Chemsex. Ce mot est encore peu connu du grand public. «Chem» est l’abbréviation de «chemicals», qui signifie produit chimique ou drogue. Ainsi le chemsexChemsex Le chemsex recouvre l’ensemble des pratiques relativement nouvelles apparues chez certains hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), mêlant sexe, le plus souvent en groupe, et la consommation de produits psychoactifs de synthèse. est la consommation de drogues pendant les relations sexuelles1CREAI-ORS Occitanie. Le phénomène « chemsex » en Occitanie. Rapport d’étude (mars 2019). Plus précisément, c’est une consommation «strictement au service des activités sexuelles, prévues pour une longue durée (plusieurs heures ou plusieurs jours), impliquant plusieurs partenaires», peut-on lire dans l’étude APACHES2OFDT. Etude Attentes et Parcours liés au CHEmSex (APACHES) (mai 2019). Autrement dit, augmenter la libido, ne plus être inhibé, ou encore rester endurant sont les principales sensations recherchées par les adeptes du chemsex3CREAI-ORS Occitanie. Le phénomène « chemsex » en Occitanie. Rapport d’étude (mars 2019). Ces derniers sont surtout des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH)4Benyamina, A. Rapport «Chemsex» pour le Ministre de la Santé (2022). Mais un rapport de l’Observatoire Régional de la Santé d’Occitanie souligne que cette pratique existe également chez les hétérosexuels5CREAI-ORS Occitanie. Le phénomène « chemsex » en Occitanie. Rapport d’étude (mars 2019). De même, le rapport «Chemsex», coordonné par le Pr Amine Benyamina, chef du service de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Paul Brousse à Villejuif, indique que «les pratiques d’usage de substances en contexte sexuel ne sont pas limitées au milieu HSHHSH Homme ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes. et certaines pratiques tendent à diffuser depuis les communautés HSH, vers d’autres milieux»6Benyamina, A. Rapport «Chemsex» pour le Ministre de la Santé (2022). Ce rapport a été commandé par Olivier Veran, ministre des Solidarités et de la Santé, inquiet des risques pour la santé. «La pratique du chemsex interroge sur les conséquences en termes de santé publique tant sur l’augmentation des infections sexuellement transmissibles, notamment du VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. et VHC, que sur la consommation de drogues et de conduites addictives qui en découlent», est-il écrit dans la lettre de mission7Ministère des Solidarités et de la Santé. Lettre de mission d’Olivier Veran (septembre 2021).
Un phénomène qui prend de l’ampleur
Depuis une dizaine d’années, le chemsex tend à se développer en France8CREAI-ORS Occitanie. Le phénomène « chemsex » en Occitanie. Rapport d’étude (mars 2019). «Il pourrait concerner 20% de la population HSH», peut-on lire dans le rapport «Chemsex»9Benyamina, A. Rapport «Chemsex» pour le Ministre de la Santé (2022). Il est favorisé par le développement des sites internet et des applications géolocalisées dédiées aux rencontres. De plus, la gamme des produits psychostimulants accessibles facilement s’est élargie. C’est le cas par exemple du GHB et des cathinones de synthèse, que l’on peut acheter très bon marché. «Ces deux évolutions ont participé à l’augmentation de la visibilité du chemsex et à sa diffusion», explique le livret de prévention des addictions Respadd10Respadd. Livret d’information sur le chemsex.. «Le partage d’expériences sur différents blogs, différents forums, différentes plateformes interactives et les réseaux sociaux permet d’attirer de nouveaux consommateurs et favorise l’émergence de nouvelles modes de consommation (music parties, slam parties, sex parties…)», précise le rapport «Chemsex»11Benyamina, A. Rapport «Chemsex» pour le Ministre de la Santé (2022).
Nécessité de dépister les infections sexuellement transmissibles
Cette pratique présente des risques pour la santé. «Même s’il ne conduit pas nécessairement à des dommages, le chemsex alerte particulièrement dans la mesure où il expose les personnes aux risques liés à la fois à l’usage de substances psychoactives et à certaines pratiques sexuelles», prévient l’étude APACHES12OFDT. Etude Attentes et Parcours liés au CHEmSex (APACHES) (mai 2019). La consommation de drogues peut entraîner des addictions, mais aussi des infections liées au partage et à la ré-utilisation du matériel13OFDT. Etude Attentes et Parcours liés au CHEmSex (APACHES) (mai 2019). Certains consomment les psychostimulants par injection. Or si elle n’est pas réalisée en respectant les mesures d’aseptie, l’injection est fortement à risque de transmission du VIH (Virus de l’Immunodéficience Humaine) et plus encore du VHC (Virus de l’Hépatite C)14Respadd. Livret d’information sur le chemsex.. Par ailleurs, «s’agissant des pratiques sexuelles, un certain nombre de conduites à risque sont rapportées (pénétration anale non protégée, partage de sex toys) exposant les personnes à de possibles contaminations infectieuses», rapporte l’étude APACHES15CREAI-ORS Occitanie. Le phénomène «chemsex» en Occitanie. Rapport d’étude (mars 2019). En outre, certaines pratiques sexuelles peuvent être à l’origine de lésions et de saignements qui augmentent également le risque infectieux. Ainsi, le réseau Respadd préconise un dépistage du VIH et du VHC tous les trois mois chez les adeptes du chemsex16Respadd. Livret d’information sur le chemsex.. Le rapport «Chemsex» conclut en effet «qu’en dehors des risques et des dommages propres à chaque produit, qu’ils soient somatiques, psychologiques/psychiatriques ou addictifs, une attention particulière doit être portée sur la prévention des ISTIST Infections sexuellement transmissibles. et du VHC»17Benyamina, A. Rapport « Chemsex » pour le Ministre de la Santé (2022).
FR-VHCV-210191-06/2022