La situation exceptionnelle de ce patient avait déjà été présenté à la CROI 2019. Cet homme séropositifSéropositif Se dit d’un sujet dont le sérum contient des anticorps spécifiques dirigés contre un agent infectieux (toxo-plasme, rubéole, CMV, VIH, VHB, VHC). Terme employé, en langage courant, pour désigner une personne vivant avec le VIH. identifié depuis dans un portrait du New York Times comme étant Adam Castillejo, a subi une greffe de moelle osseuse pour traiter un lymphome à l’aide de cellules souches d’un donneur porteur d’une mutation génétique sur le co-récepteur CCR5. Cette mutation, CCR5Δ32, présente chez environ 1% de la population mondiale, confère à ses porteurs une résistance quasi-totale à l’infection par le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi.
Plus précisément, Adam Castillejo, infecté par le VIH-1, a donc été allogreffé avec un donneur homozygote CCR5Δ32, sans irradiation corporelle, pour un lymphome de Hodgkin au stade 4B résistant aux multiples chimiothérapies. Son nadirNadir Chiffre indiquant la valeur minimale enregistrée de la charge virale ou des CD4. de CD4 était de 290/mm3 et la charge viraleCharge virale La charge virale plasmatique est le nombre de particules virales contenues dans un échantillon de sang ou autre contenant (salive, LCR, sperme..). Pour le VIH, la charge virale est utilisée comme marqueur afin de suivre la progression de la maladie et mesurer l’efficacité des traitements. Le niveau de charge virale, mais plus encore le taux de CD4, participent à la décision de traitement par les antirétroviraux. initiale avant traitement était à 180 000 copies/ml.
Son traitement antirétroviral (TDF/FTC/EFV) avait débuté en 2012 avec une sélection ultérieure de mutations de résistance aux INTIINTI Les inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse du VIH ou INTI, sont des composés de synthèse utilisés dans le traitement du VIH et des hépatites. Son traitement a été modifié lors de sa chimiothérapie pour l’association TDF/FTC/RAL puis en RPV/3TC/DTG lors de l’allogreffe de moelle. Le traitement antirétroviral a ensuite été interrompu au bout de 17 mois après l’allogreffe et la reconstruction par le corps du patient d’un tout nouveau système immunitaire.
Pas de traces du VIH 30 mois après
A l’occasion de la CROICROI «Conference on Retroviruses and Opportunistic Infections», la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes annuelle où sont présentés les dernières et plus importantes décision scientifiques dans le champs de la recherche sur le VIH. 2020, le professeur Ravindra Gupta (University College London), a présenté les dernières données concernant ce cas dans une étude publiée dans The Lancet. Lors de son dernier test réalisé 30 mois après l’arrêt des antirétroviraux le 4 mars 2020, la charge virale plasmatique d’Adam Castillejol était toujours indétectable (la limite de détection du test était d’une copie par ml d’ARN du VIH). Depuis qu’il a arrêté le traitement il y a 2 ans et demi, les chercheurs n’ont pas trouvé trace de VIH fonctionnel dans son sang, son sperme, ses ganglions lymphatiques (aisselle) ou son liquide céphalorachidien. Les biopsies intestinales n’ont montré aucun ADN du VIH dans les échantillons rectaux, dans le côlon sigmoïde ou dans l’intestin grêle.
Un modèle mathématique permet aux chercheurs d’estimer que la possibilité qu’il s’agisse d’une «rémission à vie» est de 99% si au moins 90% des CD4 conservent la mutation CCR5Δ32 du donneur. Et lors du dernier test d’Adam Castillejol, le chimérisme était maintenu dans 99% des cellules concernées. Pour le Pr Ravindra Gupta, cette situation signifie presque certainement qu’Adam Castillejol a rejoint Timothy Brown, plus connu sous le nom de «patient de Berlin», en tant que deuxième personne à être guéri de son infection par le VIH. Timothy Brown vit maintenant depuis 13 ans sans le VIH.
Rappelons qu’au delà du formidable intérêt scientifique de cette annonce, la situation exceptionnelle des personnes traitées rend impossible la généralisation de ce type de procédure à haut risque auprès des personnes vivant avec le VIH n’ayant pas besoin d’un traitement contre ce type de cancer.