On le savait déjà, la crise sanitaire de ces trois dernières années a provoqué une crise du dépistage du VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. et des ISTIST Infections sexuellement transmissibles. L’urgence —réelle— du covidCovid-19 Une maladie à coronavirus, parfois désignée covid (d'après l'acronyme anglais de coronavirus disease) est une maladie causée par un coronavirus (CoV). L'expression peut faire référence aux maladies suivantes : le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) causé par le virus SARS-CoV, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) causé par le virus MERS-CoV, la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) causée par le virus SARS-CoV-2. a éloigné les personnes qui auraient dû y avoir recours du diagnostic. Les chiffres de 2020 étaient déjà inquiétants et ceux de 2021 ne suffisent visiblement pas à nous rassurer, malgré quelques bonnes nouvelles. Compte-tenu de l’augmentation régulière des personnes atteintes observée depuis plusieurs années, ces données suggèrent un déficit de dépistage en 2021 par rapport aux chiffres attendus.
Dépistage du VIH : le niveau de 2019 non atteint
Selon les données de l’assurance maladie, extraites par Santé publique France en mai 2022 et présentées par Florence Lot, le nombre de personnes ayant bénéficié d’au moins un dépistage dans l’année a ré-augmenté en 2021. C’est une amélioration, après la très forte baisse de 2020, mais ces chiffres n’atteignent pas le niveau de 2019. L’activité de dépistage a diminué de 3% entre 2019 et 2021, et cette baisse concerne plus particulièrement les hommes et les personnes de moins de 25 ans.
Nous ne disposons pas encore de l’estimation du nombre de nouveaux diagnostics pour l’année 2021. (Les données existent mais on besoin d’être corrigées.) Bien que le VIH soit une infection à déclaration obligatoire, la sous-déclaration des nouveaux cas s’est aggravée en 2021. Les chiffres suivants ont donc été produits à partir des données brutes non corrigées.
En 2020, déjà, la baisse du recours au dépistage était plus marquée chez les personnes nées à l’étranger. La part des personnes hétérosexuelles nées à l’étranger avait diminué pour atteindre 33% en 2020 et n’a pas ré-augmenté en 2021. Parallèlement, l’augmentation de la part des hommes nés à l’étranger ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) dans les nouveaux diagnostics a également pris fin.
En terme de précocité, la part des personnes découvrant leur séropositivité à un stade avancé est en légère baisse (27% des cas), mais la part des personnes découvrant leur séropositivité à un stade intermédiaire (ni précoce, ni tardif) est en augmentation à 53% (51% en 2020). Il convient d’être prudent face à ces faibles variations car, toujours selon Florence Lot, il est encore trop tôt pour mesurer l’impact total du Covid sur la précocité des dépistages du VIH.
Enfin, le taux de positivité relevé dans les CeGIDDCeGIDD Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) des infections par les virus de l'immunodéficience humaine, des hépatites virales et des infections sexuellement transmissibles. Ces centres remplacent les Centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) depuis le 1er janvier 2016. en 2021 pour le VIH est un peu plus élevé qu’en 2020, quelle que soit la population considérée. Il pourrait s’agir des diagnostics non faits en 2020. Notons que le taux de séropositivité le plus important est trouvé chez les personnes trans infectées lors de rapports sexuels, avec 1,41%.
En 2021, 56% (données provisoires) des CeGIDD ont participé à la surveillance SURCeGIDD de recueil de données individuelles sur les personnes consultant (anonymisées, bien sûr). C’est mieux qu’en 2020 (50%), mais la participation varie beaucoup selon les régions, avec 100% en Martinique ou à la Réunion, mais seulement 26% en Île-de-France.
Si on compare ces chiffres 2021 avec les chiffres de 2020, on constate une augmentation des consultations CeGIDD chez les moins de 18 ans, ainsi que chez les HSHHSH Homme ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes. Les deux motifs les plus avancés sont une exposition à un risque et un dépistage de routine, et la part des rendez-vous pour initier une PrEPPrEP Prophylaxie Pré-Exposition. La PrEP est une stratégie qui permet à une personne séronégative exposée au VIH d'éliminer le risque d'infection, en prenant, de manière continue ou «à la demande», un traitement anti-rétroviral à base de Truvada®. a augmenté entre 2020 et 2021.
Un dépistage insuffisant chez les HSH participant aux enquêtes ERAS
L’analyse des enquêtes ERAS 2017-2019-2021 présentée par Annie Velter pendant ces mêmes journées apporte aussi des informations sur le niveau de dépistage du VIH dans les 12 derniers mois chez les hommes, en majorité gay, participant à ces enquêtes. Respectivement, sur ces trois années, le pourcentage de personnes déclarant avoir réalisé un test dans la dernière année est de 62%; 67% et 62%, ce qui est très insuffisant. C’est également une tendance inquiétante, que l’on ne peut pas mettre totalement sur le dos du Covid. Lorsque l’on compare les usagers de PrEP et ceux qui ne l’utilisent pas, toujours en termes de nombre de tests VIH par an, seuls les Prépeurs déclarent une pratique du dépistage conforme au niveau des recommandations nationales de la HAS, soit quatre tests VIH par an, contre 2 tests par an pour les non PrEPpeurs.
Dépistage des IST bactériennes : le niveau de 2019 légèrement dépassé
Entre 2019 et 2020, la baisse du recours au dépistage pour les chlamydiae (-6%) avait été moins marquée que pour le VIH. En 2021; on observe une légère augmentation générale du recours au dépistage entre 2019 et 2021, avec +4% de personnes ayant bénéficié d’au moins un dépistage.
Ce différentiel est plus important chez les hommes (+8%) et chez les moins de 25 ans (+7%).
Pour les dépistages d’infection à gonocoque et de la syphilis, la tendance est également à la légère augmentation, avec respectivement +6% et +3% entre 2019 et 2021.
En ce qui concerne le taux de positivité observé en CeGIDD en 2021 pour ls IST bactériennes, on observe des taux stables ou légèrement inférieurs à 2020 qui a été observé selon les populations exposées. Les taux généraux sont de 6,4 pour les chlamydiae, 3,6 pour les gonocoques, et 0,8 pour la syphilis.
Toutes ces données confirment l’impact du covid-19Covid-19 Une maladie à coronavirus, parfois désignée covid (d'après l'acronyme anglais de coronavirus disease) est une maladie causée par un coronavirus (CoV). L'expression peut faire référence aux maladies suivantes : le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) causé par le virus SARS-CoV, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) causé par le virus MERS-CoV, la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) causée par le virus SARS-CoV-2. sur les chiffres du dépistage en 2020-2021. Reste désormais à savoir comment l’enquête LaboVIH 2021 corrigera ces données et quelles tendances émergeront alors. Dans tous les cas, on peut déjà observer une diminution du recours au dépistage de la part des personnes nées à l’étranger infectées de lors rapports hétérosexuels et un arrêt de l’augmentation du recours au dépistage chez les HSH nés à l’étranger.
Encore une fois, malheureusement, il faut donc répéter l’importance de re-mobiliser largement sur le dépistage du VIH et IST dans les mois et les années à venir.