Les IST bactériennes en 2023

Selon Santé publique France, on constate une augmentation du nombres de dépistage des infections sexuellement transmissibles (IST) bactériennes, ce qui s’accompagne d’une augmentation du nombre de personnes diagnostiquées.

La surveillance des ISTIST Infections sexuellement transmissibles.  bactériennes repose sur plusieurs systèmes d’information: les informations sur le dépistage par le système national des données de santé (SNDS) qui rapporte les actes de dépistage et le nombre de diagnostics à partir de certaines prescriptions remboursées, les données des centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) à travers SurCeGIDD qui est le système d’information médicalisée de ces centres. Les indicateurs suivis dans les différentes sources d’information sont pour chaque IST, le nombre et les taux de tests de dépistage et de diagnostics rapportés à la population et les taux de positivité qui sont connus seulement à travers les données des CeGIDDCeGIDD Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) des infections par les virus de l'immunodéficience humaine, des hépatites virales et des infections sexuellement transmissibles. Ces centres remplacent les Centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) depuis le 1er janvier 2016.

Les caractéristiques associées à ces indicateurs sont le sexe et l’âge et la région, et s’y ajoutent pour les données en CeGIDD, le genre, l’orientation sexuelle et le pays de naissance.

Les informations du SNDS sont présentées sur une période de 10 ans de 2014 à 2023 et celles de SurCEGIDD sur la période 2021-2023.

Surveillance des IST dans les informations émanant du SNDS

En 2023, selon les SNDS, 3 millions de personnes ont eu une recherche de chlamydia trachomatis, 3,3 millions pour le gonocoque et 3,3 millions pour la syphilis. Sur 10 ans, le fait remarquable est l’augmentation des dépistages avec une accélération à partir de 2018 pour les deux sexes et pour tous les groupes d’âge mais avec des niveaux différents selon les infections.

Les chiffres du SNDS rapportent les dépistages remboursés pour les examens faits en secteur privé. Quelle que soit l’infection, les femmes dominent largement dans les dépistages remboursés. Si la recherche en prénatal peut expliquer ce niveau élevé chez les jeunes femmes en particulier, on doit rappeler la baisse continue des naissances dans la longue durée et particulièrement après la crise sanitaire et donc sans doute des dépistages systématiques en prénatal. À noter l’augmentation plus marquée chez les femmes de 50 ans ou plus.

Il existe une hétérogénéité régionale dans l’hexagone avec les taux de dépistage les plus élevés en Ile de France et des niveaux systématiquement plus élevés dans les départements et régions d’Outre-mer, à l’exception de Mayotte.

L’incidence de chlamydia trachomatis augmente régulièrement depuis 2014 et atteint le chiffre de 55 500 en 2023). Depuis 2021, l’augmentation a été de 10% plus marquée chez les hommes (23%) surtout après 50 ans (39%) mais est en baisse de 3% chez les femmes. Les taux rapportés à la population sont un peu plus élevés chez les hommes que chez les femmes (respectivement 92 et 72 pour 100 000 habitants)

Diagnostics d’infection à Chlamydia trachomatis en 2023, données SNDS, Santé publique France.

Pour l’infection à gonocoque (23 000 diagnostics environ en 2023) , l’augmentation est continue depuis 2014, avec une augmentation plus marquée entre 2021 et 2023 chez les hommes (+59%) et chez les femmes (+46%), et plus encore chez les plus de 50 ans dans les deux sexes. L’écart entre les sexes est plus marqué avec un taux rapportés à la population de 49 et 19 pour 100 000 respectivement pour les hommes et pour les femmes.

Diagnostics d’infection à gonocoque en 2023, données SNDS, Santé publique France

Pour la syphilis, après une stabilité entre 2014 et 2018, l’incidence augmente. En 2023, 5800 personnes avec une syphilis ont été diagnostiquées. Entre 2021 et 2023, l’augmentation globale est de 20% plus marquée chez les femmes que chez les hommes (respectivement +27% chez les femmes et +19% chez les hommes. L’incidence est de 16 pour 100 000 chez les hommes et de 2 pour 100 000 chez les femmes.

Diagnostics de syphilis en 2023, données SNDS, Santé publique France

Surveillance des IST dans les informations émanant des CeGIDD

Les CeGIDD ont réalisé en 2023, 245 000 dépistages de chlamydia trachomatis, 235 000 dépistages de gonocoques, et 220 000 de syphilis. Ici les hommes cis dominent nettement avec un peu moins de deux-tiers d’hommes, un peu plus du tiers de femmes cis et un peu moins de 1% de personnes trans.

Les taux de positivité des tests en CeGIDD ont augmenté entre 2021 et 2023 pour chlamydia trachomatis, gonocoque et la syphilis.

Diagnostics d’infection à Chlamydia trachomatis en 2023, données SurCeGIDD, Santé publique France.

19122 diagnostics de chlamydia trachomatis ont été réalisés, 10723 de gonococcies et 2536 de syphilis. Ces infections concernent surtout des personnes jeunes avec 24 ans d’âge médian pour chlamydia trachomatis, 28 ans pour les gonococcies mais 34 ans pour les cas de syphilis ; les âges sont systématiquement plus jeunes chez les femmes cis que chez les hommes cis et les personnes trans (à l’exception de la syphilis pour laquelle l’âge est ici plus bas que celui des hommes cis).

Diagnostics d’infection à gonocoque en 2023, données SurCeGIDD, Santé publique France.

En résumé, l’augmentation du dépistage des IST prescrite est marquée dans les dernières années, elle est générale puisqu’elle concerne les hommes et les femmes et les différentes tranches d’âge avec des nombres croissants d’IST diagnostiquées qui peuvent traduire aussi une augmentation de la transmission, sans qu’on puisse évaluer le rôle de chaque phénomène. Néanmoins cette augmentation du dépistage est favorable au contrôle de ces infections.

Diagnostics de syphilis en 2023, données SurCeGIDD, Santé publique France.

Les CeGIDD se confirment dans leur rôle de cliniques IST orientées vers les populations jeunes et plus exposées et on y observe dans les 3 dernières années une augmentation des taux de positivité qui va plutôt dans le sens d’une augmentation de l’incidence.