En juin 2018, plus de 10 000 personnes étaient entrées dans un protocole de PrEPPrEP Prophylaxie Pré-Exposition. La PrEP est une stratégie qui permet à une personne séronégative exposée au VIH d'éliminer le risque d'infection, en prenant, de manière continue ou «à la demande», un traitement anti-rétroviral à base de Truvada®. le nombre le plus élevé pour un pays européen à l’époque (Hayes et al., Euro Surveill 2019). L’augmentation du nombre de nouveaux utilisateurs mensuels s’accélère, passant de + 520 au début 2018, à + 850 au 1er semestre 2019.
Rappelons que le protocole de PrEP est une méthode de prévention du VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. qui consiste à prendre une combinaison d’antirétroviraux (Truvada® ou génériques) tout en bénéficiant d’un suivi médical incluant le dépistage régulier des infections sexuellement transmissibles.
Un profil d’utilisateurs très uniforme
Ces chiffres confirment que le profil des utilisateurs est très uniforme : ce sont principalement des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), âgés de 37 ans en moyenne et résidant en Île-de-France ou dans une grande métropole, une population très exposée au VIH.
Ainsi, 45% des utilisateurs résident en Île-de-France, 72% vivent dans une ville de plus de 200 000 habitants mais seulement 1,3% dans un département ou une région d’Outremer. Concernant le niveau de ressources, le seul indicateur à disposition dans ces données est le recours à la CMU-Complémentaire, qui concerne seulement 7,3% des personnes, suggérant que les utilisateurs ne sont en majorité pas précaires.
Ce profil d’utilisateurs se retrouve dans l’enquête Rapport au sexe 2019 (ERAS) d’Annie Velter. Parmi les répondants à l’étude menée en ligne, l’utilisateur de PrEP a un âge médian de 38 ans, a fait des études supérieures (plus de 80%), réside en région parisienne (40%) et considère avoir une situation financière « aisée, confortable » (65,2%).
Conformément aux conditions de prescription, l’initiation de la PrEP est très majoritairement effectuée à l’hôpital, dans 90% des cas, les 10% restant provenant des CeGIDDCeGIDD Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) des infections par les virus de l'immunodéficience humaine, des hépatites virales et des infections sexuellement transmissibles. Ces centres remplacent les Centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) depuis le 1er janvier 2016. non hospitaliers. Le renouvellement, dans 85% des cas, est également effectué majoritairement à l’hôpital.
La grande majorité (80 à 85%) des utilisateurs renouvellent leur traitement d’un semestre à l’autre, suggérant un bon niveau de maintien de la PrEP après son initiation. Près de 95% des utilisateurs d’un semestre avaient utilisé la PrEP au semestre précédent.
Ces données soulignent donc à la fois l’intérêt croissant pour la PrEP et la nécessité de mieux la faire connaître et diffuser auprès de toutes les personnes qui pourraient en bénéficier : l’ensemble de la population d’HSH très exposés en France est estimée entre 32 000 et 50 000 personnes, ce qui indique une grande marge de progression dans la diffusion auprès de cette population. Surtout, reste à la rendre accessible aux femmes, aux plus jeunes, aux personnes moins riches et à celles vivant hors des grands centres urbains.
D’où viennent ces chiffres ?
Ces chiffres ont été communiqués par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida. L’agence réalise depuis 2017 un suivi de l’évolution de l’utilisation du Truvada® et de ses génériques pour une prophylaxie pré-exposition au VIH à partir des données du Système national des données de santé (SNDS).
Les utilisateurs de PrEP ont été identifiés dans ces données, en tant que personnes ayant eu un remboursement de Truvada® ou de l’un de ses génériques non associé à d’autres antirétroviraux et non infectées par le VIH (pas d’affection longue durée ou d’hospitalisation pour le VIH, pas d’acte de biologie médicale lié au suivi du VIH et pas de traitement antirétroviral régulier).