Améliorer la rétention dans les soins des PVVIH : expérience de la fondation Elisabeth Glaser en Côte d’Ivoire.
N’goran Kouadio Marc, Abidjan, Côte d’Ivoire
Le projet Djidja a été implanté d’octobre 2011 à mars 2017 dans 106 sites (16 districts de 4 régions sanitaires différentes) de Côte d’Ivoire, dans l’objectif de soutenir le Programme National de Lutte contre le SidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. (PNLS) pour la production de services de qualité.
En 2011, on constatait en Côte d’Ivoire un taux de rétention très faible pour les patients mis sous traitement antirétroviral (54% à 12 mois) : afin d’améliorer ce chiffre, une stratégie de suivi actif des cohortes a été mise en place 2014.
L’organisation est assez simple et efficace : les datamanagers fournissent une liste hebdomadaire des patients suivis et sous ARV, avec les noms des personnes qui ne sont pas venues renouveler leur traitement comme cela avait été convenu. Les patients sont alors classés en « suivi actif », « transféré », « décédé » , « arrêt des ARV » et « perdu de vue ». Les chefs de programmes se chargent alors de répartir le travail auprès des travailleurs communautaires formés dans le cadre du programme et des soignants pour rechercher les personnes, soit par contact téléphonique, soit par visite à domicile
Pour les 27 010 patients mis sous traitements dans les programmes soutenus par la fondation Elisabeth Glaser, entre octobre 2013 et mars 2017, la « rétention à 1 mois » s’est améliorée en passant de 62% à 92% 2017. Le taux de perdus de vue à un an chute de façon importante, de 28% à 2% entre les deux périodes.
La mise en œuvre de cette surveillance permet de réduire significativement les perdus de vue et répose essentiellement sur l’engament des prestataires et de la communauté. La charge de travail est néanmoins importante, du fait de la surveillance de données d’une part et de la recherche active des perdus de vue par les travailleurs communautaires d’autre part.
Améliorer le dépistage des enfants infectés par le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. au Zimbabwe
Dr Angela Mushavi Zimbabwe
La prévalencePrévalence Nombre de personnes atteintes par une infection ou autre maladie donnée dans une population déterminée. de l’infection par le VIH au Zimbabwe est de l’ordre de 13.7% chez les > 15 ans et 1.33 millions de personnes vivent avec e VIH. Elle est de 1.6% chez les 0-14 ans, soit un peu moins de 73 000 enfants, dont 91 % sont sous ARV. La recommandation nationale est de dépister tous les enfants entrant en contact avec le système de soins, mais cela n’est pas fait en pratique. Par ailleurs, la faible population d’enfants non diagnostiqués ne rend pas coût-efficace un vaste dépistage généralisé dans cette situation. Seize structures de soins dans 2 districts ont été sélectionnées pour une étude pilote.
L’algorithme de screening consiste en une série de questions permettant d’orienter vers le dépistage : l’enfant a-t-il déjà été hospitalisé, a-t-il eu des problèmes cutanés, les parents sont-ils décédés, a-t-il eu des problèmes de santé dans les 6 derniers mois, et pour les adolescents une histoire d’IST. A partir du moment où la réponse est positive a au moins une des questions, le test de dépistage doit être proposé.
Sur 18 000 enfants vus dans les structures de soins pendant la période d’étude, 1 167 ont été screenés (soit 6% seulement) ; le nombre de tests pour dépister un enfant séropositifSéropositif Se dit d’un sujet dont le sérum contient des anticorps spécifiques dirigés contre un agent infectieux (toxo-plasme, rubéole, CMV, VIH, VHB, VHC). Terme employé, en langage courant, pour désigner une personne vivant avec le VIH. passe de 17 avant l’intervention à 14 après. Avec un test sans screening, le taux de positivité est de 5.4%, il est de 11.8% avec le screening chez les 4-19 ans.
Les soignants (90%) qui utilisent le screening le trouvent acceptable, mais le screening est finalement peu réalisé (9 jours par mois en moyenne) et est souvent vu essentiellement comme une charge de travail supplémentaire.
Evaluation de l’Apprentissage du VIH et du Traitement Antiretroviral chez les Enfants et Adolescents Infectes par le VIH a L’Hopital Laquintinie de Douala, Cameroun
Loic Ardin Boupda, Douala, Cameroun
La rétention dans les soins est encore moins bonne chez les enfants et adolescents en Afrique que celle des adultes. L’école thérapeutique vise dans ce cas à améliorer la qualité de vie des enfants/ado. Une étude transversale descriptive a été mise en place de février à mai 2017 chez les enfants/ados suivis au CH de Laquintinie (cohorte d’un peu moins de 500 enfants) : 216 enfants ont été screenés sur les critères d’être sous traitement et de disposer de deux résultats de charge viraleCharge virale La charge virale plasmatique est le nombre de particules virales contenues dans un échantillon de sang ou autre contenant (salive, LCR, sperme..). Pour le VIH, la charge virale est utilisée comme marqueur afin de suivre la progression de la maladie et mesurer l’efficacité des traitements. Le niveau de charge virale, mais plus encore le taux de CD4, participent à la décision de traitement par les antirétroviraux. et 198, âgés de 14+/- 3 ans ont pu être inclus dans l’étude.
Un peu plus de la moitié (56%) des enfants connaissaient parfaitement leur statut, 44% avait une information partielle. A la fin de l’école thérapeutique, 100% des enfants connaissaient leur statut. Le niveau d’acquisition des connaissances était satisfaisant chez un peu plus de 2/3 des enfants (67%). Les participants à l’ETP (entretiens individuels et rencontres collectives) ont enregistré les meilleurs taux de CV indétectable (55,5%) comparé à ceux qui participaient uniquement aux entretiens individuels (50 %).
Validation de l’OraQuick™ en au sein des populations-clés Namibie
Hamunime Ndapewa, ministère de la santé, Namibie
Pour la réalisation de grandes campagnes de dépistages, la moindre sensibilité du test OraQuick™ (oral) par rapport à ses concurrents (sur sang total) pose question, et jusqu’à 10% des personnes positives testées pourraient être considérées comme séronégatives. Les spécificités et sensibilités annoncées par le fabricant sont respectivement de 99.9 % et 91.7%. Néanmoins, le côté pratique et l’acceptabilité du test en font un bon outil potentiel.
Dans le cadre du « Demonstration Project » vers les populations clés en Namibie, les spécificités et sensibilités de l’autotest OraQuick™ ont été évaluées de façon ciblée. Les résultats ont été comparés à l’algorithme de tests rapides du pays et à un test ELISA de 4ème génération : 457 personnes ont été testées, 8.1% étaient positives avec l’OraQuick™ (qu’il soit lu par le patient ou par un agent de santé entrainé), 8.3% avec les tests rapides de l’algorithme national et 8.9% avec l’ELISA.
Dans cette population, la spécificité de l’OraQuick™ est donc de 100% et la sensibilité de 92.5%. Ce test pourrait donc être utilisé comme un test de « triage » et sa place va être définie dans la stratégie nationale namibienne.
Ces chronique de l’ICASA 2017 ont été réalisées et publiées en intégralité par Cédric Avrieux sur le site du COREVIH-Bretagne. Nous les republions ici avec l’aimable autorisation de l’auteur.