On le sait, depuis quelques années, les jeunes de moins de 25 ans sont particulièrement exposés face au VIH. Si on regarde les chiffres chez les plus jeunes depuis 2003, les adolescentes sont le plus touchées dans le groupe des 15-17 ans. Les deux tiers des 524 découvertes de séropositivité sur cette période concernent des jeunes filles (68%), majoritairement nées à l’étranger et via des rapports hétérosexuels. Dans le tiers de garçons restant, les jeunes HSH sont là aussi très exposés, puisqu’ils représentent 49% des découvertes. Et en France, depuis 2003, le nombre de découvertes de séropositivité VIH a plus que doublé chez les jeunes hommes ayant des rapports avec d’autres hommes ( HSH ) de 15 à 24 ans.
L’avis suivi de recommandations rendu public aujourd’hui est une réponse à ces chiffres inquiétants, à la demande conjointe de madame Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé et de madame Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale et l’Enseignement supérieur. Dans cet avis, le CNS recommande de «faire de la lutte contre les IST chez les jeunes une priorité des politiques publiques de promotion de la santé, notamment à travers la Stratégie nationale de santé sexuelle en cours d’élaboration». Les actions nécessaires doivent être entreprises localement, avec l’aide des relais régionaux (ARS et rectorats):
– au sein du système éducatif, le CNS propose d’améliorer les conditions actuelles d’enseignement de l’éducation à la sexualité, et d’affirmer le rôle de l’école et des professionnels de santé (médecins et infirmières scolaires) qui y travaillent, à l’égard des vaccinations des adolescents comme de l’accès aux préservatifs et aux dépistages ;
– dans le domaine de la santé, les jeunes doivent accéder plus facilement aux opérateurs publics (CeGIDD et CPEF) dont ils ignorent souvent les actions et les outils ; par ailleurs, l’activité des médecins généralistes dans ce domaine doit être mieux suscitée, reconnue, valorisée (aussi bien par les ARS que par la CNAMTS) et coordonnée à l’échelon des territoires : ils sont, en effet, un des acteurs privilégiés de la politique publique de lutte contre les IST chez les jeunes ; enfin, l’offre dématérialisée de prévention et de dépistage, dont l’auto-prélèvement pour le dépistage des IST, doit être développée;
– au-delà de ces deux secteurs-clés, le CNS souligne l’importance de renforcer le rôle de différents dispositifs en direction des jeunes dans les domaines des addictions, des problèmes psycho-sociaux, des questions relatives à l’insertion socio-professionnelle, et de l’accompagnement des jeunes sous main de justice. Ces dispositifs permettent d’atteindre des jeunes souvent exposés à un risque accru d’IST et représentent des opportunités de repérage et d’accompagnement vers des actions spécifiques de prévention ou de dépistage en coordination avec le système de soins.
Enfin, le conseil appelle à ne pas négliger «la formation des professionnels de santé et de l’éducation à la lutte contre les IST et à la santé sexuelle, notamment dans le cadre du développement professionnel continu» et à renforcer l’offre vaccinale contre les IST, en particulier le VHB et le HPV, y compris chez les jeunes garçons.