Guérison fonctionnelle du VIH: un 3e cas grâce à une greffe de moelle

Un troisième cas de guérison fonctionnelle du VIH a été présenté à l’occasion de la CROI 2023, renforçant une nouvelle fois les espoirs de la communauté thérapeutique internationale d’arriver un jour à une cure durable.

Et de 3. Une étude dévoilée à la CROICROI «Conference on Retroviruses and Opportunistic Infections», la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes annuelle où sont présentés les dernières et plus importantes décision scientifiques dans le champs de la recherche sur le VIH. 2023 propose de nouvelles perspectives thérapeutiques en matière de «cure»: Le consortium IciStem a en effet présenté à la communauté scientifique un nouveau cas de probable guérison du VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. suite à une greffe de moelle osseuse issue d’un donneur portant la mutation génétique CCR5Δ32 du co-récepteur CCR5 du VIH, connue pour protéger naturellement du VIH.

Pour autant, comme face à chaque cas de guérison fonctionnelle du VIH, il faut garder la tête froide:  Quarante ans après la découverte du virus responsable du sidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. en 1983, et alors que plus de 38 millions personnes vivent dans le monde avec le VIH, ce patient n’est que le 3e cas de guérison du VIH décrit dans le monde, après le patient de Berlin en 2009 et le patient de Londres en 2019.

Après avoir subi une greffe de cellules souches pour traiter sa leucémie, cet homme, suivi à Düsseldorf, a vu son traitement antirétroviral suspendu sous surveillance. Quatre ans après, les chercheurs n’ont trouvé dans leurs analyses aucune particule virale, aucun réservoir viral activable, et aucune trace de réponse immunitaire contre le virus dans son organisme. C’est ce qui permet aux chercheurs de parler de guérison, ou de rémission fonctionnelle : ce patient est considéré guéri et le VIH éliminé de son organisme. 

Plus de 5 ans après la greffe, et après avoir traversé diverses complications, le patient s’est stabilisé. «On sait que le virus du VIH a pour cible les cellules du système immunitaire. Lors d’une greffe de moelle osseuse, les cellules immunitaires du patient sont ainsi remplacées intégralement par celles du donneur, ce qui permet de faire disparaitre l’immense majorité des cellules infectées», explique Asier Sáez-Cirión, responsable de l’unité Réservoirs viraux et contrôle immunitaire à l’Institut Pasteur, et co-principal auteur de l’étude. Le Dr. Björn Jensen, de l’hôpital universitaire de Düsseldorf qui a mené l’étude a ajouté: «le processus de greffe a vidé le réservoir viral et le transfert de la résistance au VIH des cellules du donneur au patient empêche les virus qui pourraient être encore présents de se propager.»

Une stratégie thérapeutique de dernier recours

Cependant, la stratégie décrite dans cette étude est très agressive et n’est pas étendable à la majorité des patients séropositifs. La greffe utilisée, celle de cellules souches, ne s’applique qu’aux personnes souffrant d’une maladie du sang très grave, faisant face à une absence d’alternative thérapeutique. Pour la très grande majorité des personnes vivant avec le VIH, le contrôle du virus via un traitement antirétroviral efficace représente actuellement la meilleure et la plus efficace solution thérapeutique.

Le consortium international IciStem regroupe l’équipe d’Asier Sáez-Cirión à l’Institut Pasteur (France), l’hôpital universitaire de Düsseldorf (Allemagne), l’université d’Hambourg (Allemagne), l’université d’Utrecht (Pays- Bas) et l’Institut de recherche sur le sida IrsiCaixa (Espagne). 

Bibliographie

In-depth virological and immunological characterization of HIV-1 cure after CCR5Δ32/Δ32 allogeneic hematopoietic stem cell transplantation, Nature Medicine, 20 février 2023
Björn-Erik Ole Jensen , Elena Knops, Leon Cords, Nadine Lübke, Maria Salgado, Kathleen Busman-Sahay, Jacob D. Estes, Laura E. P. Huyveneers, Federico Perdomo-Celis, Melanie Wittner, Cristina Gálvez, Christiane Mummert, Caroline Passaes, Johanna M. Eberhard, Carsten Münk, Ilona Hauber, Joachim Hauber, Eva Heger, Jozefien De Clercq, Linos Vandekerckhove, Silke Bergmann, Gábor A. Dunay, Florian Klein, Dieter Häussinger, Johannes C. Fischer, Kathrin Nachtkamp, Joerg Timm, Rolf Kaiser, Thomas Harrer, Tom Luedde, Monique Nijhuis, Asier Sáez-Cirión, Julian Schulze zur Wiesch, Annemarie M. J. Wensing, Javier Martínez-Picado & Guido Kobbe.