des bNAbs restaient satisfaisantes, mais celles du LEN étaient inférieures à l’intervalle de confiance à 95 % de la moyenne dès S12.

Les effets indésirables les plus fréquents étaient liés à l’injection sous-cutanée du LEN, mais restaient majoritairement de grade 1.

Ces résultats confirment que l’administration du lénacapavir associé à deux bNAbs tous les six mois est une alternative aussi efficace qu’un traitement antirétroviral oral quotidien. Ces résultats confirment les données précédentes et l’intérêt de cette stratégie innovante.

D’après Ogbuagu O et al., abstr.151, actualisé

Une version de cet article a été précédemment publié dans le e-journal de la Lettre de l’infectiologue à l’occasion de la CROI 2025. Nous le reproduisons ici avec leur aimable autorisation.