Le 20 juin 2024, Gilead Sciences a annoncé les résultats préliminaires encourageants de l’essai de phase 3, PURPOSE 1: ces derniers démontrent que son inhibiteur de capside injectable, le lénacapavir, a montré une efficacité de 100% en ce qui concerne la prévention du VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. chez les femmes cisgenres participant à l’étude.
Le lénacapavir, commercialisé sous le nom de Sunlenca®, est un nouvel inhibiteur de capside ayant une longue demi-vie et une forte puissance antivirale. Il représente une avancée majeure, car il n’a pas de résistance croisée connue avec les autres classes d’antirétroviraux et est administrable tous les six mois.
Jusqu’à présent, le lénacapavir, commercialisé par Gilead, est utilisé en traitement de dernier recours chez des patients séropositifs, en association à d’autres antirétroviraux, face à une infection à VIH-1 multirésistant, contre lequel les autres traitements ne sont pas efficaces. Il est également évalué actuellement en combinaison de traitement avec des anticorps neutralisants à large spectre (bNAbs).
L’étude PURPOSE 1
PURPOSE 1 est une étude randomisée de phase 3, en double aveugleDouble aveugle L'étude avec répartition aléatoire, randomisé ou en double insu (ou en double aveugle) est une démarche expérimentale utilisée en recherche médicale et pharmaceutique faisant que ni le patient ni le médecin ne sait quel traitement est pris : traitement A ou B, traitement A ou placébo. qui évalue l’innocuité et l’efficacité du lénacapavir en tant que prophylaxie pré-exposition (PrEP) en injection sous-cutanée deux fois par an chez plus de 5300 femmes et adolescentes cisgenres, âgées de 16 à 25 ans, réparties sur 25 sites de recherche en Afrique du Sud et trois en Ouganda.
Les participantes de ce large essai (5538) ont été réparties de manière aléatoire en 3 groupes, le premier recevant du lénacapavir en injection tous les six mois, et les deux autres une version de PrEPPrEP Prophylaxie Pré-Exposition. La PrEP est une stratégie qui permet à une personne séronégative exposée au VIH d'éliminer le risque d'infection, en prenant, de manière continue ou «à la demande», un traitement anti-rétroviral à base de Truvada®. orale une fois par jour, Descovy® (emtricitabine 200 mg et ténofovir alafénamide 25 mg ; F/TAF) ou Truvada® (emtricitabine 200 mg et fumarate de ténofovir disoproxil 300 mg ; F/TDF). Cette répartition a été faite selon un rapport de 2:2:1 respectivement pour le lénacapavir, le Descovy® et le Truvada®. L’étude n’a pas utilisé de bras placeboPlacebo Substance inerte, sans activité pharmacologique, ayant la même apparence que le produit auquel on souhaite le comparer. (NDR rien à voir avec le groupe de rock alternatif formé en 1994 à Londres par Brian Molko et Stefan Olsdal.) (sans PrEP), puisque, l’efficacité de la PrEP n’étant plus à démontrer, il aurait été impossible de le faire dans des conditions éthiques.
L’efficacité a été observée par l’absence de toute nouvelle infection chez les 2134 femmes sous lénacapavir, comparées au 1068 femmes prenant le Truvada® quotidiennement (16 nouvelles infections), et aux 2136 femmes prenant le Descovy® quotidiennement (39 nouvelles infections).
Sur la base de ces résultats, le comité indépendant de surveillance des données (DSMB) a recommandé l’arrêt de la phase en aveugle de l’essai pour que le lénacapavir soit proposé à tous les participantes. Selon Merdad Parsey, le directeur médical de Gilead Sciences, «avec zéro infection et une efficacité de 100%, le lénacapavir semestriel a démontré son potentiel en tant que nouvel outil important pour aider à prévenir les infections par le VIH.»
Quatre autres études PURPOSE sont en cours pour évaluer l’efficacité du lénacapavir dans d’autres contextes géographiques et auprès des hommes cisgenres ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), des personnes transgenres et non-binaires, et des usagers de drogue.
Accessibilité et coût
Malgré l’enthousiasme suscité par ces résultats, la question du coût et de l’accessibilité du lénacapavir demeure préoccupante pour beaucoup d’activistes. Actuellement, aux États-Unis, le prix du lénacapavir s’élève à 40000 dollars par an, soit un prix bien supérieur à celui des génériques de ténofovir disoproxil/emtricitabine couramment utilisés. Des voix se sont élevées pour demander un accès équitable au traitement, comme l’appel de la People’s Medicine’s Alliance, signé par plus de 300 signataires, qui demande à Gilead d’accorder une licence de production générique bon marché du lénacapavir via le Medicines Patent Pool (MPP).
Les efforts de collaboration entre Gilead, les communautés affectées et les organisations de santé seront essentiels pour transformer cette réussite scientifique en une victoire concrète dans la lutte contre le VIH.